28 Novembre 2018
Je n'ai pu, hier, écouter l'intervention du chef de l'Etat dans sa totalité. Ce que j'en ai vu m'a profondément déçu. Emmanuel Macron s'est montré apparemment indifférent au message lancé par les gilets jaunes qui, jusqu'à nouvelle ordre n'ont été récupéré par aucune des forces politiques « organisées » en France. Discours froid, mécanique, du mécanique plaqué sur du vivant. Discours de technocrate, hors sol, ignorant du vécu populaire, et de l'histoire du peuple français. C'est à cela que l'on peut constater le mensonge, électoral, de l'assimilation du candidat Macron hier, à Paul Ricoeur sensé avoir été son mentor. Or si Ricoeur avait été un homme « de gauche », il fut aussi un philosophe authentique, disciple de Gabriel Marcel (« de droite »), et animé d'une flamme authentique, celle de l'humanisme chrétien.
Technocrate disais-je. Mais qu'est-ce qu'un technocrate ?
Le mot technocratie vient de deux mots grecs, technê qui veut dire, métier, procédé, technique, et cratein qui désigne l’acte de commander. La technocratie désigne donc le pouvoir confié à ceux qui détiennent la compétence technique.
Mais ce mot a tendance de plus en plus à qualifier des hommes qui ont perdu le sens du concret et de l’humain, qui considèrent les citoyens, moins comme des personnes humaines que comme des « unités de rendements » selon de mot de G. Marcel, c’est à dire de simples rouages d’une machinerie sociale, rouages dépourvus de leur poids d’humanité. Un rouage obsolète, cela se jette et se remplace, sans autre considération que l’efficacité, « l’efficiency », à l’américaine. Le philosophe Alain a résumé en une formule lapidaire le nouvel état d’esprit. Pour ces dirigeants là, « l’homme n’est que la matière première du pouvoir », Que deviennent les vieux, dans un tel système, les infirmes, les malades incurables ? Dans le roman d’Huxley Le meilleur des mondes, et dans certains régimes totalitaires, ces catégories marginales sont éliminées impitoyablement. Ce qui est absent d’un tel monde c’est la charité chrétienne, l’amour du prochain. Ce que l’on peut reprocher à la technocratie c’est de faire disparaître de la politique, la sagesse, considérée comme une notion dépassée, ringarde.
Peut-être le développement de l’esprit technocratique est-il lié à la prévalence depuis trois ou quatre siècles, ceux de la « modernité », du développement technique, et en même temps au déclin de la sagesse. Comme l’avait compris le grand Rabelais « science sans conscience, n’est que ruine de l’âme ».
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Le Scrutateur.