Dire qui a dominé ce débat relève de la gageure. En revanche, on peut dire quels en sont les queues de peloton, en dehors - ou presque, pour être le moins malhonnête possible - de tout affect.
Disons, pour ce qui est des très mauvaises notes que les trois derniers, sans qu'il soit possible de hiérarchiser scientifiquement leur relative médiocrité sont, par ordre de galanterie puis par ordre alphabétique Miss Primaire 2016/2017 alias NKM, le dénommé Copé et le dénommé Le Maire - quel malheur pour ce dernier qu'il ne s'appelle pas plutôt Le Président ! c'eût été pour lui la seule manière d'être... Monsieur Le Président.
Monsieur Le Maire a donc choisi de se singulariser en étant le seul - journalistes compris - de tous les hommes présents sur le plateau à ne pas porter de cravate. Première erreur, première cause de disqualification dès le premier coup d'œil, tout ça parce que Monsieur a voulu jouer la carte du look, du style, du genre, de l'image. Bref ! parce que Monsieur a voulu faire le malin, se faire remarquer, quoi ! En d'autres termes, se différencier par le petit bout de la lorgnette.
La suite fut sans surprise : plus Rantanplan que jamais, Monsieur Le Maire projette sur la banalité de ses propos, qui ne se distinguent en rien par l'intelligence de l'originalité ou de la séduction, un regard qu'il voudrait perçant : le regard qui tue. Qui, en réalité, et en ce qui concerne Monsieur Le Maire... celui qui le brandit car rien de naturel, rien de spontané, rien de sincère ne perce sous ce regard semi-martial. Car Monsieur Le Maire prend même l'air presque fâché pour se donner l'air presque important parce que presque dépositaire d'autorité.
Sur qui peut-il faire illusion, le désarmant Monsieur Le Maire qui n'est pour sa part armé que de sa prétention à incarner... sa prétention un peu ridicule et même très ridicule, de l'avis des plus sévères ?
Pour continuer à remonter à l'arbre de l'ordre alphabétique, observons que le discours de Monsieur Copé est un peu comme une montre arrêtée affichant occasionnellement l'heure juste : il n'est pas que sans intérêt sans être pour autant d'un très grand intérêt. Pour sa part, Monsieur Copé ne doute de rien. Surtout pas de la bonne opinion que tout le monde devrait partager avec lui de lui-même. Il n'y a rien de répugnant dans son aspect, dans son ton, ou dans ce qu'il dit, juste un peu d'agacement de le voir si satisfait de lui-même que la vantardise paraît une assez proche voisine de son credo politique. Quelques-unes de ses frappes sont très pertinentes, seule fait horreur à la nature le vide qui flotte autour de la candidature de celui dont on ne doute pas qu'il soit un excellent maire de Meaux. Mais cet aigle de Meaux devrait se tenir à l'écart des cimes impériales, sous peine de profiter de l'hospitalité de Sainte-Hélène avant même de goûter à celle des Tuileries.
Enfin, Madame NKM, malgré une conclusion assez brillante qui eût pu être convaincante à la seule condition que l'on entende la peu surprenante NKM pour la première fois et surtout qu'elle n'ait pas pris la parole une seule fois au cours de la confrontation de plus de deux heures qui l'avait précédée. Car auparavant, on avait l'impression d'avoir affaire à Stéphanie de Monaco méditant le message de Chirac invitant à méditer le "message" de François Mitterrand, lequel venait de débarrasser pour de bon le plancher des vaches quelques jours plus tôt. Oui, de temps en temps, Stéphanie de Monaco s'effaçait derrière François Mitterrand, sincérité des convictions et franchise comprises. Mais chacun sait que la candidature de NKM est avant tout folklorique, d'un point de vue général et absolument indispensable à la bonne tenue du débat, si on épouse le point de vue narcissique de la postulante tant le selfisme y écrase le sophisme pourtant à l'honneur dans son discours. Quelle classe ! doit penser Kim Kardashian avec une pointe de jalousie.
Dans le classement des bonnes performances, citons Messieurs Fillon (catégorie DVEAC - Déjà Vu Et Archi-Connu) et Poisson (catégorie PETBI - Pas Encore Très Bien Identifié) - qui s'en sont plutôt très bien sortis tous les deux alors que les média mainstream avaient déjà organisé la rencontre autour de Messieurs Sarkoppé et Juzy - pardon ! Juppé et Sarkozy - dont ils ont consacré le triumvirat (à deux) en attendant que l'un des deux champions fasse son triumvirat tout seul.
Messieurs Fillon et Poisson ont sans doute été les plus posés, dégageant tous les deux une véritable autorité intellectuelle. Les deux ont su tirer avantage de leur expérience, Monsieur Fillon mettant dans la balance, en filigrane pour que ce ne soit pas grossier, le poids de son expérience et Monsieur Poisson rappelant fort à propos le temps passé et les engagements pris pour rappeler la contribution responsable et collective des "réparateurs d'avenir" pour tout ce qui est dommages incontestables infligés à la France et aux Français, depuis 1974 d'une part, depuis 1993 d'autre part, et pas seulement par la gauche (déclarée).
Que dire des deux poids lourds médiatique qu'ils ont joué leur partie avec un style et une technique que chacun connaît et a pu reconnaître, en admettant que Monsieur Juppé a été un peu long a sans doute été un peu long à s'échauffer et sans doute un peu moins maître des chiffres qu'on n'aurait pu l'attendre de lui, sa mécanique intellectuelle étant par moment moins agile et moins précise qu'attendu ?
Reste qu'ils n'ont pas capté toute la lumière de cette rencontre, peut-être parce qu'ils en avaient déjà trop reçue auparavant. Aussi ce débat qui devait tourner autour de Messieurs Juppé et Sarkozy les aurait plutôt éclipsés. Bien malin qui peut dire ce qui en ressortira dans l'opinion publique après que les média auront fait leur petit travail de correction dans la plus parfaite correction politique.
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