29 Septembre 2016
Le silence sied à madame Le Pen. En cette fin d'été on ne l'entend pas beaucoup, ni même ses collaborateurs dirigeants du Front National. Et ce n'est pas par une mauvaise volonté médiatique. Le temps de la mise en pénitence du parti national semble passé.
S'il y a silence, c'est que la candidate le veut ainsi; c'est qu'il lui agrée, la conforte.
Dans le même temps le vacarme caractérise la primaire ( bien nommée ) de « la droite et … du centre » ( comme a failli dire ce matin François Bayrou au micro d'Elkabach se retenant au dernier moment après avoir failli oublier que le centre ne peut pas en être ….. puisqu'il n'y est pas ).
Oui, ce vacarme était prévisible, puisque les discussions de marchands de tapis ne font pas partie ( officiellement en tout cas ) de la culture électorale de la droite.
Le résultat est là, tel qu'il était espéré par la gauche, et par les frontistes : un capharnaüm, un souk où se débattent gladiateurs, rétiaires et mirmillons mais guère d'hommes d'Etats, même en puissance.
Pour parodier François Fillon : « vous voyez, vous, le général de Gaulle participer à une primaire »?
La Gauche, elle, est si faible, si fascinée par son bilan exceptionnellement négatif, et la déliquescence de son chef actuel pour encore six mois, qu'elle ose à peine se réjouir des mécomptes de la pseudo droite, se contentant de lui adresser en guise de missiles les petits coups de ses magistrats les plus stipendiés. ( les magistrats indépendants ayant été mis hors-jeu par les moyens les plus discutables : http://www.huffingtonpost.fr/eric-ciotti/francois-falletti-christiane-taubira_b_4745836.html ).
Cette gauche cependant ne désespère pas, confiante dans la capacité des siens de se rassembler pour … « sauver les meubles » dirons nous par euphémisme généreux et l'assurance d'une main tendue livrée, le cas échéant par l'un des rétiaires de « la droite » où elle a des obligés.
Toute cette salade politico médiatique sied également à Marine Le Pen.
Le sourire ( sardonique ) est désormais l'image que donne d'elle-même la fille de Jean-Marie.
Comment ne pas la comprendre, en ce jour où Valeurs Actuelles publie cette photographie de l'opinion en ce 29 septembre :
« Selon le sondage du mois d'octobre de TNS Sofres-OnePoint pour Le Figaro Magazine, Marine Le Pen est la troisième personnalité que l'ensemble des Français veulent voir jouer un rôle politique important dans les mois à venir. Seulement devancée par Alain Juppé et Emmanuel Macron, elle réalise le meilleur score de l'histoire du parti.
L'élection présidentielle approche, et tous les regards scrutent chaque mois les nouveaux sondages. Ceux pour qui ils ne sont pas flatteurs disent qu'ils ne sont pas intéressants, que la vérité se trouve dans les urnes. De fait, les enquêtes d'opinion ont souvent tort. Mais en attendant le vote, les candidats des différentes primaires et ceux qui ont déjà annoncé leur candidature à la présidence de la République n'ont pas beaucoup d'autres indicateurs pour connaitre leur niveau de popularité.
Traditionnellement sous-estimée par les sondages (ainsi que les candidats du Front national en général), Marine Le Pen réalise ce mois-ci un score historique. La fille du co-fondateur du parti se trouve en troisième position des personnalités politiques que les électeurs souhaitent voir jouer un rôle dans les mois à venir, selon le sondage de TNS Sofres-OnePoint pour Le Figaro Magazine au mois d'octobre. Elle se trouve ex æquo avec Bayrou, Mélenchon et Fillon, mais devant Royal, Aubry et Sarkozy.
Le grand perdant de cette enquête est, une nouvelle fois, le président Hollande. Plus les semaines passent, plus l'annonce de sa candidature devient évidente, et plus son score s'effondre. Rejeté par l'opposition, le chef de l'Etat est aussi désavoué par une large partie de la gauche. Seuls 41% des socialistes lui font confiance.
De l'autre côté, Alain Juppé confirme son statut de chouchou des sondages. Le candidat à la primaire de la droite et du centre reste en tête du baromètre, grâce aux voix récupérées dans tous les bords politiques. En tête chez les Républicains (62%), il rassemble aussi chez l'ensemble des sympathisants de droite (48%), et plus étonnamment chez les socialistes (47%). Le temps joue en sa défaveur, et les deux mois qui le séparent de la primaire peuvent faire bouger les choses. A moins que la métaphore animalière de l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin à son égard ne se réalise? Lors d'un meeting, il disait que Juppé était une gazelle, et qu'il ne serait jamais rattrapé par le lion Sarkozy ». ( http://www.valeursactuelles.com/node/65448 ).
Laissons l'avenir venir, et se faner les métaphores animalières.
Ce que déplorent en tout cas les Français lucides, et patriotes, c'est que présentement, la pléthore de candidats dissimule une déplorable pénurie d'hommes d'Etat.
De Gaulle avait prévu cet état de choses, lorsque dans le beau livre de Malraux Les chênes qu'on abat, il avait dit « Vous verrez qu'ils s'acharneront à détruire tout ce que nous avons fait ensemble».
Il prévoyait pourtant un redressement possible, car il connaissait l'histoire de la France ce pays qui ne cesse au cours des siècles de rouler de la plénitude au déclin, puis au renouveau.
Ce contemporain d'André Maurois avait dû lire Les dialogues sur le commandement où il est dit : « Quand ils ont fait de leurs affaires un si beau gâchis qu'ils ne peuvent plus ni manger, ni dormir, ni élever leurs petits enfants, alors ils appellent le faiseur d'ordre, le maître sorcier ».
Je doute que Marine ait lu ce roboratif ouvrage. Son père a pu lui en parler.
Ses adorateurs lui vouent sûrement ce rôle de faiseuse. Les électeurs plus tempérés que nous sommes se garderont de flamber trop vite et de chanter mâtines, dans notre nuit, comme les Chartreux.
Car on sait que Jeanne, elle, avait entendu les voix, et qu'elle était ... la Pucelle!
Le Scrutateur.