8 Août 2017
Les yeux s'ouvrent mais la proie qui sommeille en chaque observateur-commentateur est toujours fascinée.
Au fait, et le Premier ministre, dans tout ça ?
C'est comme si, dans la Constitution, les articles 20 et 21 n'existaient pas. Ces articles procèdent de la fiction Républicaine, certes, mais ils n'en affirment pas moins, pour l'un que le gouvernement "détermine et conduit" la politique de la nation, et pour l'autre que le Premier ministre dirige l'action du gouvernement. Eh bien dans ce qu'on appelle la vraie vie (expression destinée à différencier ce qui se passe réellement de ce que racontent les aventures de Babar, roi des éléphants), c'est comme si ces articles n'existaient pas. De plus en plus, il apparaît donc que le Premier ministre et le Père Noël, c'est la même chose : les innocents y croient, les moins innocents font semblant d'y croire et les commerçants gèrent son agenda.
En outre, l'article cinquième de la Constitution prend la peine de préciser que le Président de la République veille au respect de la Constitution, qu'il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat et qu'il est encore le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire (et du respect des traités).
Défense de rire, lorsqu'on évoque ces deux derniers points, car que reste-t-il de l'indépendance nationale, d'une part, et - en dehors d'une vision cadastrale des choses - que peut-on bien entendre par "intégrité du territoire", d'autre part ?
Pour ce qui est des traités, il ne fait aucun doute qu'il est le garant – l'agent, diraient même certains esprits chafouinisants - qu'un certain traité ignore, méprise officiellement et foule aux pieds l'indépendance nationale et s'amuse à désintégrer la nation en faisant fi de toute intégrité - du moins si intégrité veut bien avoir quelque rapport avec le respect de la nature de la chose dont on fait référence à l'intégrité, et, naturellement, la préservant de toute altération de celle-ci.
On doit à un certain Chirac Jacques d'avoir pris la constitution pour la tapisserie de Pénélope (dans l'espoir d'incarner une sorte d'Ulysse ou de commandant Cousteau auprès d'une Marianne éperdument fidèle à son héros et d'une parfaite confiance en la bonne fin de ses aventures les plus abracadabrantesques). Depuis, il est entre dans l'idée que constitution et "Manuel des Castors juniors" ce serait un peu la même chose. De fil en aiguille, il ne faudra pas s'étonner d'y trouver les horaires des trains et ceux des marrées.
Autrement dit, ce n'est pas demain que les politiques - et les gardiens du temple sacré de la patrie - vont arrêter de se moquer des gens. La plus grande force du diable est de faire croire qu'il n'existe pas. Le plus grand exploit de nos politiques serait d'arriver à faire croire qu'ils ne se moquent pas du monde. À ce petit jeu-là, Macron est très fort. Du reste, il est le seul à vraiment savoir à quoi il joue.
http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/08/07/ce-trio-qui-dirige-la-france_5169441_823448.html