26 Juin 2018
J'apprécie Philippe Bilger, même quand nos avis divergent, car c'est un honnête homme. Cet ancien magistrat est un homme cultivé, qui aime analyser, davantage qu' excommunier.
Mais honnête ou pas, il a comme tout un chacun, y compris le Scrutateur, ses petits travers, ses petits partis-pris, ses fragilités comme aime à dire, toujours angélique, une de mes amis.
Honnête homme, bon patriote, M. Bilger est aussi un homme de droite, modéré.
Ses qualités, qui ont leur envers, l'ont conduit ces dernières années à quelques erreurs, qu'il a ensuite eut l'humilité de bien vouloir reconnaître.
En 2007, il mit sa science et sa personne au service de Nicolas Sarkozy.
Il mit bien trois mois à prendre ses distances envers ce président qui déçut pas mal de monde.
Dans la foulée, en 2012, il donna son suffrage sans enthousiasme à Hollande.
Là, le soutien dura une semaine, comme on pouvait l'attendre d'un homme honnête.
En 2017, il fut d'abord un supporter de François Fillon. S'il s'en détacha, ce ne fut point par déception envers un programme qui avait ses faveurs ( tout comme pour beaucoup de Français ), mais parce que l'entreprise abjecte de déstabilisation de ce candidat, lui parut insurmontable face à une masse électorale crédule en proie au doute face aux diffamations et coups bas.
Il vota donc pour Emmanuel Macron ( contrairement au Scrutateur qui vota blanc au second tour de la grande élection ).
En souriant, un peu amer, je prédis qu'en trois mois le bon cœur de P. Bilger, céderait devant son intelligence.
Le temps de la guérison a été plus long qu'escompté, mais enfin il s'annonce. L'article qui suit le prouve, évidemment.
Le deuxième article que je propose à la lecture, beaucoup plus polémique, et qu'il faut lire avec un sourire d'intelligence, émane d'un lecteur. Je vous le recommande. Et je sais qu'il vous amusera, et qu'intelligents, ( ce que vous êtes sûrement ) vous séparerez la paille et le grain.
Le Scrutateur.
( http://www.philippebilger.com/blog/2018/06/emmanuel-macron-se-laisse-aller.html )
Après une première année de mandat globalement réussie, sur le fond comme pour la forme, avec des résultats qui tardent à venir sur les plans national et international - mais les effets des meilleures actions ne s'inscrivent jamais dans l'urgence -, il me semble que le président de la République a du mal à retrouver son second souffle.
Non pas que je veuille alimenter les polémiques se rapportant à la vaisselle de l'Elysée et à la piscine de Brégançon. Même le coût élevé de la première est justifié pour l'honneur de la France accueillant ses invités. Et le seconde, hors sol, est d'autant moins scandaleuse que beaucoup de Français n'hésitent plus à bénéficier de ce qui longtemps était apparu pour du pur luxe. Il me semble qu'on peut tolérer que le couple présidentiel, pour lui-même ou sa famille, ne s'exclue pas de cet avantage.
Je suis davantage sensible à d'autres signes plus ou moins profonds.
Longtemps j'ai apprécié que le président de la République adopte un discours de sincérité et de vérité, que ce soit sur le mode officiel ou par foucades improvisées mais à l'évidence révélatrices de sa conviction. J'ai d'autant plus aimé cette articulation mise en oeuvre à plusieurs reprises entre le propos préparé et la parole spontanée que celle-ci, aussi brutale et roide qu'elle puisse apparaître, était pertinente et lucide.
Emmanuel Macron est-il toujours sur cette ligne maîtrisée ou n'est-il pas en train de pâtir d'une déviation dont il se félicite paraît-il ? En effet il aurait été très heureux de la péripétie caractérisée par son verbe plus que familier - pognon de dingue - parce qu'ainsi il aurait été plus proche des Français (Le Canard enchaîné). Quelle piètre image il se fait d'eux pour les imaginer ravis par cette baisse de niveau !
Ce contentement de soi - en général l'assurance qu'il avait de lui-même était adaptée aux forces de sa personnalité et à la tenue de son comportement - est étrange qui valide la première grossièreté présidentielle délibérée car immédiatement rendue publique. J'incline à regretter cette théorisation d'une faute indiscutable. Ce pourrait être le début d'une mauvaise pente.
D'autant plus que le laisser-aller ne s'arrête pas là. Je devine de plus en plus, en effet, comme un abandon à une liberté, à un "jeunisme", à de l'incongruité qui n'a pas le moindre rapport - il faut être juste - avec la vulgarité sarkozyste qui ne se traduisait pas du tout de la même manière. Certes c'était la Fête de la musique et Emmanuel Macron avait décidé, pour la première fois, de la faire célébrer au sein de l'Elysée. Etait-il absolument nécessaire de nous offrir le spectacle du couple présidentiel entouré de danseurs et chanteurs qu'on peut estimer déplacés en ce lieu voire provocateurs, surtout quand on a pris connaissance des paroles scandaleuses de certaines de leurs chansons ? Il ne s'agit pas d'une question de pudeur mais de dignité.
Philippe Bilger.
( II ) Le temps z’a passé : l’heure n’est plus à la réaction à chaud, mais à l’analyse : Par un lecteur du Scrutateur. |
Après la macronnerie, la Jupitérade, l’Élysée pride, la guignorigolade, appelons comme chacun voudra la petite sauterie - l’impromptu, la régalade, rigolade, fantaisie, fantasia, bamboula, guignolité ou n’importe quoi d’autre - qui a animé le faubourg Saint-Honoré, cette manifestation aura au moins prouvé une chose, c’est que - comme disait le grand Jacques Chirac - toutes les cultures se valent. Les Français en sont désormais convaincus. Maintenant, non seulement ils le savent, mais ils en ont la certitude. Comme ils sont fiers de leur président et de la démonstration - ô combien convaincante - qu’il leur en a assénée ! Quelques Français vont plus loin : tous les présidents se valent, pensent-ils même, se demandant pourquoi leurs congénères n’ont pas élu Benoît Hamon ou Bruno Le Maire, deux autres flèches que Marianne avait en son carquois. C’est vrai, quoi ! Entre celui qui se prenait pour un super beau gosse et celui qui se croyait très intelligent, qu’est-ce qui leur a pris d’aller élire un porte-flingue de la confusion des genres qui prétendait restaurer la verticalité de la fonction présidentielle alors qu’en donnant asile à des vers de Troie - qu’il a sans doute pris pour des vers... à soi - il a surtout introduit de la versicalité dans le fruit d’un long travail de mystification. |