14 Avril 2018
Face aux déclarations des acteurs de l'actuel conflit, en présence, qui se répandent en déclarations contradictoires, il importe aux gens « normaux » ( nous simples citoyens ) de rester prudents, mais en éveil. Les flots de la propagande roulent à gros bouillons.
Et il n'est pas défendu de rester froids et lucides. La publication par le Scrutateur des article suivants, se comprend en ce sens. Lisez, écoutez. ( LS ).
I ) Les Etats-Unis ont été en guerre 222 des 239 années de leur existence
II )
Frappes en Syrie: le bilan incertain de la participation francaise |
VOX
Vox Monde
Par Renaud Girard
Mis à jour le 14/04/2018 à 16h48 | Publié le 14/04/2018 à 16h39
DÉCRYPTAGE - La décision d'Emmanuel Macron de participer à l'offensive
américaine et de s'aligner sur la position de Donald Trump possède
quelques avantages, mais de nombreuses questions demeurent selon le
grand reporter du Figaro Renaud Girard.
» Frappes en Syrie: suivez notre direct
S'engager dans un acte de guerre est toujours, pour un chef d'Etat,
une décision grave. Emmanuel Macron n'a sûrement pas décidé à la
légère de faire participer la France à une opération punitive,
principalement américaine, de bombardement de la Syrie, aux toutes
premières heures du samedi 14 avril 2018. Nous n'avons aucune raison
de douter de la sincérité du président français lorsqu'il affirme
détenir des preuves irréfutables que le régime de Bachar al-Assad a
fait, le 7 avril 2018, usage d'armes chimiques, dans son opération de
reconquête d'une banlieue proche de Damas, jusque-là contrôlée par des
unités rebelles islamistes, mais peuplée d'un grand nombre de femmes
et d'enfants.
» LIRE AUSSI - Un an après son élection, Macron enfile le costume du
chef de guerre
La décision de l'Elysée a dû être d'autant plus réfléchie qu'en mars
2003, le président Jacques Chirac avait refusé d'associer la France à
une opération militaire américaine, beaucoup plus vaste, visant une
autre dictature moyen-orientale, l'Irak, accusé (faussement) de
fabriquer clandestinement des armes chimiques et bactériologiques
interdites par les Conventions internationales.
Le chef de l'Etat a donc certainement longuement mûri les conséquences
à court, moyen et long terme de son action de guerre, qu'il a voulu
circonscrite à la seule capacité syrienne alléguée de production
d'armes chimiques.
Quel bilan coûts-avantages pour la France pouvons-nous tirer de sa
participation à l'opération militaire américaine?
Les avantages sont au nombre de quatre:
● La France montre qu'elle poursuit sa politique constante de
bannissement des armes chimiques. Ayant eu à souffrir elle-même il y a
un siècle de l'usage des armes chimiques par son ennemi allemand, la
France a toujours été très impliquée dans les efforts internationaux
de contre-prolifération chimique.
● Les puissances non nucléaires vont sans doute désormais réfléchir à
deux fois avant de se lancer dans la production et l'usage des armes
chimiques. Les puissances nucléaires (Russie, Chine, Inde, Pakistan,
Israël, Corée du Nord) sont bien sûr immunisées face à toutes
injonctions occidentales en ce domaine.
● Si les renseignements parvenus aux armées françaises sont exacts, et
si des stocks d'armes chimiques ont effectivement été détruits durant
le raid, c'est autant qui ne risquera jamais de tomber aux mains des
djihadistes internationalistes infiltrés en Syrie, et de se retrouver
un jour dans le métro de Paris.
» LIRE AUSSI - Syrie: qu'est-ce que le mystérieux Centre chimique
frappé par les alliés?
● Le président français montre qu'il tient parole. Lors de la
rencontre Macron-Poutine du 29 mai 2017 à Versailles, la France et la
Russie s'étaient engagées publiquement à frapper le premier qui
utiliserait des gaz chimiques dans le conflit syrien. Le Pentagone a
plusieurs fois publiquement accusé les groupes islamistes d'avoir eu
recours aux armes chimiques. Les Russes auraient donc dû frapper en
compagnie de la France. Le problème est qu'ils considèrent qu'il
n'existe aucune preuve qu'Assad ait fait usage d'armes chimiques, et
que le dictateur syrien n'avait pas le moindre intérêt à agiter un tel
chiffon rouge devant les Américains.
Mais face à ces avantages, de nombreuses questions demeurent.
● En s'alignant sur la position de Donald Trump, la France n'a-t-elle
pas fait le jeu d'une opération de diversion intérieure du président
américain, actuellement harcelé par le FBI?
● En s'alignant sur les Etats-Unis - alors qu'elle aurait pu décider
de procéder seule à cette opération militaire, après enquête plus
approfondie -, la France ne risque-t-elle pas de perdre une grande
partie de son prestige dans le monde arabo-musulman? Les Français ne
risquent-ils pas d'apparaître comme les caniches des Américains, un
reproche que Paris avait fait à Tony Blair en mars 2003?
● Emmanuel Macron se rend à Washington du 23 au 25 avril 2018. Sa
participation aux frappes américaines lui permettra-t-il d'obtenir des
concessions de Donald Trump? Parviendra-t-il à convaincre le président
américain de ne pas déchirer l'accord nucléaire du 14 juillet 2015
avec l'Iran, négocié et signé par son prédécesseur Barack Obama? De ne
pas transférer son ambassade en Israël à Jérusalem, avant qu'une
solution durable ne soit trouvée au conflit israélo-arabe et qu'un
Etat viable ne soit donné aux Palestiniens? Si Macron n'y parvient
pas, n'aura-t-il pas été inutile pour la France de s'être aligné au
Levant sur une grande puissance dont elle ne partage pas la politique
moyen-orientale?
● Emmanuel Macron doit se rendre en Russie au mois de mai 2018. Les
Russes le considéreront-t-ils toujours comme un intermédiaire
indépendant, crédible et efficace, capable de réduire les tensions
Est-Ouest et de présider aux négociations de désarmement nucléaire
partiel, voulues aussi bien par Moscou que Washington?
● La France a un ennemi principal. Ce sont les islamistes, qui tuent
nos enfants, dans nos rues. Ce n'est pas Bachar el-Assad ; tout cruel
qu'il soit, il n'a jamais tué un Français. Nos frappes sur la Syrie
baasiste contribuent-elles à notre combat à mort contre l'islamisme,
ou profitent-elles au contraire à nos ennemis djihadistes?
● Cette opération militaire va-t-elle vraiment améliorer, à moyen et
long terme, la situation des populations civiles syriennes? N'est-ce
pas qu'une demi-mesure? Un coup pour nourrir l'Ogre médiatique? Une
politique inaboutie?
Car nous savons très bien que nous n'irons jamais, mus par quelque
projet civilisationnel à la Jules Ferry, réoccuper notre ancienne
colonie syrienne, d'où nous partîmes en 1946, laissant derrière nous
un beau régime démocratique, qui dura trois ans.
Si, dans six mois, nous nous apercevons que les frappes du 14 avril
2018 ont provoqué une prise de conscience positive des Russes et des
Iraniens et qu'ils ont favorisé à Damas une transition politique non
chaotique - c'est-à-dire différente de la transition libyenne -, nous
devrons reconnaître à Emmanuel Macron du génie stratégique pour s'être
aligné sur la position d'un leader aussi déconcertant que Donald
Trump. Si, en revanche, les Français n'obtiennent rien des Américains
quant à leur politique moyen-orientale, et si la situation des
populations civiles syriennes ne s'améliore pas, l'Histoire retiendra
ce geste symbolique d'alignement français sur Washington, comme la
première faute du président Emmanuel Macron en politique étrangère.
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Renaud Girard
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III ) Villepin à l'ONU en 2003. Au moins en 2003, dans le conflit Irakien La France de Chirac et de Villepin avait davantage fait œuvre de prudence, au noble sens de ce terme, et de sens de l'l'honneur et de l'indépendance nationale. Ce texte de Vox, le montre. Il le fait avec des nuances, mais aussi avec davantage de rigueur, comme le montre la partie de l'article que le Scrutateur s'est permis de souligner en rouge. ( Le Scrutateur ).