5 Février 2018
Il y a quelques mois, monsieur Michel Reinette, se présentait comme un « indépendantiste apaisé ». Est-ce cela qui lui valut il y a peu de regagner la Guadeloupe après comme il dit « un exil » en métropole. Dans l'équipe directrice toutefois de la chaîne France II. On a connu pire exil. Celui qui en 1981/82, se présentait au journal télévisé du soir comme « l'instituteur du peuple guadeloupéen » ( sic ) revenait donc en Guadeloupe au soir de sa carrière pour, espéraient beaucoup, finir en beauté, et en sagesse.
Hélas ! Le naturel ne disparaît jamais et depuis quelques mois, les auditeurs guadeloupéens de la station du morne Bernard avaient constaté d'étranges phénomènes, par exemple celui-ci : la célébration du mois de mai en Guadeloupe, chaque jour que Dieu fait, en novembre, décembre, janvier, etc. Notre région semblait avoir quitté le calendrier grégorien pour entrer dans l'ére nouvelle de l'almanach « Michelin ».
Patatras ! Il y a eu de la résistance. On ne change pas comme cela d'époque. Michel Reinette a constaté que sa conception « révolutionnaire » de l'information ne passait pas si facilement qu'il l'avait crue, dans l'assurance de son génie. Dans le public, mais aussi parmi le personnel de la télévision dont les plus jeunes eux-mêmes ont dépassé le stade l'école primaire et l'habitude du docile « oui, m'sieur » adressé à … l'instituteur.
Il semble bien qu'une révolte « du peuple » guadeloupéyen du morne Bernard soit à l'origine du vidage de celui qui se pensait en chef d'une tribu béninoise ( du 18 ème siècle ).
Certains détails sont donnés par M. Reinette lui-même dans l'article ci-dessous publié sur le Site d'un de ses vieux « amis » des temps héroïques des cavales nocturnes.
Tout Michel est dans cet article.
Et d'abord l'humilité : « Le rythme imposé par cette actualité trépidante et les contraintes subséquentes, ont pu indisposer certains d’entre vous et bousculer de manière inusitée l’ordonnancement, sur mesure, de leur zone de confort.
Je croyais naïvement bien faire en servant sans complaisance le devoir d’informer, comme le ferait tout professionnel, sous toutes les latitudes. ( sic ).
Je m’avise de mon erreur d’appréciation, sans pour autant m’en mortifier et sans renier rien des méthodes que j’ai appliquées ici et pour lesquelles je croyais avoir été appelé, parce qu’elles avaient été éprouvées et validées ailleurs dans les espaces les plus électifs et les plus sélectifs ».
Ou encore ces gentillesses si délicatement enrobées : « Je suis revenu ici par choix optionnel et racinaire sur des fonctions longuement débattues avec la Direction régionale et les instances nationales.
Le cahier des charges était clair et je me suis attaché à le respecter tout en confessant, à l’heure de vérité, que je m’accommodais mal du confortable conformisme qui parasitait nos audaces tant techniques qu’éditoriales ».
Apparemment, le personnel de la station Bernard , pas plus que le petit peuple des consommateurs d'images n'ont voulu d'un petit Mahomet à la sauce tropicale pour imposer un nouveau Coran.
Peut-être aussi, du moins les plus âgés se sont-ils posés la question de la première carrière de Michel. Sur ce point, il y a des blancs, ou si vous préférez des "oublis", des trous.
Car M. Reinette n'a pas toujours été journaliste. Les anciens se souviennent qu'en ses débuts sur les lucarnes, ou sur les écrans qui n'étaient pas encore plats, il s'exprimait sous pseudonyme. Ce n'est qu'à l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand, alors que tout semblait possible, et le pire d'abord, que « Michel » apparut dans toute sa splendeur.
Mais le journalisme d'investigation qui a beaucoup progressé ces dernières années, a donné de « mauvaises » habitudes au grand public.
Des rumeurs courent sur la première carrière du héros. Pourquoi ne pas les infirmer. On parle de « détournements de deniers publics, de faux et usages de faux en écritures publiques, de concussion ».
Noter que tout cela est peut-être purs mensonges, sordides diffamations, insultes grossières de réactionnaires furieux, voire ... scrutatoriens. Mais pourquoi ne pas démentir, preuves à l'appui.
Quand on aspire aux hautes destinées de législateurs et de libertadors on ne doit jamais perdre de vue le socle de vertu qu'exigent ces nobles velléités, et n'oublier jamais ce vers fameux d'Hugo dans Hernani : « la gloire n'est jamais où la vertu n'est pas ». ( LS )
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Baie Mahault. Vendredi 2 février 2018. CCN. C’était au milieu des années 6O, il ne faisait pas très bon d’être journaliste et gwadloupéyen… à Radio Guadeloupe , officine d’info du pouvoir colonial francais. Les studios de la radio de l’époque (la télé n’arrivera que plus tard) se trouvaient, comble d’ironie ou de malchance, à Basse Terre, à moins d’une minute de la Préfecture. Et « tout naturellement » le Préfet faisait souvent office de « rédacteur en chef » de cette radio qui débutait chaque matin ses programmes par une « Marseillaise » tonitruante. D’ailleurs le télex de l’AFP était installé non pas à Radio Guadeloupe, mais à la Préfecture. Plus de 60 ans après, les Préfets se font plus discrets et n’interviennent plus de manière aussi péremptoire et directe. . Mais ce contrôle de l’information par le pouvoir colonial a tout de même laissé des traces ou des peurs dans le cerveau des journalistes officiant dans ce media .Ainsi l’une des séquelles la plus « visible » de cette époque, c’est l’autocensure, que pratiquent avec une incroyance appétence, certains de nos confrères.
Ainsi donc le journaliste gwadloupéyen Michel Reinette, qui fit ses premières armes au micro de la radio d’état en Guadeloupe fut contraint de s’exiler en France, au début des années 80 ; Sans doute son patronyme était devenu pour de nombreux ( faux) confrères encombrant. C’est donc en France et ponctuellement à Fort de France qu’il fit dès cette époque l’essentiel de sa carrière. Depuis 2007, il est rédac chef des JT du weekend end sur une grande chaine francaise .Outre le desk journalisme, Michel Reinette a réalisé quelques documentaires, qui sont la preuve de sa volonté de mieux faire comprendre les réalités de son pays. Mais Reinette qui aime son pays voulut , pour terminer sa carrière akaz, revenir y exercer ses talents.il débarque donc à Télé Guadeloupe 1ére en avril 2017. Il connaît bien la maison, et surtout la directrice qui n’est autre que Sylvie Gengoul, une consoeur qu’il pense être aussi une amie de plus de 20 ans. Pendant ce bref séjour comme rédacteur en chef à Télé Guadeloupe 1ere, Reinette imprime sa marque : L’info de la chaine (re) prend alors des couleurs. Les sujets sont traités, avec une rigueur et un professionnalisme qui ont souvent fait défaut dans ce media où l’on préfère ronronner et faire le dos rond pour ne pas trop se mouiller et déplaire. Très vite aux yeux de sa propre direction, Michel Reinette devient encombrant, gênant. au point que le journaliste excédé par l’hypocrisie de certains , la parano ou l’immobilisme d’autres, décide de fuir ce media télé où il ne faut surtout pas déranger l’ordre établi.
Exit donc Michel Reinette, c’est a 2e fois qu’il est ainsi viré journalistiquement de son propre pays. Il a adressé à CCN sa lettre d’adieu…
Chers collègues et confrères,
En exergue de ce mot de départ, je voudrais d’abord vous dire ma conviction du devoir accompli à vos côtés.
Vous me donnerez peut-être acte que bien qu’elle se conjugue nécessairement à l’imparfait, cette conviction sanctifie, pour le moins, l’énergie proactive, l’ouverture et la disponibilité, et plus encore la volonté du toujours mieux, jamais marchandée, que j’ai partagée avec les journalistes, les techniciens et l’ensemble de la machine Guadeloupe 1ere.
Sitôt embarqué avec vous fin avril dernier, entre émissions et débats calendaire, élections législatives et présidentielle, rages de cyclones en septembre la francophonie, incendie du CHU, histoires d’eau et tutti quanti, j’ai eu à cœur d’impulser un JT ancré dans la réalité du pays-Guadeloupe et réconcilié avec son environnement caribéen.
Le rythme imposé par cette actualité trépidante et les contraintes subséquentes, ont pu indisposer certains d’entre vous et bousculer de manière inusitée l’ordonnancement, sur mesure, de leur zone de confort.
Je croyais naïvement bien faire en servant sans complaisance le devoir d’informer, comme le ferait tout professionnel, sous toutes les latitudes.
Je m’avise de mon erreur d’appréciation, sans pour autant m’en mortifier et sans renier rien des méthodes que j’ai appliquées ici et pour lesquelles je croyais avoir été appelé, parce qu’elles avaient été éprouvées et validées ailleurs dans les espaces les plus électifs et les plus sélectifs.
Je suis donc effaré qu’on puisse un seul instant, pour de ténébreuses et inavouables raisons, m’imputer des velléités d’ambition de gouvernance que je pourrais avoir aujourd’hui, alors même que certains d’entre vous savent parfaitement que je déclinais tantôt, des propositions récurrentes, autrement plus édifiantes au national.
Je suis revenu ici par choix optionnel et racinaire sur des fonctions longuement débattues avec la Direction régionale et les instances nationales.
Le cahier des charges était clair et je me suis attaché à le respecter tout en confessant, à l’heure de vérité, que je m’accommodais mal du confortable conformisme qui parasitait nos audaces tant techniques qu’éditoriales.
Quoi qu’il en soit, comment imaginer qu’à 6 mois de la retraite, je m’aventure à grenouiller pour tenter d’évincer une Direction, incontestable de rigueur et de talent, exemplaire dans sa gestion et parfaitement intégrée dans une fonction conquise de haute lutte et par ses seuls mérites signalés ?
Ce serait folie et inconséquence, alors même que mes intimes d’ici, savent combien mes impératifs familiaux et mes devoirs paternels exigent de lucidité et de clairvoyance et n’autorisent ni errements ni manquements rédhibitoires.
Alors cherchez l’erreur, et suivez le guide !
« Chercheur de vérité, ne prends pas cet (écrit) pour le signe d’un imaginatif. Seul le souci d’amour a conduit ma main droite ». Ainsi parlaient les soufis persans de « La conférence des oiseaux » qui m’inspirent et gouvernent mon propos.
Je pars sur la pointe des pieds pour ne point troubler votre quiétude ni déranger davantage vos coutumes.
Sans inféodation ni coteries et n’ayant ni dieu ni maître, je quitte des frontières où j’ai tout donné sans compter, comptant en revanche sur votre adhésion à une aventure professionnelle que j’avais rêvée jubilatoire. Comme un challenge à relever ensemble.
« Travailler c’est trop dur » disait Henri Salvador ou Julien Clerc, je ne sais plus…
Que la théorie du complot se donne donc licence et à loisir -quel beau mot !- mais vous savez comme moi, qu’il n’y a pas de secret que le temps ne révèle !
Toi ma chère amie avec qui, au fil de nos « carrières », j’ai fomenté tant de connivences et de complicités, jusqu’à mon retour au pays natal, tu me diras un jour à qui profite le crime qui justifie de tels dénis, retournements et reniements.
Toi mon vieux camarade des jours difficiles, tu vois la lumière alors que la flamme de ton « chaltouné » s’est éteinte avec le vent du nord.
A vous tous mes chers collègues, mes amis comme mes « frères contraires » (Paul Eluard) et autres bifrons parfois myrmidons, sachez qu’à l’heure de vous quitter et au soir de ma longue « carrière », je continue encore à m’inquiéter quand je me regarde, mais rassurez-vous, je me rassure en me comparant.
Au surplus et comme le disait superbement une poétesse sud-américaine anonyme, « je vole au-dessus des querelles, car j’ai longtemps fréquenté les oiseaux », …même de mauvais augure.
La saison de vœux touche à sa fin, mais le carnaval bat son plein. Alors, bon carnaval à tous, avec ou sans masques ; et que votre station soit toujours La Première…en Guadeloupe !
Soyez tous heureux.
Good bye and Good Luck !
Michel Reinette.