13 Août 2017
1 ) Le gros chagrin de monsieur Macron. 2 ) Minois de "constructeurs" bien croqués par Jacques Dutronc.
Deux mois seulement après une élection ( où l'abstention a été l'élément majeur, plus de 50 % des suffrages exprimés ) Emmanuel Macron est en chute dans les sondages, et à un point tel que la performance en la matière de François Hollande ( déjà remarquable en la matière ) est dépassée.
Dès lors, pour qui connait la nature humaine, il est prévisible que sa « majorité » fondra comme neige au soleil, et très rapidement. Avez-vous remarqué qu'hier sur Guadeloupe 1 ère le député de la Guadeloupe Cyril Serva, supporter enthousiaste ( et même exalté ) de Macron à la présidentielle, faisait la moue quand on lui en a parlé. Il n'est déjà plus membre de LREM, mais apparenté MODEM. Monsieur Serva fait montre d'une souplesse très remarquable qui a surement suscité de l'admiration chez beaucoup de téléspectateurs, et chez quelques autres …. un certain sourire.
J'ai dit souplesse. J'aurais pu montrer plus de sévérité sarcastique comme celle que j'éprouve pour le premier ministre Edouard Philippe, et ses faquins, Solère, Le Maire, et autres portefaix, autoproclamés « constructeurs ».
Je laisse ce soin à un éminent artiste du chant Jacques Dutronc qui en a donné un savoureux portrait : https://www.youtube.com/watch?v=sNFozK4bGzc .
Cette présentation savoureuse, et tellement mérité, je laisserai la parole au site Atlantico sur la splendeur et la misère du macronisme, deux mois seulement après une élection scandaleusement « montée ».
Le Scrutateur.
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Splendeur et misère du macronisme
Après l’euphorie de l’élection et l’état de grâce des premières semaines d’exercice du pouvoir, doutes et désillusions ont commencé à poindre dans l’opinion publique. Comprendre pourquoi la popularité d’Emmanuel Macron a, semble-t-il, déjà commencé à péricliter suppose d’identifier les ressorts qui ont fait sa victoire. Forces et faiblesses sont intimement liées.
Dans une période d’aggravation et de convergence des crises, les Français ont ressenti le besoin et exprimé le souhait d’un pouvoir ferme. Emmanuel Macron y a initialement répondu par l’énergie de sa jeunesse. Il a incontestablement utilisé le levier monarchique, ne serait-ce que dans la symbolique de son accession au pouvoir, pour tenter de donner un caractère « sacré » à son autorité. Mais ses premiers pas ont montré à quel point celle-ci reposait davantage sur le caractère impérieux de ses caprices que sur une capacité à habiter une vision de long terme.
Peu habitué, semble-t-il, à la patience et à la frustration, il n’a manifestement pas les réflexes psychologiques propres à la sagesse. Il se rêve César mais prend déjà le timbre de voix d’un chef de chambrée : il ne discerne pas, il plastronne. Son manque d’épaisseur et d’endurcissement s’est révélé au grand jour. Celui qui est authentiquement chef n’a nul besoin de le dire : il l’est par l’exemple (le père de famille qui élève ses enfants, le capitaine d’industrie qui travaille avec ses collaborateurs, l’officier qui part au combat au-devant de ses hommes).
Plus inquiétant encore est son rapport à la réalité. Comme un petit garçon qui se campe un décor parfait, il semble que ses succès en cascade et l’absence d’autorité dans sa construction lui aient rendu le pire des services : le refus de toute contrariété dans le règne absolu de ses besoins et la sublimation de sa propre image. Snober Donald Trump au sommet de l’OTAN (avant de l’inviter pour le 14 juillet), faire la leçon à Vladimir Poutine en conférence de presse alors qu’il le reçoit à Versailles ou recadrer sèchement et de manière publique le général Pierre de Villiers, c’est s’amuser à un jeu vidéo dont vous êtes le héros mais, cette fois-ci, à haut risque car les acteurs sont réels : les conséquences en sont considérables et potentiellement dramatiques.
Dans le fond, Emmanuel Macron se révèle tout simplement être l’incarnation de ce qu’a été la campagne : le politique (les enjeux civilisationnels) étouffé au profit de la politique (les postures électorales), l’image consacrée au détriment des idées et, a fortiori, de la pratique. Nicolas Sarkozy ne s’y trompe pas quand il dit : « Macron, c’est moi en mieux ». D’ailleurs, la composition du Gouvernement l’illustre parfaitement, à quelques exceptions près. Sous-couvert de recours à la « société civile », elle témoigne de la prédominance de l’énarchie, de la prétention à l’expertise scientifique et à la prétendue neutralité objective de la gouvernance. Elle signale au grand jour le règne de la post-démocratie. Quant aux députés de la majorité, pour beaucoup issus de nulle part, ils pourront donc être, plus encore que d’habitude, une chambre d’enregistrement. Tant il est vrai qu’un pouvoir se sert autant de ceux qu’il respecte que de ceux qu’il méprise.