19 Janvier 2019
Nous voici donc à l'acte X de l'odyssée des « gilets jaunes ». De même que Méphisto dans le Faust de Gounod regrette que la voisine soit « un peu mure », de même, à l'égard d'un mouvement de protestation qui avait ma sympathie à ses débuts je commence penser que la séquence est un peu longue et à éprouver de l'agacement, en attendant que, peut-être il dégénère en exaspération, pas seulement pour moi, mais pour beaucoup d'autres. Je n'ai pas voté pour Macron, et n'ai pas l'intention de me rallier à son panache, mais pour un peu ces « gilets » me pousseraient dans ses bras, et il n'est pas sûr que pour beaucoup ils n'y parviennent. Les « gilets » ? ou ceux qui désormais les cornaquent.
Cet épisode turbulent de la vie politique où nous sommes embarqués, m'intéresse beaucoup cependant à certains égards, notamment en ce qui concerne certains vices traditionnels des sociétés qui, - cela nous était promis par « les lumières », - devaient disparaître sous la diffusion du savoir, diffusion elle-même accélérée par les progrès corrélatifs des techniques. Grâce à toutes ces techniques, le nouveau monde devait faire disparaître les mondes paysans et immémoriaux des sociétés de plouqueries ignorantes naïves et manipulables à souhait. Plus de manipulations possibles dans un monde qui serait éclairé et instruit, à l'abri de tout « enfumage ».
Certains, dont je suis, ne croient pas à ces bobards, pas plus d'ailleurs que ceux qui les diffusent. La crise en France devrait intéresser ceux qui travaillent sur les médias, leur influence, et la matière que visent ces propriétaires, c'est à dire le grand public ( les « larges masses populaires » comme disaient les communistes, naguère encore ?) La radio, l'invention du transistor, de la télévision ont manifesté leur puissance d'influence. La plus récente étape du « progrès », la quasi mondialisation d'internet, sur laquelle il est convenu de s'extasier révèle aussi dans l'universel « mouvement », un élément permanent : l'extraordinaire malléabilité de l'être humain, sa non moins grande influençabilité et sa soumission massive, quel que soit le milieu social, aux caprices de la mode. Cela est parfaitement évident dans le déroulement de la « fête » des GJ. De gros poissons ont vu l'opportunité d'utiliser le « mouvement », - à l'égard duquel il n'éprouvait par ailleurs nulle sympathie particulière -, pour tester le pouvoir des réseaux sociaux qu'ils contrôlent même quand ces réseaux affectent de les haïr, car enfin pas de réseaux sans internet, et qui contrôle internet ?
Dans l'enlisement de la crise en France actuellement, je note l'influence des « réseaux ».
Je la constate notamment par le nombre important de messages que je reçois, lettres, articles, liens vidéo, etc, etc. Ici, c'est un homme politique d'ailleurs sympathique qui nous dit que Macron est un nul et que lui, ferait bien mieux l'affaire. Là c'est une nonagénaire, filmée par un « médium », qui a connu la guerre, et qui affirme que Macron c'est la gestapo, rien de moins. Là je dis c'est TROP ! C'est la voie actuelle privilégiée de la vieille « rumeur », dont la nuisance a toujours été dénoncée par tout ce qui tente de penser et réfléchir.
En ce moment en France c'est le triomphe de la rumeur, qui de bouche en bouche, d'écran TV en écran TV – ou d'ordinateur - est portée. Il y aurait toute une éducation à faire pour luter contre le phénomène. Lutter, oui, mais éradiquer ? Ne rêvons pas. L'être humain est un être crédule, qui d'ailleurs aime être bercé par l'illusion, - notamment celle qui lui chante que ceux qu'il jalouse ou/et hait , sont pires que lui.
Moi qui voudrait que M. Macron soit battu aux élections de 2022, je ne veux pas qu'il démissionne maintenant . Car ce serait porter un coup mortel à un des aspects les plus positifs de la Constitution de la cinquième République, l'importance décisive de l'autorité du président élu pour cinq ans. Sa démission maintenant serait une défaite des institutions, une prime donnée aux coups de force contre l'Etat de droit, une prime donnée aux groupuscules extrémistes habituels, qui pour paralyser le pays créeraient après chaque nouvelle élection de nouvelles opérations « GJ ». Et cela sous l'impulsion de gens qui sont peut-être bien plus manipulés qu'ils ne le croient, par les fameux groupes de pression financiers qui ne considèrent pas plus Macron que ses adversaires, et qui, par le biais de « la machine » ( voir la série remarquable des films Matrix ), n'a pour ambition que le parfait contrôle des particules élémentaires ( humaines ?) sans religion, sans Dieu.
Peut-on échapper, ne serait-ce qu'un instant à la « machine ».
Nous sommes nombreux ces jours-ci à utiliser le mot « enfumage ».
Il est clair aux yeux de certains que selon l'effet de mode (mais la mode est aussi ce qu'il y a de plus fugace) l'enfumeur c'est Macron. Peut-être, peut-on poser aussi d'autres questions. Par exemple : qui enfume qui ?
Par souci d'honnêteté, certes. Mais aussi, ce qui est encore plus important … d'intelligence.(Le Scrutateur).