31 Juillet 2018
L'affaire Benalla a révélé, peut-être, aux Français l'extrême fragilité du pouvoir actuel en particulier, mais aussi celle ( des ) oppositions.
Celle, prévisible du pouvoir, et pour parler clairement de M. Macron. Le vainqueur de l'élection présidentielle n'avait été élu que par la réussite d'un coup monté contre Fillon, qui n'avait à se reprocher qu'une prétendue faute, à savoir l'utilisation d'une somme d'argent allouée légalement aux parlementaires dont ils pouvaient disposer à leur discrétion, et notamment pour rémunérer leur assistants parlementaires. Fillon en avait disposé pour rémunérer Pénélope son épouse, dont les accusateurs prétendaient qu'elle n'avait pas assuré sa tache.
L'on sait la suite ; une partie du personnel politique LR désertant en pleine campagne, et ralliant le camp macroniste ( Edouard Philipe, et Le Maire sont aujourd'hui les principaux membres de gouvernement ), Fillon demeurant courageusement candidat et obtenant malgré tout 20% des suffrages, devançant même Mélenchon et talonnant Macron.
Aujourd'hui l'opposition est divisée entre la France insoumise et ce qui reste de LR.
Deux oppositions, irréconciliables, sauf pour brailler comme aujourd'hui au Parlement à propos de deux dépôts de motions de censure, toutes deux rejetées au milieu des criailleries et des mouvements de mentons.
La question principale est d'ailleurs autre.
On se croirait revenu au temps de la quatrième République, où le pouvoir exécutif dépendait de coalitions partisanes qui explosaient à peu près tous les quatre mois. C'est la raison pour laquelle le général de Gaulle proposa en 1958 la nouvelle Constitution qui a permis pendant une quinzaine d'années de sortir le pays de l'ornière profonde où il avait versé.
Depuis, le milieu politique retourne à ses querelles gauloises. Réduisant la durée du mandat présidentiel à cinq ans au lieu de sept, on a transformé le chef de l'Etat en chef du gouvernement, on lui a fait perdre de la hauteur en le réduisant au rôle de premier ministre du temps de Michel Debré et Georges Pompidou, alors qu'un chef du gouvernement ( sous Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron ), n'est qu'un homme de la conjoncture, n'assume plus que des taches subalternes. Le président-premier ministre de fait est donc exposé à tous les aléas que subissent les gouvernements quels qu'ils soient, au lieu d'assurer ses taches réellement régaliennes que l'on appelait le domaine réservé ( la politique étrangère par exemple).
Les projets de réforme institutionnelle envisagées actuellement ne peuvent satisfaire que les gens affectés du prurit du changement pour le changement. Cela fait le terreau du souhait mélenchonien d'une sixième République. C'est, semble-t-il, une manie française : reporter les échecs politiciens sur des institutions qu'il faudrait changer pour régler les problèmes. A titre de comparaison : combien de fois la Constitution des USA, vieille de plus de 200 ans, a t-elle été modifiée depuis son origine ?
Dans le désordre actuel le macronisme ne semble pas plus capable de stabiliser la France. Un parti, LaREM, composé de jeunes totalement dépourvus d'expérience pour la plupart et qui n'ont fait illusion, au début, que par la foi en la personne d'Emmanuel Macron, dont le brio incontestable commence à ne plus faire illusion, érodé par sa propre ignorance de la politique concrète, et sa trop grande assurance qui fait penser à de la morgue.
Un seul parti politique, à droite, ( ce qui en reste) est peut-être capable de reprendre les choses en main. Il lui faut un chef. Il lui faut assumer l'union des droites. Mais là aussi le problème n'est pas simple. Les LR peuvent-ils s'entendre avec les gens du RN ( ex FN ) ? le président actuel de ce parti qui se réclame du gaullisme ( dans le discours ! ) déclare devoir se passer du RN. Et de son côté Marine Le Pen prétend agir dans la ligne de son slogan dépassé de l'UMPS, ou actuellement de LRPS. Ce qui est assez difficile à admettre pour des gens qui prétendent faire de la politique et accéder au pouvoir.
Il y a aussi la ligne Dupont-Aignan qui n'est pas négligeable, et qui pourrait servir de pont entre les deux premiers.
Cet enlisements dans nos antiques passions gauloises pour la division est assez décourageante.
Tous ces gens là, ainsi que tous les partisans du « tout ou rien », sont la meilleure chance de rester au pouvoir pour la majorité de centre-gauche du bien décevant Emmanuel Macron.
Le Scrutateur.
Ci-dessous un article du Figaro sur la position de M. Vauquiez sur l'affaire Benalla /
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Volontairement discret depuis le 20 juillet, le patron des Républicains a choisi de laisser les parlementaires s'exprimer. Une stratégie saluée dans les rangs de LR.
Laurent Wauquiez est en vacances en famille. «Il est en congé comme beaucoup de Français, mais ce sont des vacances studieuses», confie son entourage du bout des lèvres. Car en pleine affaire Benalla, le président des Républicains ne souhaite pas donner l'impression d'avoir déserté le champ de bataille, alors que toute l'opposition est montée au créneau ces derniers jours contre l'Élysée.
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La dernière sortie médiatique de Laurent Wauquiez remonte pourtant au 20 juillet dernier, dans nos colonnes. Il y a douze jours, donc, une éternité au vu des multiples rebondissements de l'affaire. À l'époque, le chef de la droite prônait au Figaro que «le vrai scandale» ne se cachait pas dans les violences de l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron lors du 1er Mai dernier, mais bien à «l'Élysée, qui a fait le choix de la dissimulation». Silence radio depuis. «Laurent Wauquiez se fait discret car il préfère prendre de la hauteur. Il laisse les parlementaires sur le devant de la scène pour ne pas tirer la couverture à lui tout seul», justifie la porte-parole du parti, Lydia Guirous.
«Il n'est ni député, ni sénateur. Il fait bien de rester en retrait. Un chef de parti n'a pas à se jeter corps perdu dans chaque bataille»
Bruno Retailleau
Une stratégie saluée par les députés et sénateurs LR. «L'affaire Benalla est devenue une affaire parlementaire, notamment avec les commissions d'enquête», soutient Christian Jacob, le président du groupe à l'Assemblée. «Laurent fait le bon choix en ne cherchant pas à courir derrière tous les ballons. Il reste dans son rôle.» Un point de vue partagé par Bruno Retailleau, chef de file de LR au Sénat. «Il n'est ni député, ni sénateur. Il fait bien de rester en retrait. Un chef de parti n'a pas à se jeter corps perdu dans chaque bataille», soutient-il. «D'autant que l'affaire commence sérieusement à fatiguer les Français. On essaie de l'épargner le plus possible», raconte également le député LR Claude Goasguen.
Au parti, on tient aussi à rappeler que Laurent Wauquiez a été «le premier» à s'exprimer avec «clairvoyance» sur l'affaire Benalla. «Tout ce qu'il a évoqué dans son entretien auFigaros'est révélé vrai par la suite. Il n'a pas besoin d'y revenir. Il a déjà tout dit», note un responsable de l'équipe dirigeante.
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Loin de la vie parlementaire, le patron de la droite n'a cependant rien manqué aux épisodes du feuilleton Benalla. Toute la semaine dernière, il a multiplié les messages via les boucles WhatsApp pour se tenir informé de chaque évolution. Le contact a par ailleurs été quasi permanent avec Christian Jacob, le président du groupe LR à l'Assemblée.
La discrétion de Laurent Wauquiez au cœur de l'affaire Benalla met en lumière la stratégie à laquelle s'attelle le patron de la droite depuis plusieurs mois. Celle de la parole rare. «Laurent Wauquiez ne souhaite pas intervenir à tout bout de champ. Il n'est pas dans la gestion des affaires courantes. Il n'a pas envie que ses paroles se perdent au milieu d'un concert», détaille un cadre du parti. «Pendant que le président de la République descend dans la mêlée, le président des Républicains prend de la hauteur. C'est tout à l'honneur de Laurent Wauquiez», sourit, convaincu, Guillaume Larrivé, député LR et corapporteur de la commission d'enquête parlementaire à l'Assemblée.
«Son retrait permet à d'autres personnalités de la famille politique d'émerger, notamment des parlementaires. C'est positif pour lui et pour l'image du parti», salue également Bruno Retailleau. «Dans les prochaines semaines, prochains mois, on le verra davantage. Il va monter en puissance en vue des élections européennes», promet-on cependant Rue de Vaugirard.
Les européennes. Le sujet s'est invité dans les valises du président des Républicains en congés. Quelle ligne adopter, et avec quelle personnalité en tête de liste? Le patron de la droite devrait trancher ces questions inflammables au sein de sa famille politique d'ici l'automne. Aucun élément de réponse ne devrait survenir cet été. Laurent Wauquiez a prévu de prolonger sa diète médiatique jusqu'au 26 août. Tradition oblige, le patron de la droite effectuera à cette date son annuelle ascension du mont Mezenc à l'occasion de sa rentrée politique.