24 Novembre 2016
( Voici une rubrique du Scrutateur, qui doit vous intéresser. Elle ne fait pas double emploi avec les commentaires d'articles. Ceux-ci, en augmentation lente, mais constante, est faite de vos réactions aux articles.
« La voix des lecteurs »vous donne la parole, la possibilité d'enrichir notre blog de vos idées, réflexions, poèmes, réactions propres à l'actualité en général.
Bien entendu je ne publierai que ce qui ne s'en prend pas, éventuellement, aux personnes, au-dessous de la ceinture comme on dit
Les articles signés seront plus particulièrement bien venus. Mais il y a, je le sais d'excellentes raisons, qui ne relèvent pas de la couardise, mais plutôt de ce qu'on appelle le devoir de réserve, à l'anonymat, ou au pseudonyme. Ces articles seront pris en compte. Mais il faudra, que je puisse identifier les expéditeurs de façon précise. Ma discrétion à leur égard étant assurée.
Maintenant, chers lecteurs, à vous de jouer.
Edouard Boulogne) .
PS : Les propos de lecteurs, n'expriment pas toujours le point de vue du Scrutateur. Ils s'expriment librement. Le Scrutateur n'intervient que pour écarter les attaques qui viseraient des hommes et des femmes, de façon insultante, « au-dessous de la ceinture » comme on dit.
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« Il faut vite en finir avec cette maudite tentation française d’américaniser nos institutions gaulliennes »
Par Sully TACITE, Secrétaire départemental du PCD-Guadeloupe.
Un véritable succès ! Une indiscutable réussite : les éloges fleurissent de toutes parts ! À l’évidence, les primaires sont devenues le nec plus ultra de la modernité politique française. Pourtant, à y regarder de plus près, il y a comme un hiatus qui ne dit pas son nom. Entre ces éloges et la réalité menaçante qui est en germe dans cette pratique des primaires.
Un fait, un seul devrait nous conduire à nous interroger. 600000 (soit 15% des suffrages exprimés) électeurs de la gauche française ont voté à l’occasion de ces primaires ouvertes de la droite et du centre. L’unique motivation donnée par les intéressés à une telle mobilisation partisane : faire barrage à Sarkozy !
Ce fait aveugle, le seul qui devrait faire l’objet d’une attention particulière, d’une analyse sérieuse, est complètement sous-estimé par les observateurs et analystes politiques français. Pourtant, il est lourd de menaces sur l’avenir de la démocratie française et sur le devenir de nos institutions.
Cette mobilisation partisane pour « faire la peau à Sarko » constitue en réalité un dangereux précédent. Qui nous dit que dimanche prochain, les électeurs de la gauche française ne vont pas se mobiliser pour cette fois « flinguer Fillon » ! Cette chasse à l’homme officiellement ouverte samedi dernier où s’arrêtera-t-elle ?
Comme je l’affirmais dans une interview récente donnée au Scrutateur, les primaires « ouvertes » à la française sont une invention dangereuse qui risque de créer une véritable chienlit dans notre démocratie républicaine. On le voit déjà : la désignation du candidat de la droite risque d’échapper au désir et à la volonté du peuple de droite. Et inversement demain, si les primaires de la gauche seront « ouvertes », la désignation du candidat de la gauche française risque également d’échapper aux désiderata du peuple de gauche. Comment peut-on se satisfaire d’un tel désordre politique ?
Comme chacun le sait, les primaires françaises sont une imitation insensée de la pratique politique américaine. Sauf qu’aux Etats-Unis d’Amérique, le Président de la République est élu non directement par le peuple mais par de grands électeurs. Sauf qu’aux Etats-Unis d’Amérique, les primaires partisanes ne sont pas « ouvertes » ; les électeurs du parti démocrate ne participent pas et ne votent pas aux primaires du parti républicain. Il y a là manifestement une cohérence que l’on ne retrouve pas dans les primaires dites « ouvertes » à la française.
Ce bazar électoral des primaires à la française doit être corrigé, sous peine de voir se mettre en place un système qui risque d’aboutir aux pires marchandages ou manipulations politiques. Il en va de la cohérence et donc de la bonne santé de la démocratie française.
Ces primaires « ouvertes » ne sont en réalité que l’expression de la maudite tentation française d’américaniser nos institutions. Sur ce point, la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans s’avère également une imitation du plus fâcheux effet. Aujourd’hui, du fait de la réduction de son mandat, le Président de la République française est devenu un super Ier ministre et le Ier ministre s’est vu rabaissé au rang de simple collaborateur du chef de l’Etat.
Autrement dit, avec le quinquennat, les articles 20 et 21 de la constitution n’ont plus aucun sens. Et le Président de la république qui, du fait de la constitution de 1958, se devait de se placer au-dessus de la mêlée, au-dessus du jeu des partis, se retrouve de facto chef de la majorité parlementaire et doit désormais s’impliquer dans la gestion gouvernementale. Ce n’est plus un souverain républicain, impartial et visionnaire. Mais un chef de clan qui, jour après jour, mois après mois, doit rendre compte de la politique gouvernementale notamment en commentant les courbes mensuelles du chômage. Cette situation est tout simplement contraire à l’esprit de nos institutions.
Il y a là une dénaturation perverse qui ne dit pas son nom. Sauf à accepter de revenir au régime des partis avec son lot de chamailleries permanent. Sauf à accepter une régression vers un régime d’assemblée de triste mémoire. Il est urgent que l’on revienne à l’esprit de la constitution de 1958, seule garante des équilibres fondamentaux qui correspondent à la nature de la société française. Il faut vite en finir avec cette maudite tentation française d’américaniser nos institutions gaulliennes. Sinon….