30 Novembre 2017
Une oraison est une prière. Il y a des oraisons célèbres. Prononcées à l'occasion de la mort de quelqu'un c'est une oraison funèbre. Il y en eut de magnifiques, telles celles de Bossuet sur d'illustres personnages du règne de LouisXIV.
Le grand roi eut moins de chance ( humaine ) que celles et ceux qu'il avait entendu louer de son vivant.
La mort en effet change la donne.
Etendu rigide en son catafalque , Louis ne pouvait plus distribuer titres ou pensions. Derrière le masque officiel de pieuse affliction des grands du royaume chacun ne pensait plus qu'à l'avenir et aux moyens de capter la bénévolence du nouveau maître.
Il y a une permanence dans la nature humaine.
L'article d'Eric Brunet que je reproduis ici, n'est pas une oraison funèbre puisqu'il s'adresse à François Fillon, qui n'est pas mort, sinon politiquement, ce qui d'ailleurs n'est même pas avéré puisqu'en politique il n'y a, parait-il pas de mort définitive.
Mais il est en disgrâce, autre forme de la mort en démocratie, où selon la rumeur le peuple serait roi. Comme dans la fable du lion devenu vieux l'ancien candidat « de la droite » à l'élection présidentielle est continuellement trahi, vilipendé insulté par les minables qui l'ont livré à la vindicte, les Stéfanini, les Darmanin, Le Maire et le pire d'entre eux Alain Juppé.
Il est à l'honneur d'Eric Brunet d'avoir écrit cette « oraison » là, dont il s'explique sur les circonstances, où il énumère les raisons qu'il a eues récemment d'être du petit nombre de ceux qui ont accompagné Fillon à la cérémonie des adieux.
N'ayant pas été des thuriféraires de l'ancien premier ministre de Sarkozy je n'en suis que plus à l'aise pour dire mon accord avec le propos du journaliste de Valeurs Actuelles.
Accord, aussi, dans le mépris dispensé aux lâches et aux traîtres, cette race universelle, et indestructible.
Le Scrutateur.
_______________________________________________________________
Merci pour ce moment, François Fillon.
“Dans la défaite, le chef se retire sans chercher d’excuses et sans donner
de leçons.” François Fillon a quitté la politique. Des adieux empreints de pudeur
et d’élégance, devant quelques centaines d’amis réunis à Paris.
Je l’avoue, cette trop discrète sortie de scène m’a bouleversé. J’ai croisé Fillon bien des fois au cœur de la présidentielle. J’étais aux premières loges de sa mise à mort médiatique. Et aujourd’hui, j’ai envie de rétablir quelques vérités. Oui, ce tsunami avait été pensé, organisé, anticipé. Oui, les éléments à charge distillés sur Penelope Fillon et les enfants du couple avaient été gardés “sous le coude” pour être étalés au moment opportun. Oui (et ce n’est pas céder à l’obsession complo- tiste que de le dire), plusieurs magistrats ont “feuille- tonné” des fuites vers les rédactions, présentant à l’opinion des éléments à charge, partiels et partiaux, qui condamnaient Fillon aux yeux de l’opinion publique et portaient un préjudice fatal à sa candidature. Ces fuites quotidiennes piétinaient outrageusement les principes du secret de l’instruction et de la présomption d’innocence.
Oui, chaque matin, ces juges alimentaient le story telling
Fillon de nouveaux détails, donnant à ce piège médiatique une sophistication inédite sous la Ve République. Ils ont scé- narisé la série TV Fillon, distillant les révélations chocs au compte-gouttes, avec opportunisme et habileté et avec un sens de la dramaturgie remarquable. Un plan digne d’une série américaine diffusée sur Netflix, suffisamment séquencé pour se poursuivre pendant toute de la campagne électorale. Notons que le comportement effroyable des magistrats (souvent nommés par la gauche) a eu pour conséquence de modifier le cours de l’histoire de la Ve République. Pour autant, ces juges délinquants ne seront jamais convoqués pour s’expliquer. .. Bien sûr, sont venus s’ajouter les trahisons des amis politiques, une presse suiviste qui détestait déjà depuis longtemps ce candidat qui voulait supprimer 5OOOOO fonctionnaires en France (Macron avait parlé de la suppression de 120000 agents publics... mais il a déjà fait machine arrière).
Je n’oublierai pas Fillon, pendant la campagne, arpentant les couloirs des rédactions, seul. Mes confrères opéraient de larges détours pour ne pas avoir à lui parler. Je me souviens de l’insupportable “deux poids deux mesures”. À lui les questions dégueulasses, aux autres les sourires enten
dus. Puis, lorsque les micros étaient coupés, ministres et députés, de gauche comme de droite, me glissaient l’air peiné : « Vous savez, Fillon n’a rien fait de fondamentalement illégal. Il fait comme les autres, c’est tout. » Justement, ces jours- ci, d’autres affaires d’emplois fictifs sortent dans la presse, touchant parfois d’anciens candidats à la présidentielle, comme Jean-Luc Mélenchon. Elles étaient connues depuis longtemps. Pourquoi avoir attendu l’après-présidentielle pour leur donner de l’écho? Fillon à peine parti, ses anciens collaborateurs le foulent déjà aux pieds. Son ex-directeur de campagne, Patrick Stefanini, publie un livre accablant, comme Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics de Macron. Deux publications dans lesquelles Fillon n’apparaît pas à son avantage.
Facile, et pas très courageux...
Mais le plus grave est ailleurs. Le départ de Fillon va créer un vide dans le paysage politique, car l’ancien Premier ministre était le seul à prôner des solutions réformistes radicales. Son projet était chiffré, sérieux, iconoclaste. D’ailleurs, dans la course à la présidence des Républicains, personne n’ose reprendre le flambeau. Ni Florence Portelli, son ancienne porte-parole, ni Laurent Wauquiez, qui se contrefiche des réformes économiques et concentre ses discours sur les bons vieux thèmes porteurs : sécurité, identité, etc.
Dans quelques années, j’espère que les jeunes gens de droite se souviendront de ce candidat audacieux, qui avait eu le courage de bâtir un programme de transformation | radical de notre État obèse. Une façon de lui rendre justice. | Vous le voyez, Monsieur Fillon, je me sens déjà orphelin. • ï