26 Mars 2017
En février et mai 1967, à partir d'évènements somme toute banals, à Basse Terre, puis à Pointe-à-Pitre, il s'ensuivit, là, une émeute spectaculaire qui eut pu plus mal se terminer, et ici, à Pointe-à-Pitre à partir d'une grève, somme toute très ordinaire, mais exploitée par des agitateurs politiques, qui dégénéra et engendra un nombre certain de morts, huit selon les chiffres longtemps, et toujours officiels, mais bien supérieurs selon les agitateurs : 40, 67, 100, et même selon certains, 200 dans le mouvement d'une inflation assurément délirante, mise en oeuvre par la volonté d'un certain nombre, à peine plus nombreux, de nécrophages qui se nourrissent de morts, ont besoin de ces morts pour nourrir leurs espoirs de militants politiques extrémistes.
La jeunesse guadeloupéenne a d'autres chats à fouetter que de ressasser les humeurs des grands pères et grands oncles de nos subversifs, qui ne décolèrent pas et tentent de se maintenir à flots à grands coups de commémorations, et dans le seul registre où ils excellent, celui de la manipulation historique, sur nos radios/TV, sur les journaux, et même en colorant le carnaval de leurs sombres ruminations.
Les bobards se multiplient,. : 40, 67, 100, 200 morts, en attendant mieux. Où à propos de l'émeute de Basse Terre, l'affirmation selon laquelle tout y commença par le lâcher sur un pauvre bougre ( noir ) d'un chien berger-allemand qui l'aurait mordu cruellement par un commerçant ( blanc ) d'origine étrangère.
A cet égard, la semaine dernière, un professeur d'histoire Guadeloupéen, témoin des faits, M. Bélénus, dans une conférence donnée au chef-lieu, démentait cette allégation.
Dans leur projet subversif, nos agitateurs, fils et petites filles de membres du GONG réclamaient la constitution d'une Commission d'historiens dont ils escomptaient l'approbation de leurs dires. Cette Commission sous la direction de Benjamin Stora, se mit au travail au début de 2014, et conclut son enquête fin 2016, dont voici la teneur : .
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/164000717.pdf
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Vous l'avez donc au complet.
En voici deux extraits :
01 ) « MAI1967, UN ÉVÉNEMENT MÉCONNU ? L’approche initiale des événements La première publication sur 1967 a d’abord concerné ses suites judiciaires : Le procès des Guadeloupéens : dix-huit patriotes devant la cour de sûreté de l’État 18 février-1er mars 196886, œuvre d’un collectif, le Comité guadeloupéen d’aide aux détenus. Republié en 1981, l’ouvrage retrace les étapes du procès et les différentes plaidoiries dont les interventions d’Aimé Césaire et de JeanPaul Sartre, mais n’apporte alors que peu d’éléments sur les « événements » eux-mêmes. Les premiers travaux sur Mé 1967, menés par deux historiens guadeloupéens, ont été essentiellement une entreprise militante, alertant sur la nécessité et l’urgence de la connaissance et la réappropriation de cette histoire méconnue. Les auteurs, Jean-Pierre SAINTON et Raymond GAMA, signalaient d’ailleurs en 1985 que pour 90 % des jeunes de moins de vingt ans ces événements étaient alors totalement inconnus. L’ouvrage, difficile à trouver en dehors de quelques bibliothèques, a été republié en 2012 avec une nouvelle introduction remettant en perspective également son contexte d’écriture. Les traces médiatiques – peu abondantes – n’ont pas été faciles à identifier ; les documents a priori disparus ne permettaient de les confronter aux souvenirs laissés. La chaîne Guadeloupe Première, initialement antenne Guadeloupe de l’ORTF, créée en 1964 87 , devenue RFO Guadeloupe de 1982 à 1999, ne semblait pas avoir gardé de traces de reportages. Grâce à l’aide d’Alex Robin et de toute l’équipe des archives de Guadeloupe Première, plusieurs éléments ont pu être exhumés et des archives filmiques réunies. 85 Archives de Sciences-Po, Mémoires de Bolotte, préfecture de la Guadeloupe (1965-1967), op. cit., p. 536. 86 Coll., Le procès des Guadeloupéens : dix-huit patriotes devant la cour de sûreté de l’État 18 février-1er mars 1968, Paris, L’Harmattan, 1969. Brochure originelle consultable à la BDIC de Nanterre. 87 La même année que le journal France-Antilles, qui en peu de temps va éliminer la pluralité de journaux d’opinions existant précédemment Cette présentation n’a toutefois pas prétention à l’exhaustivité ; le sujet mériterait à lui seul des travaux plus fouillés. En 1996, le journaliste Alex Robin, sept ans lors des « événements », confie en avoir entendu parler « très vaguement , mais reste intrigué par le décalage entre ce qui se disait alors, l’annonce de tueries à la sous-préfecture (« yo ka tué moun là à Pwent »), la mémoire restée vive et douloureuse de ces journées et de ces nuits, et le grand silence, amplifié par le peu d’éléments disponibles, émissions, archives, témoignages officiels, sur « les événements de 67 ». Dans le cadre des grands sujets de la chaîne de télévision RFO1 Guadeloupe, il propose à l’occasion des trente ans de Mai 67 de réaliser un documentaire. Il est confronté à l’absence d’images – indispensables pour un documentaire télévisuel – ou plus largement de documents, mais également surpris par les réticences et résistances à évoquer ce passé douloureux, que beaucoup ne veulent pas réveiller. Il reçoit même plusieurs invitations, voire injonctions, à abandonner ce projet. Le synopsis soumis au directeur de la chaîne obtint l’approbation assortie d’une recommandation de prudence, tant le sujet semblait délicat. Les documents d’archives inaccessibles, l’absence d’images, hormis quelques photos, vont orienter le documentaire vers la forme d’un magazine de 30 min à partir du recueil de témoignages, très précieux puisqu’ils ont permis de conserver trace de plusieurs témoins majeurs, aujourd’hui disparus. Le documentaire ne prétend pas donner la vérité sur mai 67 mais, grâce aux témoignages bien mis en perspective, ouvre de nombreuses questions. Il a été depuis retransmis au moins deux fois, toujours à l’approche du 27 mai, qui marque également la date anniversaire de l’abolition définitive de l’esclavage en Guadeloupe88. Plusieurs documentaires ultérieurs, réalisés entre autres par Alex Robin, ont porté sur la mémoire de 67. À l’occasion du quarantième anniversaire, en 2007, Guadeloupe Première diffuse sur place un documentaire en neuf épisodes de 6 min de Danik I. Zandwonis, Sonjé mé 67 sur le principe également de témoignages recueillis, notamment de jeunes victimes des événements eux-mêmes ou de la répression judiciaire qui a suivi. La même année, un livre pour enfants de l’écrivain Ernest Pépin évoque ce drame. Une fresque murale à Pointe-à-Pitre, inaugurée le 26 mai 2007, le commémore. Dans l’Hexagone, ce sont « les événements de 2009 en Guadeloupe » qui semblent avoir précipité l’intérêt pour cette histoire, souvent découverte à cette occasion. Devant l’ampleur des grèves et leur durée inhabituelle, nombre de journalistes dépêchés aux Antilles se sont trouvés confrontés à l’absence d’une histoire récente construite, les données étant plus nombreuses pour les temps de l’esclavage que pour la période contemporaine. Les explications données à ces mobilisations font alors directement référence à l’esclavage et aux événements de 1967, sans toujours mettre clairement en perspective ce bond temporel. En mai 2009, sur Guadeloupe Première, un documentaire sur les grèves achevées quelques semaines plus tôt, consacrait ainsi une vingtaine de minutes aux seuls événements de 1967. Le 7 mars 2009, l’émission radiophonique Rendez-vous avec X, de Patrick Penot sur France Inter, posait une question qui résonne encore aujourd’hui de façon programmatique : que s’est-il passé en mai 67 en Guadeloupe ? En 2010, un documentaire de 52 min de Xavier-Marie Bonnot et François-Xavier Guillerm, Mai 67, un massacre oublié, produit par France Télévisions est entièrement consacré aux 88 Cette superposition est importante dans ce qu’elle facilite rapprochements, mises en relation, voire analogies. En Martinique, la date de commémoration officielle est le 22 mai. À la différence de la Guadeloupe, en 1794, la Martinique, alors passée aux mains des Anglais, n’a pas connue d’application effective de la première abolition.
événements de 1967 en Guadeloupe. Illustré d’images d’archives, l’enchaînement des faits est établi à partir de témoignages de blessés, des familles des tués, de responsables politiques et syndicaux, palliant ainsi également la rareté des sources écrites. Les évocations et souvenirs ont été eux-mêmes difficiles à obtenir ; plusieurs sources insistent ainsi sur les peurs rétrospectives concernant ces événements89, le silence persistant. Les deux journalistes décrivent pour 1967 un contexte tendu, voire explosif, avec, en toile de fond, la misère et les inégalités maintenues malgré les promesses et espérances nées de la départementalisation90. Ils insistent sur le lien avec les incidents de mars à Basse-Terre, dans un contexte d’élection aux voix une fois de plus détournées ou aux résultats falsifiés. Éléments de sitographie Les sites Internet se sont multipliés depuis 2009 au point qu’il est impossible aujourd’hui d’en proposer une analyse exhaustive ou même de prétendre tous les explorer91. La première occurrence sur « Mai 1967 » dans un moteur de recherche est celle du site Wikipédia, signe sans doute de l’importance prise par ces événements. Sans surprise, beaucoup de sites ne font que reprendre ou emprunter des éléments sans mentionner leurs sources et peuvent donner, par leur simple cumulation, l’illusion d’une vérité. Le principal point d’achoppement reste le nombre de victimes. « En mai 67, l’armée française tire dans les rues de Pointe-à-Pitre sur des émeutiers, aujourd’hui encore le bilan du nombre de morts est incertains, de 8 à plus de 100 ! » 92 Un site n’hésite pas à parler de 200 morts sans prendre le soin d’étayer ses dires. Le chiffre « officiellement » évoqué de 87 peut aussi entraîner des raccourcis : le site en ligne du journal 20 minutes, en date du 18 février 2009, commentant les grèves qui « paralysaient » la Guadeloupe, présentait dans un entrefilet intitulé « Le précédent » : « Mai 1967 : 87 ouvriers du bâtiment qui réclament une augmentation des salaires sont tués dans des émeutes par l’armée française, qui craint alors un complot indépendantiste. » Toutefois, la place occupée désormais par ces événements peut, à l’inverse, susciter des oppositions et prouve combien leur évocation même est source d’enjeux.
Ainsi, l’article d’Édouard Boulogne du 27 mai 2010 minore l’importance accordée et en conteste les démarches. Le citer n’est pas lui donner raison mais permettre de mieux mesurer les dimensions de cette contestation. « Chaque année, nos commémorateurs nous servent et nous resservent les ruminations récurrentes des obsédés de mai 1967. Point de recherche historique, dans ce flux obsessionnel. Mais les actes “mémoriels” des anciens combattants du séparatisme guadeloupéen, ces vieillards ergotant et gâteux du GONG (Groupe d’organisation nationale de la Guadeloupe), ont peu de choses à voir avec l’histoire de la Guadeloupe. » L’idée d’un complot indépendantiste et du bouc émissaire commode constitué par le GONG, orchestrée par l’État en 1967, a donc la vie dure
89 Le site Bakchich, sous le titre « La Guadeloupe n’a pas oublié les événements de mai 1967 », rapporte les propos du Dr Michel Numa, 76 ans, « ancien militant indépendantiste qui était en prison à Paris au moment du massacre » : « Les gens ont encore peur quarante ans après. Ils voudraient être sûrs qu’ils ne risquent rien à témoigner. » 90 Ce documentaire a été rediffusé à plusieurs reprises, par exemple, le 15 janvier 2014 dans 50 ans de faits divers sur 13e rue et sur Planète+ Justice 91 À partir d’un moteur de recherche, 115 000 occurrences Internet pour « mai 67 Guadeloupe » en janvier 2015, 534 000 résultats le 23 septembre 2016. 92 Site www.atoutguadeloupe.com/Emeutes-du-25-26-27-mai-1967-en-Guadeloupe. 93 Sur le site www.lescrutateur.com/ « mai-67-en-guadeloupe-ou-les-begaiements de l’histoire ». 79 Il ne saurait être question ici de se livrer à un décryptage de tous ces différents discours, mais on peut néanmoins indiquer quelques pistes d’analyse à partir des termes employés, des images et analogies utilisées, des explications avancées, des continuités suggérées ou affirmées. Entre les sites d’information, journalistiques et ceux ouvertement militants, ce qui domine c’est le besoin de compréhension de l’occurrence d’un tel drame, les raisons d’un massacre. Un premier axe d’analyse concerne la qualification de ces « événements ». Le terme lui-même est ambigu. Il participe d’une euphémisation, qui en minimise l’ampleur. On connaît ainsi l’usage longtemps fait du mot pour ceux de l’Algérie. S’il ne s’agit évidemment pas ici de guerre, tuerie ou massacre semblent toutefois mieux correspondre pour leur désignation. Et sans doute faut-il rappeler que dans son déni de la possibilité même de construire une histoire aux Antilles, l’écrivain Édouard Glissant interpellait la non-opérationnalité de cette notion : « Qu’est-ce qu’un événement, pour nous ? Un fait qui s’est produit ailleurs, sans nous, et qui retentit pourtant ici et en nous. » 94 Or, il semble que si ceux de 1967 sont subis, ceux de 2009 au contraire ont pu marquer la réappropriation sinon d’un destin, du moins d’un avenir, la possibilité d’agir sur celui-ci et d’infléchir des orientations trop souvent pensées et décidées d’ailleurs. La possibilité de « domicilier la prise de décision locale » 95 est au cœur des enjeux politiques contemporains pour ces anciennes colonies, dont on commémore, en 2016, le 70e anniversaire de la transformation statutaire en départements. Si le mot « d’incidents » a pu être employé dans les rapports officiels pour les événements de mars 1967 à Basse-Terre, cette qualification ne peut correspondre à la violence de ceux de mai. Parmi les mots privilégiés pour qualifier ces faits, ceux de « massacre » (par exemple « Le massacre de mai 1967 », site Une autre histoire : histoires oubliées, histoires occultées) ou « d’émeutes » (site Wikipédia), quelquefois employés conjointement, reviennent le plus souvent, ce dernier, toujours employé au pluriel, servant parfois, comme indiqué précédemment, à souligner des continuités : « Les précédentes émeutes en Guadeloupe » 96. Le Monde du 28 mai 2009 préfère insister sur « Une tragédie refoulée » ouvrant ainsi, derrière silence et oublis, les dimensions mémorielles et leurs enjeux. Nombre de sites rappellent aujourd’hui un « devoir de mémoire » ou la nécessité de construire cette histoire antillaise. « L’histoire ne passionne pas les foules… croit on ! », conteste un site avec cette invitation : « Refusons l’oubli, écrivons sur cette période ce que nous savons. » 97 94 Édouard GLISSANT, Le Discours antillais, op. cit., p. 100. 95 Fred RENO, « L’Existant et les champs du possible », in Claude EMERI, Jean-Pi
02 ) Extrait final de la Conclusion :
« Pour reprendre encore les mots de l’actuel président de la République, pour qu’une mémoire soit apaisée elle faut qu’elle soit connue. Mais les politiques de réparation semblent souvent limiter le champ des possibles au niveau de la catharsis15, comme s’il 11 Site www.lameca.org. 12 Jacques DUMONT, L’Amère patrie, Histoire des Antilles françaises au XXe siècle, Paris, Fayard, 2010. 13 Camille DARSIÈRES, Les Origines de la nation martiniquaise, Fort de France, Éditions Désormeaux, 1974. 14 Édouard DE LÉPINE, Questions sur l’histoire antillaise, trois essais sur l’abolition, l’assimilation, l’autonomie, Fort de France, Éditions Désormeaux, 1978, 4e de couverture. 15 Voir la contribution de Serge TISSERON, dans le travail pluridisciplinaire de Denis PÉCHANSKI et Denis MARÉCHAL (dir.), Les Chantiers de la mémoire, Paris INA éditions, 2013. 86 suffisait d’évoquer la douleur ou de la commémorer pour qu’elle s’efface ou que ses effets disparaissent. La nécessité d’une histoire construite et accessible, sereine et partagée continue de passer par le programme qu’ouvrait déjà De Lépine en 1978. Il concerne finalement tout travail sur le passé : « La récupération de notre histoire, c’est d’abord le repérage sans complaisance des écueils sur lesquels nous avons échoué, des illusions que nous avons nourries, des faiblesses que nous n’avons pas su corriger à temps. » 16 Avec le travail de la commission historique exposé dans ce rapport, nous espérons avoir contribué – modestement – à ce qu’un discours commun puisse progressivement s’élaborer, en fonction aussi de nouveaux éléments et de nouveaux témoignages à recueillir, de façon à ce qu’ainsi les mémoires puissent s’apaiser.
24 octobre 2016 Benjamin STORA, président Michelle ZANCARINI-FOURNEL, secrétaire générale Sylvain MARY, secrétaire administratif Jacques DUMONT, Laurent JALABERT, Serge MAM LAM FOUCK, Louis-Georges PLACIDE membres de la commission Avec la collaboration d’Edenz MAURICE, doctorant sur l’école en Guyane »
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On pourrait croire toute l'affaire réglée. Que nenni ! Que deviendrait « l'argumentation », de nos militants séparatistes devant la réalité des chiffres, et des faits? Un déni négationniste.
C'est dans l'ordre. Et cela n'est pas étonnant.
Ce qui l'est c'est l'étrange silence de nos médias, en particulier de Guadeloupe 1ère, radio/TV de service public, qui sans prendre position pouvait accomplir, simplement, son travail d'information, donc les résultats des travaux de la Commission d'historiens.
Il n'en est rien.
Cela n'étonne pas le Scrutateur, et les gens honnêtes.
Le Scrutateur.