18 Mars 2018
1 ) Accroche de notre article. 2 ) Vaste manifestation populiste en août 1944, à l'arc de triomphe, autour de de Gaulle.
Monsieur Philippe Bilger, que je cite assez souvent est un honnête homme. Au sens commun du terme ( celui qui ne trompe pas, sauf à se tromper lui-même quelquefois comme tout un chacun ), mais aussi et surtout au sens classique, du grand siècle : c'est-à-dire quelqu'un qui a des clartés de tout, et qui sans suffisance tente d'étayer ses dires par des raisonnements en forme, et de prouver quand cela est possible. Il analyse ce 16 mars le terme très galvaudé et méprisée par nos « élites » de « populisme ».
En effet, les peuples européens commencent à se rebeller, et notamment en France, contre le « politiquement correct » commençant à comprendre que les « grands principes » dont on le gave sous des étiquettes aussi prestigieuses que … vagues comme la démocratie ou « l'humanisme » ( Erasme et Montaigne, ou Stephan Zweig doivent se retourner dans leurs tombes ) sont de vulgaires moyens de contrôler et de faire marcher au pas des bataillons d'électeurs.
Nous commençons donc à ruer dans les brancards. Et les chefs de ( mauvais ) orchestres tentent de nous reprendre en main à grands renforts de formules médiatiques à la mode comme cette dénonciation de « populisme » appliquée à tout ce qui renâcle.
Comme le mot de « populisme » a été depuis des années appliqué à tort et à travers au Front national, et que celui-ci est dénoncé comme un parti « d'extrême droite » ( donc proche de l'hitlérisme, disent-ils monsieur le commissaire ), et comme depuis quelques années, tout ce qui proteste contre l'idéologie molle de nos gouvernements français et européens, sous la baguette de l'Europe de Bruxelles, refuse d'agréer à l'immigrationisme systématique, voici soupçonnée, voire accusée d'hitlérisme camouflé toute dissonance dans l'orchestre.
Comme les accusateurs se veulent tous des « démocrates » fervents, et comme en grec « démos » désigne le peuple, voici que nait dans ledit peuple un nouveau soupçon, à savoir que nos dirigeants ne sont peut-être pas aussi démocrates qu'ils le disent.
Le Scrutateur n'est pas d'extrême droite. Et monsieur Philippe Bilger, est plutôt « à gauche » du scrutateur ; C'est pourquoi il m'agrée particulièrement d'avoir à citer cet article paru récemment sur son blog Justice au singulier. ( LS ).
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Le populisme est-il une maladie honteuse ?
( http://www.philippebilger.com/blog/2018/03/le-populisme-est-il-une-maladie-honteuse-.html ).
Cela revient de plus en plus dans le débat public et sur le plan international.
Au point qu'on s'interroge gravement, comme il y a la montée du populisme en Europe, sur le fait de savoir si la France "est à l'abri" (Le Parisien).
L'excellent Dominique Reynié y voit "un risque d'effondrement de l'Europe" tandis que notre président de la République, paraît-il, s'espérant en dernier recours, prend ce mal pour un bien.
Pour ma part, j'éprouve un lancinant besoin de comprendre non plus seulement ces pulsions populistes mais cette volonté des peuples, qui se généralise à l'est comme à l'ouest. Furieux d'avoir été relégués, voire oubliés, ils révèlent des attentes insatisfaites et des frustrations considérables et ruent dans les brancards démocratiques pour manifester haut et fort qu'ils existent.
Le dégagisme, l'ampleur des extrémismes et l'indifférence à l'égard de la politique classique en sont des preuves éclatantes.
On ne peut plus se contenter de se moquer de ces exacerbations si peu conformes à nos visions équilibrées de l'exercice du pouvoir ou de les juger purement négatives sans chercher à mesurer ce qu'elles nous disent.
Il me semble que précisément une trompeuse harmonie politique, trop souvent accordée à une forme d'impuissance et à un dédain du réel, n'est plus tolérée. Les communautés nationales sont prêtes, dans leur majorité, à suivre des leaders qui nomment un chat un chat et n'ont pas peur de briser des conformismes, de susciter des scandales par rapport à ce que la démocratie a de décalé et de convenu pour apaiser les souffrances de la multitude des laissés-pour-compte.
Ce malaise qui dans la psychologie collective attise les envies de brutalité intellectuelle et de manichéisme sommaire, s'il doit être analysé et perçu comme il le mérite, ne démontre pas forcément la validité de la cause qu'il jette sans nuance au visage de toutes les rationalités trop paisibles. Il n'empêche qu'il n'est pas absurde de tirer cette conclusion d'un processus qui n'a cessé de faire sortir les peuples par la porte : ils sont revenus en force par la fenêtre, et avec une intensité, une vigueur, une outrance exceptionnelles, en s'étant mués en un populisme qui n'est plus prêt à faire des concessions.
Le populisme n'est plus seulement le nom dont la gauche affublait le peuple dès lors que celui-ci pensait et votait mal : en faveur de la droite et de l'extrême droite.
Il est aussi l'expression d'un peuple désespéré de n'avoir pas été entendu et qui en fait trop par compensation.
Rien ne serait pire que de continuer à cultiver une attitude de condescendance et de mépris à l'encontre de ces phénomènes politiques et sociologiques qui ne pourront être réduits qu'à condition de retrouver, sous le populisme, le peuple et la légitimité de ses aspirations.
Le populisme ne représente pas d'ailleurs que des comportements collectifs. Il imprègne, il irrigue malheureusement un certain nombre de réactions individuelles qui par exemple dénoncent avec grossièreté et accablent sans allure. Les polémiques liées à Bertrand Cantat ont fait surgir notamment - je pense en particulier à Instagram où Olivier Marchal s'est montré avec sa fille en publiant un texte d'une démagogie vulgaire, populiste - des points de vue, des oppositions et des crachats au propre et au figuré parfaitement indécents. ( Dans le cas particulier des polémiques autour de Bernard Cantat, le scrutateur n'est pas en accord avec M. Burger. J'aurai l'occasion d'y revenir ).
Le populisme n'est pas une maladie honteuse sur le plan politique, il ne domine pas en Europe pour rien et la France se trouve, avec Emmanuel Macron, dans un populisme singulier, de culture, d'autorité, de soie et de velours mais il convient de se garder de toute tentation de le laisser s'installer en nous et gangrener ce que nous avons le devoir d'être.