31 Mai 2017
J'entreprends de relire ( première lecture en 1999 ) le livre de Marie-France Hirigoyen Le harcèlement moral. La violence perverse au quotidien ( éditions Syros ).
J'en détache pour vous la communiquer une citation de Pierre Desproges, humoriste et chansonnier.
Les humoristes, les grands auteurs ou comédiens sont souvent des personnes pessimistes, des personnalités tragiques, y compris notre grand Jean-Baptiste Poquelin plus connu sous le nom de Molière.
Ces gens sont de ceux qui parlent tout seuls la nuit, pour avoir moins peur. Et leurs créations littéraires, leurs pitreries parfois, sont des efforts pour dédramatiser, pour exorciser le tragique qui excude, pour les esprits lucides et forts, de chaque événement de l'actualité, soit individuelle, soit collective.
Et l'art des grands comiques, des chansonniers, est ainsi un service public ( et personnel ) rendu, à ceux qui ont moins de talent, moins de force intérieure pour conjurer, tout seuls, l'adversité.
Le court texte que je livre à votre sagacité peut paraître excessif. Il ne me semble pourtant pas. Certains le penseront peut-être. A tort je crois. Je connais des gens qui font l'impossible pour réduire l'existence à des gags, leurs lectures, le choix de leurs divertissements au niveau de « comics » assez grossiers. Krra, kraa, kraa !J'ai connu une vieille tante, point « bête » pourtant, qui s'évertuait à la conjuration des peines par ce genre là de « divertissements ». Bien à tort.
Le vrai théâtre, l'art authentique sous l'angle psychologique suscitent ce qu'Aristote appelait « catharsis », ou purgation des passions.
Au théâtre, à l'opéra, au cinéma ( digne de ce nom ) les grandes oeuvres sont celles qui, au spectacle de la trahison, de l'échec de ce que l'on avait pris pour un grand amour, de la médiocrité, de l'écrasement d'une âme par la perfidie d'autrui, suscite dans le spectateur l'émotion profonde, les larmes ( souvent cachées, refoulées, par crainte; car l'on sait le caractère débilitant de la pitié, ou pis la jouissance quasi satanique de l'observateur méthodique du malheur d'autrui, surtout quand le spectateur y a joué une part non négligeable, comme on peut voir dans La cousine Bette, l'un des grands romans de Balzac ( Honoré de ... ).
D'où la gravité du fait de la dégradation de l'enseignement, quand celui-ci ne recherche plus que l'adaptation des jeunes gens aux conditions du monde tel qu'il est dans sa platitude et/ou sa banalité sèche de « lieu de consommation ».
Il faut rétablir la vraie culture, l'étude désintéressée des grandes oeuvres littéraires ou de l'art, ET de la musique, qui ne saurait se limiter à l'offre commerciale, ou au divertissement passager des chansonnettes, et du dancehall.
Voici donc dans sa simplicité apparente, choquante pour ceux qui « ont peur » et qui cèdent trop facilement aux mirages du « divertissement » ( Divertissement, de divertere en latin, qui désigne le détournement du regard envers ce qui « fait problème » ) le très court texte mais hélas! si perspicace du cher Pierre Desproges.
Il était très « potable » cet homme là, et poète. Je crois me souvenir d'un propos de lui dans une interview télévisée : « nous portons tous sur nos visages, les traces des larmes que nous n'avons pas versées ».
Le Scrutateur.
« Un mot qui vient bien,
ça peut tuer ou humilier,
sans qu'on se salisse les mains.
Une des grandes joies de la vie,
c'est d'humilier ses semblables ».
PS : Si j'osais, mais c'est dangereux par les temps de sottise, de saletés, et de … banalités que nous vivons, je conseillerais de jeter un coup d'oeil sur les Evangiles. On y trouve non le goût du sang et des peines infligées à autrui, mais quelque chose d'autre, mais, par delà les saletés et les petitesses de tous les temps, quelque chose comme un Alléluïa!
Mais j'ai trop peur!