29 Septembre 2017
"L'Emission politique" sur France 2 de la grotesque et néanmoins chétive - intellectuellement - Léa Salamé aura au moins eu quelques mérites. Premièrement, celui de nous montrer que ce type d'émission ne sert à rien. C'est même une forme d'agression insupportable contre l'intelligence.
Sur un plan purement mécanique, elle nous certifie une fois de plus que l'argent du contribuable - car il ne faut pas oublier que France 2 est une chaîne dite de "service public" - est utilisé à des fins dévoyées de basse propagande de lieux communs, de mystification des ignorants et de promotion hélas ! d'individus vaniteux dont les caractéristiques s'affirment d'une manière quasi menaçante. La mauvaise éducation, l'extrême suffisance et l'inutilité de Léa Salamé frisent l'indécence. Évidemment, comme il s'agit d'une femme et qu'elle n'est pas - généalogiquement parlant - ce qu'on pourrait appeler "une Française de longtemps", la critique est aussi délicate que dangereuse, car toute remarque relative à sa personne est aussitôt assimilée au mépris de son état. Impossible donc de faire remarquer qu'elle fait d'avantage penser à Imelda Marcos qu'à Aung San Suu Kyi, Jacqueline Auriol, Mère Teresa ou Alexandra David Neel. Même l'expression qu'elle affiche aujourd'hui, alors qu'à l'époque où elle officiait dans les rangs subalternes elle avait une gentille petite frimousse, montre qu'elle se situe entre la grenouille et la vache. Pour longtemps encore puisque la "parité" nous impose de telles caricatures, à plus forte raison quand il faut saupoudrer celle-ci de diversité. Dommage ! Léa Salamé est pourtant issue de ce que l'on peut appeler une "bonne famille libanaise" selon les critères qui prévalaient jusqu'en 68 en termes de considération sociale, mais elle a choisi de se faire mousser, et pour ce qui est de mousser, elle mousse au point qu'on ne voit plus que la mousse.
Quant à Fantomas Lenglet, c'est Docteur Sentence et Monsieur Chiffres, commençant son intervention par une "démonstration" digne du Sapeur Camembert que le malheureux invité, bien mieux élevé que ses hôtes, ne pouvait décemment pas évacuer d'un simple constat de ridiculerie, car l'émission nous aura aussi montré que le Premier ministre a une grande maîtrise de ses nerfs et qu'il sait, en boxeur expérimenté, retenir ses coups. La télé est un piège, et la télé-réalité tend à généraliser la crétinisation au profit des marchands d'image. Quiconque se soustrait à la règle de la soumission déchaîne la tempête contre lui. Exercice périlleux dans une...
présumée démocratie.
Faire intervenir l'ignoble Sapin - avec le bilan catastrophique qui est le sien - en qualité de grand témoin des comptes publics pour faire valoir que l'ISF est une mesure d'intelligence budgétaire et sociale procède également de l'insulte grave à la personne du téléspectateur (contribuable et bailleur de fonds de toute la soupe indigeste qu'on lui sert). Comment peut-on servir les fourberies de Sapin sans avoir de mauvaises intentions à l'égard de l'émission elle-même, en plus de toutes celles malveillantes réservées à l'invité - invité à se faire massacrer parce que des niais pensent que c'est en cultivant le mauvais esprit qu'on améliore la qualité de l'air - et aux téléspectateurs ?
Dans de telles conditions, il ne reste plus qu'à enrichir la palette de la Française des Jeux du registre bookmaker pour engranger quelques recettes dans le périmètre de ce type d'émission, ce qui lui conférerait une relative utilité sur un plan budgétaire et qui stimulerait l'audience avec 100% de téléspectateurs supplémentaires (et ô combien motivés) prêts à tenter leur chance.
Ainsi on peut comprendre ceux qui ont rapidement décroché pour ne revenir qu'au moment du duel entre La Mélenche et le Premier ministre, duel dont le seul intérêt était de certifier que le registre trotskiste recense aussi la guimauve et que, dans le genre répugnant, La Mélenche ne donne pas au chat sa part (qu'il réserve au Chavez). Prendre des leçons d'humanité de gens de cet acabit s'apparente aux pires supplices et quand il y va de l'intérêt de la France, nos politiques sont obligés de se transformer en Louis XVI pour ne pas mettre le feu à la baraque, car la colère est aussi entretenue que les armées (d'occupation, en grande partie), par les mêmes qui veulent faire de la rue le théâtre sanglant où leur haine pourra se déverser en se faisant passer pour l'expression de la souveraineté du peuple (privé de la part de biens qui lui revient de droit). Bref ! dans toute cette imposture télévisée, entre le loup et le chasseur, c'est visiblement le loup qui a le fusil parce que la logique des signes donne au signe moins l'avantage sur le signe plus (c'est ce qu'on apprenait en cinquième lorsque l'école existait - avant l'Éducation nationale toute puissante, donc).
Ainsi, la conclusion qui s'impose est que le chantier de la tour de Babel est reparti de plus belle.
Au moins, dans ce cas particulier, le service public aura servi à une chose, c'est à la démonstration qu'en France la palabre a fini par prendre le dessus sur tout le reste - mais il fallait peut-être s'y attendre, quand on sait que c'est par la parole que le serpent à convaincu Adam et Ève de renoncer à tout ce qui était leur douceur de vivre. Comme dirait l'oncle Eusèbe, la "République" n'en a plus pour très longtemps : celui qui va remporter le concours de connerie va fermer la boutique.
En attendant, dans le désordre des esprits, des institutions et des outils, il est permis de penser que ceux qui cherchent à jouer contre le prochain budget vont en réalité jouer contre la France, cette France qui digère des conneries depuis plus de mille cinq cent ans, certes, mais quand les conneries deviennent de plus en plus indigestes, l'estomac finit par se fatiguer. Celui de la France est saturé.
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