31 Août 2016
Il y a trois ans, j'ignorais qui était Emmanuel Macron. En 2014, seulement, quand il fut nommé ministre des finances, j'appris qu'il était depuis plus d'un an conseiller du « président » de la République.
Mon diagnostic fut qu'il s'agissait d'un jeune socialo, désirant faire carrière.
Je voulus pourtant en savoir un peu plus, quand j'eus lu que Macron qui avait fait Normale Sup, et de la philo, avait été un disciple de Paul Ricoeur.
Or je connaissais un peu M. Ricoeur pour avoir suivi de ses cours à la Sorbonne, ( jadis plus que naguère ).Et ce penseur, de gauche, mais d'une gauche de philosophe c'est-à-dire idéalisée, fantasmée, loin des sentiers obliques où l'on peut rencontrer des Cambadélis. De gauche donc, mais honnête, profond, et chrétien de tradition protestante.
Alors me revint le nom de Macron là où je l'avais rencontré pour la première fois, c'est à dire à la fin de l'avertissement du livre de Ricoeur publié au Seuil en l'an 2000, et titré La mémoire, l'histoire, l'oubli. Dans cet avertissement, comme il est de coutume, l'auteur remerciait ceux qui l'avaient aidé dans l'élaboration et la mise au point d'un livre de 680 pages denses, difficiles. Il disait : « Et je remercie Emmanuel Macron à qui je dois une critique pertinente de l'écriture et la mise en forme de l'appareil critique de cet ouvrage »
Dès lors me dis-je, Macron à l'âge de 20 ans a longtemps fréquenté Ricoeur, sur des sujets de philosophie, de spiritualité haute. Il est impossible, qu'à cette époque au moins, il n'ait pas subi son influence.
Mais 16 années se sont passées depuis, et un jeune homme doué, Platon le disait déjà il y a 2500 ans, peut facilement céder aux mirages de l'ambition et aux attraits du mirage démocratique, et des manipulateurs, et grands sorciers, qui y naviguent à tous les niveaux de profondeur.
Donc, prudence, me dis-je, devant le petit Emmanuel si revêtu qu'il paraisse de probité candide et de lin blanc.
Pourtant le chérubin depuis assez longtemps déjà agaçait les dents de la camarilla socialiste. Il osait dire, que ce n'était pas le peuple de France qui avait voulu l'assassinat du roi Louis XVI, il participait joyeusement aux commémorations du sacrifice de Jeanne d'Arc, il osait même paraître aux côtés de Philippe de Villiers ( horresco referens ! ) sur la terre martyrisée de Vendée.
C'était bien.
Mais c'est insuffisant. Qui sait si Chérubin, malin comme un singe ( j'ose ici la comparaison ! ) n'épate pas tout le monde ( enfin presque parmi les gens qui pensent ) pour mieux l'enfariner.
Voici chers amis, là où j'en suis de mes hypothèses sur le jeune Macron.
Il émane de lui une certaine fraicheur devenue rare dans le marécage.
Mais, malheur à ceux qui prennent leurs désirs pour la réalité. La politique exige de nous réalisme, et lucidité.
Attendre et voir.
Le Scrutateur.
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ar Guillaume Tabard
Mis à jour le 30/08/2016 à 19h52 | Publié le 30/08/2016 à 19h46
LE CONTRE-POINT DE GUILLAUME TABARD - La démission d'Emmanuel Macron est d'autant plus embarrassante pour le chef de l'État qu'elle n'apporte aucune clarification.
François Hollande, l'expert en tactique, s'est donc fait avoir par Emmanuel Macron le novice. L'avantage est toujours à celui qui maîtrise le calendrier et c'est le ministre démissionnaire qui a pris l'initiative. Ce divorce entre le président et celui «qui sait ce qu'il me doit» était prévisible ; il était devenu irréversible. Le chef de l'État aurait pu faire preuve d'autorité en décidant de le renvoyer; comme il l'avait fait avec Arnaud Montebourg il y a tout juste deux ans - à la demande de Manuel Valls il est vrai. Au lieu de cela, il a cru pouvoir temporiser, dédramatiser et finalement tirer profit du flou. Résultat: c'est Macron qui a fixé le tempo. Et qui, après avoir entretenu le doute sur son départ du gouvernement, va entretenir le suspense sur sa candidature à l'élection présidentielle.
Emmanuel Macron voulait la liberté totale de construire l'avenir. Un avenir qui, à ses yeux, ne peut plus passer par l'actuel chef de l'État
Cette démission du ministre de l'Économie est d'autant plus embarrassante pour le chef de l'État qu'elle n'apporte aucune clarification. En août 2014, l'éviction du trio Montebourg-Hamon-Filippetti permettait au moins à François Hollande de revendiquer une ligne claire, d'afficher la cohérence d'un dispositif social-libéral. Là, même si Emmanuel Macron peut regretter de n'avoir pas pu aller aussi loin qu'il l'avait espéré, difficile d'invoquer une grave divergence de ligne. Il ne voulait pas plus de capacité d'agir, il voulait la liberté totale de construire l'avenir. Un avenir qui, à ses yeux, ne peut plus passer par l'actuel chef de l'État. En quittant le gouvernement, l'ex-ministre de l'Économie montre publiquement qu'il ne croit plus en la capacité de rebond de Hollande et qu'il y a urgence à quitter le navire avant qu'il se fracasse. Avant même de préciser ses intentions pour 2017, Macron dit en quelque sorte: Hollande c'est le passé.
Ce départ affaiblit donc le président car après s'être privé de son flanc gauche il est privé de son flanc droit et voit ainsi son espace se rétrécir un peu plus. Mais c'est surtout le futur candidat à un second mandat qui est aussi déstabilisé. La primaire à gauche, annoncée par surprise avant l'été, était un moyen habile pour permettre à Hollande de se relégitimer. Or après Montebourg qui ne fait pas de la primaire un passage obligé de sa candidature, c'est Macron qui va ignorer un processus bien trop étroit au regard de la rénovation politique qu'il entend porter et incarner. La primaire banalisée, le candidat Hollande peut se retrouver concurrencé, attaqué de tous les côtés, voyant un peu plus s'éloigner les chances d'accéder au second tour de la présidentielle.
Mais la gauche n'est pas seule dans le viseur de celui qui n'est pas «socialiste». Celui qui séduit les chefs d'entreprise, exalte la figure de Jeanne d'Arc, visite le Puy du Fou et, surtout, est une personnalité nouvelle dans le paysage politique pourrait aussi mordre sur l'espace de droite et du centre; et compliquer la démarche d'un Alain Juppé ou d'un François Bayrou