25 Octobre 2017
Je publie tel quel l’article du Figaro sur les actes horribles du terroriste Mohamed Merah. ( LS )
EN DIRECT - Procès Merah : les témoignages poignants des parties civiles
Actualité
France
Par Caroline Piquet et Julien Licourt Mis à jour le 25/10/2017 à 10h31
| Publié le 25/10/2017 à 08h31
Abdelkader Merah est poursuivi pour complicité des sept assassinats
terroristes commis par son frère Mohamed Merah. Un autre homme, Fettah
Malki, comparaît également. Il a reconnu avoir fourni un soutien
logistique au "tueur au scooter".
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EN COURS : Mis à jour à 05:24
à 05:17
L'audience est suspendue
Des avocats de la partie civile viennent enlacer leurs clients qui
viennent de témoigner à la barre. Beaucoup dans la salle sèchent leurs
larmes.
à 05:15
"Je n'arrive pas à sortir de ce deuil", dit le petit frère d'un militaire
Le second frère du militaire Imad Ibn Ziaten vient à son tour à la
barre. Naoufal est très ému, il lit un texte qu'il a préparé pour
l'occasion. "Imad, que dire de ton sourire, ta joie de vivre, ta
carrure sportive (...) Nous avons partagé tant de souvenirs. Le jour
de notre retour au Maroc. Nous avons pris la route de nuit. On
écoutait du Charles Aznavour, du Michel Berger (...) on chantait, tu
m'avais appris la Marseillaise (...)". Le frère raconte cette journée
à la plage, la visite de la caserne de son frère.
Il est très digne.
"Le 11 mars 2012, le cauchemar commence. Il est 22h. J'étais avec des
amis à la maison. Mes parents étaient en Turquie, voyage offert par
Imad (...) Puis une personne sonne à la porte (...) Je perçois une
silhouette en tenue (...) c'est sûrement un vendeur de calendrier. Mon
ami me regarde et me dit que ça ne peut pas être le vendeur de
calendrier. On est au mois de mars. J'ouvre la porte. Je vois la tenue
d'un militaire mais ce n'est pas mon frère. Je m'effondre. L'officier
me soulève : votre frère a été assassiné. Je viens vous prévenir avant
que la presse n'en parle (...) je ne comprenais plus rien. Imad m'a
dit un jour, "si je ne suis plus de ce monde, sois fort, souris".
Il raconte le moment déchirant où il apprend la nouvelle à sa mère,
Latifa Ibn Ziaten. Dans l'assistance, elle pleure à chaude larmes. Son
fils à la barre pleure aussi. "Imad nous a quittés, je suis désolé",
lui a-t-il dit. "Assassinat, mais pourquoi ? Qui nous veut du mal?", a
demandé sa mère. "Ses cris de tristesse raisonnait dans ma tête",
raconte le petit frère du militaire.
"Je vis sur cette terre mais j'ai l'impression que mon âme est parti
au ciel. La peur, le stress, le manque de sommeil, la perte de poids.
Les choses que je ne connaissais pas avant (...) je n'arrive pas à
sortir de ce deuil (...) Aujourd'hui, Imad la justice doit faire son
travail et pour te rendre cet honneur, j'étais tous les jours présents
à ce procès. Je sais que tu es proche de nous. (...) Pour moi Imad, tu
n'es pas mort, parfois je me dis que tu es parti en mission et que tu
n'es pas rentré".
L'émotion est très forte dans la salle. Les avocats de la défense ont
la tête baissée. Sur les bancs des parties civiles, des larmes
coulent, tout comme dans le box de la presse.
"Encore une chose Imad, tu sais, chaque jour je pense à toi. Je vais
vivre à travers ton sourire, ta gentillesse, ta générosité. Je t'aime,
ton petit frère, Naoufal".
à 04:57
"L'islam, ce n'est pas tuer des enfants" : la révolte du frère d'un militaire
C'est au tour du frère aîné d'Imad Ibn Ziaten, Hatim. "Je suis révolté
quand j'ai entendu parlé son frère [Abdelkader Merah]. Je suis assez
révolté car il dit ouvertement qu'il n'adhère pas aux lois de la
République. Ça me révolte car il a ses propres lois, il fait la
distinction entre les nôtres et les siennes. Cette distinction est
dangereuse et pernicieuse car ça ouvre à beaucoup de haine, de
terreur. Et pourtant le paradoxe, c'est qu'il est défendu par des
avocats (...) alors qu'il ne respecte pas la loi des hommes."
(...)
"Je suis révolté d'entendre le mot "islam", "djihad" dans les médias,
dans cette cour. Ça veut dire quoi Islam ? Ca veut dire la paix, la
paix qu'on vit en soit et qu'on le transmet aux autres. C'est ça
l'islam, être avec les autres (...) Il y a trop d'amalgames. Il y a
une communauté de musulmans qui aime la France, ce pays, cette nation.
Je suis révolté par rapport à cette haine qui essaie de nous diviser
les uns les autres. J'ai envie de vous dire que c'est leur stratégie,
leur idéologie. Tuer des enfants, ça me fait penser au nazisme. Ils
ont pris en otage notre religion (...) Mais pas du tout, ce n'est pas
ça l'islam. L'islam, c'est la paix, ce n'est pas tuer des enfants
innocents".
(...)
"Abdelkader Merah dit qu'il souhaite que son petit frère soit au
paradis. C'est révoltant". "Alors M. le président, je vais juste vous
dire que l'affaire Merah, c'est l'acte I. L'acte II, c'est tous les
événements tragiques qu'ont connus notre pays. Charlie Hebdo, le
Bataclan..."
"Mon frère a fait face à ce bourreau, il a pas voulu s'agenouiller. Il
est resté debout. Pourquoi ? Je me suis demandé pourquoi. Parce que
c'est un militaire qui avait la République dans son coeur. Il a
résisté. C'est ce message que je garde. Il faut résister face à cette
terreur. Je fais confiance à la justice, à vous le président...les
magistrats. Je veux qu'on nous protège de ces dérives. Il ne faut pas
libérer ces gens qui sont dangereux pour la souveraineté de notre
nation".
à 04:46
"Les Merah ont tué notre fils mais ils ne tueront pas l'amour", dit le
père d'une victime
Vient le père d'Abel Chennouf, l'un des militaires tués à Montauban en
mars 2012. Il s'appelle Albert. Il raconte ce 15 mars 2012, jour de la
mort de son fils. Il était en train de jardiner lorsque l'un de ses
fils l'a appelé pour lui dire d'allumer la télévision car il se
passait quelque chose à Montauban.
Il tente alors d'appeler son fils Abel qui travaille là-bas. "Pour
avoir Abel, j'utilisais le portable de ma femme car il répondait
toujours à sa mère. J'appelle mais il ne répond pas. Je regarde ma
femme et je lui dis que son fils est mort". Finalement, un 05 appelle.
"Ah fausse alerte", se dit-il. Sauf que la voix au bout du fil n'est
pas celle de son fils. C'est un militaire qui lui demande si son fils
touchait aux stupéfiants. "C'est terrible", lance-t-il. "Son seul
hobby était l'OM et la famille" (...) "Qu'ai-je fait au bon Dieu pour
qu'on nous fasse un cadeau mortuaire ?", s'est-il demandé. "Je venais
de fêter mes 60 ans" (...) Devant le cercueil de son fils, il a fait
une promesse à son fils : "Va mon enfant, dors en paix. Je saurais
pourquoi tu as été tué".
Puis, Albert Chennouf s'en prend à l'ancien patron des services de
renseignement Bernard Squarcini. "Il nous vend du vent, de l'eau",
lâche-t-il, amer. Il dit aussi en vouloir à la justice, à la
politique, qui a expulsé le père de Mohamed Merah. "Ce pouvoir est
complice de ce qu'il se passe ici en France". "J'avais dit à François
Hollande, M. le président, pourquoi avez-vous perdu 4 ans ? Pourquoi
vous ne vous êtes pas servi de l'affaire Merah, la mère des attentats
?"
Il raconte les dégâts de cette affaire sur sa famille. "Ma femme, deux
tentatives de suicide. Ma femme n'a pas pu venir ce matin. Cette
affaire a fait des dégâts. Pas seulement dans notre famille, les
autres aussi", dit-il.
Il termine en s'adressant à Me Dupond-Moretti, avocat d'Abdelkader
Merah. "Nous aussi famille de victimes, on a perdu 7 enfants
contrairement au tueur qui a programmé jusqu'à la manière et la date
de trouver la mort. Je respecterai le verdict car je suis légaliste.
Je n'attends rien de la partie adverse", lâche-t-il encore.
Puis, il sort la photo de son petit-fils, né après le décès d'Abel
Chennouf. "Les Merah ont tué notre fils mais ils ne tueront pas
l'amour. C'est la photo du petit à Caroline. L'amour est plus fort que
la mort et nous, on a choisi l'amour".
à 04:26
En larmes, la femme d'un militaire ne peut pas venir à la barre
Caroline Chennouf arrive en larmes dans la salle. C'est l'épouse du
militaire Abel Chennouf, tombé sous les balles de Mohamed Merah le 15
mars 2012. Épaulée par son avocate, elle ne veut finalement pas
témoigner. Au moment de la tuerie, elle était enceinte. Ils
attendaient un enfant.
à 04:23
L'attitude figée d'Abdelkader Merah dans le box
Une main devant la bouche, le principal accusé fixe le dos de la
seconde partie civile qui vient témoigner à la barre. Il ne bouge pas,
écoute. Son visage ne trahit aucune émotion.
A quelques mètres de lui, le second accusé Fettah Malki regarde tour à
tour ses pieds, le témoin à la barre, les avocats.
à 04:20
"J'avais un goût de sang et de vomi dans la bouche. Ce goût, je l'ai encore"
A la barre, Nicolas R., 57 ans, dit être venu apporter son "soutien" à
la famille Sandler. Il était là le jour de l'attaque du 19 mars à
l'école Ozar Hatorah. Il vit aujourd'hui en Israël. "Je vais vous
raconter ce qui s'est passé", commence-t-il. Il porte une chemise
blanche et une kippa sur la tête.
Le 19 mars 2012, "comme tous les matins, je suis allé à l'école". Avec
son fils de 17 ans, il a essayé de porter secours aux victimes de
Mohamed Merah. "J'ai fait du bouche à bouche [à Myriam]. Nous étions
accroupis tous les deux devant Myriam qui avait les yeux ouverts.
J'avais l'impression qu'elle était toujours en vie. J'étais dos à
Gabriel [Sandler]."
Sa voix tremble.
(...)
"Sur le moment, ma seule pensée c'était de m'occuper de Myriam (...)
ça a duré 5 minutes entre le moment où nous sommes sortis et l'arrivée
des secours. Moi je faisais du bouche à bouche et mon fils un massage
cardiaque (...) J'ai continué jusqu'à ce que les secours arrivent
(...) Il y avait des bulles qui sortaient de son nombril (...) Je n'ai
pas vu tout de suite l'impact dans la tête. Quand les secours sont
arrivés, je me suis levé. J'avais un goût de sang et de vomi dans la
bouche. Ce goût, je l'ai encore".
Il raconte que son fils est depuis parti en psychiatrie. Lui aussi a
été suivi par un psychiatre. Il raconte les conséquences de cet
attentat sur sa vie. Ses troubles de la concentration au travail, son
traitement, la fatigue.
à 04:02
"Si je prononçais le nom de l'assassin, je lui donnerais une étincelle
d'humanité", dit le père d'une victime
Le premier à venir à la barre est Samuel Sandler, le père de Jonathan
Sandler et le grand-père d'Arié et Gabriel.
C'est un monsieur en costume bleu avec une cravate assortie qui se
tient debout devant la cour. Il commence sa déposition par une
anecdote : "Quand j'étais petit, je jouais avec des petits soldats.
Mes parents me demandaient d'en prendre soin car ils appartenait à mon
cousin Jeannot". Jeannot s''est fait arrêter en 1943, déporté à
Drancy, "vers les camps de la mort". "Je me suis un peu consolé en me
disant que plus personne ne tuerait de Français car ils étaient de
religion juive".
(...) Ce 19 mars 2012, c'était pire que l'enfer (...) L'assassin de
mon fils et de mes petits-enfants, il était fier et a filmé ses actes
(...) Je ne prononce pas son nom. Si je le prononçais, je lui donnerai
une certaine étincelle d'humanité".
Silence.
"Des témoins ont dit que le maître à penser pouvait être son frère.
C'est un petit Eichmann de quartier. Le frère de l'assassin n'a pas
été capable une seule fois de citer correctement les noms des
victimes".
à 03:48
Reprise de l'audience
Le président de la cour annonce l'audition de plusieurs parties
civiles. Elles ne prêteront pas serment, rappelle le magistrat.
à 03:42
AMBIANCE - Les bancs des parties civiles plus étoffés que d'habitude
Alors que l'audience doit commencer dans quelques instants, la cour
prend place dans la salle Voltaire du palais de justice de Paris.
C'est une journée particulière pour les proches de victimes de Mohamed
Merah qui vont pouvoir s'exprimer, après plus de trois semaines de
procès.
Plusieurs avocats viennent saluer leurs clients assis sur les bancs du
public et leur glisser quelques conseils. Ils sont plus nombreux que
d'habitude.
Dans le box des accusés, Abdelkader Merah patiente dans sa position
habituelle, accoudé sur la balustrade du box, le menton posé sur ses
bras croisés. Fettah Malki, le second accusé, regarde de temps à autre
l'assistance.
à 02:45
Tout le procès dans notre dossier
Retrouvez nos précédents articles et directs dans notre dossier sur le
procès Merah, le meilleur moyen pour retrouver, jour après jour,
l’essentiel des audiences.
à 02:44
Hier, Abdelkader Merah interrogé sur ses podcasts djihadistes
Mardi, se sont les fichiers audio détenus par le principal accusé qui
ont été passés au crible par la cour. Le contenu de ceux-ci était
accablant, de véritables cours de djihadisme que l’accusé a tenté de
masquer en renommant les fichiers. L’accusé a expliqué qu’il les avait
écouté afin de comprendre ce qu’était al-Qaïda.
Retrouvez notre live de mardi en cliquant ici.
à 02:43
Autre audition prévue aujourd’hui, celle du juge d’instruction qui a
mené l’enquête
Cet après-midi doit intervenir le juge qui a dirigé l’enquête sur les
meurtres de Mohamed Merah, Christophe Teissier. Il devait être à
l’origine entendu vendredi dernier, mais la défense a contesté cette
date, souhaitant pouvoir le questionner après le dernier
interrogatoire d’Abdelkader Merah qui a eu lieu hier. L’audition du
juge a donc été repoussée. La défense va sans doute attaquer l’enquête
effectuée.
à 02:43
Aujourd’hui, la cour doit entendre les parties civiles
C’est une journée particulière dans le procès. Aujourd’hui doivent
être entendues les parties civiles, pendant toute la matinée.
L’ambiance a été pesante tout au long des 17 premiers jours du procès.
Il a été parfois difficile pour les familles des victimes d’entendre
s’exprimer les accusés. Outre les joutes verbales échangées entre les
avocats de la défense et des parties civiles, il est arrivé
régulièrement que des personnes présentes sur les bancs de ces
dernières lancent des invectives aux différents protagonistes du
procès en cours d’audience.
à 02:42
Dix-huitième jour d’audience au procès Merah
Bienvenue dans notre nouveau live consacré à la couverture du procès
du frère de Mohamed Merah. Ce mercredi est le dix-huitième jour
d’audience, il ne reste plus qu’une semaine avant le verdict, qui est
attendu jeudi 2 novembre. Comme chaque jour, Lefigaro.fr revient dans
la salle Voltaire, à la cour d’assises spécialement composée.
On y juge Abdelkader Merah, pour complicité d’assassinat, mais aussi
Fettah Malki, délinquant toulousain, poursuivi pour avoir fourni des
armes à Mohamed Merah. Le premier dément toute implication, le second
reconnaît ses torts mais nie avoir été au courant du dessein mortifère
de son ami.