15 Novembre 2018
Dans la grisaille actuelle de la politique française, certains acteurs font les clowns, et certains pensent, qu'involontairement François Hollande et son ex font ce qu'ils peuvent pour mettre un peu de fantaisie pour distraire le bon peuple.
Mais ceux qui connaissent bien les deux zigs ( particulièrement les anciens socialistes ) savent que se fomente en coulisses, une guerre sauvage entre les deux acteurs de l'ancien couple, qu'ils appellent les Thénardiers ( du nom des sinistres personnages des Misérables de Victor Hugo, couple véreux et vérolés qui connut le châtiment qu'il méritait).
De la guerre qui s'annonce, implacable et féroce, le Figaro de ce jour nous livre quelques préliminaires prometteurs. (LS).
Guerre des EX :
L'un sort son livre au printemps, l'autre à l'automne. L'une confie qu'elle pourrait se présenter à la présidentielle, l'autre annonce qu'il va «revenir»... François Hollande et Ségolène Royal se livrent actuellement une discrète bataille d'influence.
Au PS, c'est retour vers le futur. Les socialistes ont beau avoir vendu Solferino, certaines traces du passé s'accrochent au présent. François Hollande-Ségolène Royal - les «Thénardier», comme les surnomment leurs opposants au sein de l'appareil socialiste - sont de retour et se livrent une discrète bataille d'influence. Un énième épisode d'une rivalité ancienne. Le week-end dernier, à la Foire du livre de Brive, voilà que François Hollande glisse à une lectrice: «Je vais revenir.» Au même moment sur France 2, Ségolène Royal confiait que, «peut-être», son combat pour la planète passerait par une nouvelle candidature à la présidentielle. On se croit revenu avant 2007, quand le couple se chamaillait pour briguer l'Élysée.
«Ils se marquent à la culotte et ont la même stratégie: s'imposer à gauche par l'opinion», observe un pilier du PS. «Ils ont le même culot, celui du déni de leur bilan lors du quinquennat précédent. Et la même détermination: aucun des deux ne doute de soi-même», ajoute cet ancien élu. La confrontation va d'abord avoir lieu dans les librairies. Le livre de François Hollande, Les Leçons du pouvoir (Stock), paru au printemps, a dépassé les 100.000 exemplaires vendus. Celui de Ségolène Royal, Ce que je peux enfin vous dire , connaît un fort démarrage: 16 000 exemplaires en dix jours, selon l'éditeur, Fayard. Dans les sondages, la «Madone» est devenue la personnalité préférée des sympathisants de gauche, selon Elabe et Ifop-Fiducial.
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L'idée que son ex-compagne mène une liste aux élections européennes ne semble pas enthousiasmer l'ancien président. «Je pense qu'elle est particulièrement sincère quand elle dit qu'elle s'interroge», a-t-il lâché du bout des lèvres à l'AFP, tandis que certains de ses proches livrent aux journalistes des commentaires aigres-doux. «Le candidat de cœur de François Hollande, c'était Bernard Cazeneuve», observe un proche.
«D'un tempérament raisonnable, j'avançais à mon pas, quand Ségolène prisait les coups d'éclat et les initiatives audacieuses, cristallisant autour d'elle un phénomène d'opinion»
François Hollande dans son livre Les leçons du pouvoir
L'ancien président de la République a découvert avec surprise la dureté des mots de la mère de ses enfants dans son livre, tant sur le registre politique que personnel. «C'est un réquisitoire contre Hollande!» s'étonne un socialiste.
À l'inverse, dans Les Leçons du pouvoir, François Hollande ménage son ex-ministre de l'Environnement et «sa mission difficile menée avec succès». Quand bien même il ne lui a pas échappé que Ségolène Royal avait très tôt conseillé Emmanuel Macron avant de voter pour lui dès le premier tour sans état d'âme. Des proches des deux ténors se souviennent d'ailleurs du manque d'allant de François Hollande à appuyer la candidature de Ségolène Royal pour un poste onusien qu'elle briguait à la fin du quinquennat.
Remis en selle, l'ancien couple terrible va s'affronter pour s'accaparer les ruines de la gauche et contrer Emmanuel Macron, leur enfant spirituel. Chacun à sa manière. «D'un tempérament raisonnable, j'avançais à mon pas, quand Ségolène prisait les coups d'éclat et les initiatives audacieuses, cristallisant autour d'elle un phénomène d'opinion», écrit François Hollande dans son ouvrage quand il évoque leurs débuts en politique. Plusieurs décennies plus tard, pas grand-chose n'a changé.