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16 Septembre 2018
Non seulement tout le monde sait que Maman Brigitte enseignait le théâtre, pas le pilotage, mais tous les pilotes savent qu’il est plus facile de décoller que d’atterrir. C’est peut-être le moment de prévenir la tour qu’il y a un bœuf dans le cockpit.
Quel communicant osera prescrire une longue, très longue, cure de silence au jeune Icare qui se prit un jour pour Jupiter et qui, si souvent ferait mieux... de se taire ?
Michel Richard - La maladie de l'Élysée
Par Michel Richard
Publié le 16/09/2018 à 11:16 | Le Point.fr
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Dieu sait qu'il y aurait à dire et plus encore à redire sur la manière dont l'Élysée a géré et gère encore l'affaire Benalla.
On est même stupéfait que des gens qui ne sont pas des manchots en matière de communication puissent à ce point accumuler les fautes les plus grossières et les plus contre-productives – jusqu'à l'implication de la garde des Sceaux justifiant la non-comparution d'Alexandre Benalla devant la commission d'enquête sénatoriale, avant que celui-ci accepte finalement de se s'y soumettre non sans avoir traité de « nuls » les sénateurs et de « petit marquis » le président de leur commission. Difficile de faire pire.
Lire notre dossier Alexandre Benalla, l'homme qui fait vaciller la macronie
Pour résumer l'histoire, la thèse officielle est celle d'une « dérive personnelle ». Certes. Personne n'a demandé au jeune homme de faire ce qu'il a fait. Mais cette défense est évidemment un peu courte : c'est un système élyséen de fonctionnement (en l'occurrence de dysfonctionnement) qui a permis à Alexandre Benalla d'obtenir impavidement avantages et passe-droits comme si tout lui était permis.
Dès avant même cette affaire, Emmanuel Macron avait déclenché un audit sur l'organisation de l'Élysée tant la gestion des huit cents personnes y travaillant était improvisée et pour le moins anarchique. Depuis quelques jours, donc, un préfet, nommé directeur général des services de la présidence, est chargé de remettre de l'ordre dans la maison.
Mais viendra-t-il à bout de la maladie de l'Élysée ? Cette maladie congénitale de la Ve République qui, visiblement, a contaminé le « nouveau monde » macronien tant elle est le péché originel de notre monarchie républicaine. Comment l'appeler ? C'est une maladie de la peur et de la soumission, qui peut d'ailleurs exister dans n'importe quelle entreprise, mais qui trouve à l'Élysée son expression la plus achevée, c'est-à-dire perverse.
Si Alexandre Benalla a pu satisfaire ses mauvais penchants, c'est parce qu'on le sait proche de Macron et qu'on lui prête un pouvoir que rien d'autre ne justifie à ce point que cette proximité. Elle lui vaut carte blanche. Inutile pour lui de se recommander du président. Ce qu'il dit, ce qu'il veut est censé être dit et voulu par le président.
Pour le défendre, le chef de cabinet de Macron a fait valoir que personne, jamais, ne s'était plaint de lui dans ses missions de reconnaissance précédant les déplacements présidentiels. Quelle blague ! Qui aurait osé ? Il dominait préfets, ambassadeurs, gendarmes et policiers parce que dépositaire d'une onction présidentielle supposée. On ne prête qu'aux proches.
Aucune loi ne viendra à bout de pareils travers, si humains. Seul le roi peut y suppléer en acceptant d'entendre les doléances et avertissements sans que les lanceurs d'alerte y jouent leur carrière.
Contre ses propres débordements et désinvoltures, le pouvoir, à plus forte raison s'il est jupitérien, a besoin d'un système immunitaire. Pas gagné…