30 Juin 2016
Sur facebook un de mes amis, M. Luc André, publiait ce matin le billet suivant :
« Le déni du métissage entretient durablement certains complexes.
J'ai longuement écouté et cherché à comprendre comment les individus abordaient le problème des races, des couleurs et du métissage.
Pour mon dernier post, j'ai voulu dénoncer ce complexe entretenu et alimenté par un passé douloureux.
Au lieu de se débarrasser de ces chaines qui emprisonnent les cerveaux, l'on préfère accepter la définition et la répartition des races qui viennent la plupart des autres.
Hier encore, une enseignante me disait qu'un homme ayant dix pour cent de "sang noir" devait être rangé parmi les "Noirs" et que tout métis ne pouvait être que noir.
Celà signifierait-il que tout ce qui n'est pas blanc est noir?
La pureté ne concernerait que la "race dite blanche"?
Le métissage a sa place dans plusieurs domaines et pour ce qui est de l'humain je ne peux refuser d'admettre que le metissage des peuples interdit une quelconque hiérarchie ou classification en fonction de couleurs qui ont trop longtemps pollué le cerveau humain.
Pourquoi devrions nous renier nos origines diverses pour tenter d'exister à travers une race ou une couleur.
"La race n'est qu'un prétexte pour nourrir un complexe"( Luc André ).
Le sujet, chez nous, on le sait, est « chaud » et sujet à polémique.
Je reproduis ci-dessous mon propre commentaire à la « provocation » ( à penser ) de Luc André.
Le Scrutateur.
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Un des meilleurs traités de logique, celui de M. Goblot, définit le genre et l'espèce :
« Les deux mots genre et concept se distinguent par une nuance assez délicate, mais presque toujours observée : le genre est l'idée générale envisagée surtout au point de vue de son extension; le concept, l'idée générale envisagée surtout au point de vue de sa compréhension. Ainsi on dit plutôt le genre homme, si on songe aux individus en nombre indéfini auxquels ce mot peut être attribué; on dit plutôt le concept d'homme, si on songe aux qualités qui sont communes à tous les hommes ». |
( « L'extension » d'un concept, en logique, désigne le nombre d'individus auxquels s'applique la « compréhension » du concept. Par exemple, il y a sur la terre, aujourd'hui 30 juin 2016, environ 7 milliards d'hommes.
Cette humanité rassemble ( du point de vue de la « compréhension » – ce que le mot comprend et range sous son signe - ) les caractères propres à tous ceux qui sont : des mammifères de l'ordre des primates, à station verticale, à langage verbal articulé, à main préhensile, ( la capacité d'opposer le pouce aux autres doigts ). Humanité regroupe donc tous les individus qui rassemblent ces caractères fondamentaux, quelle que soit leur « race ».
Quant à « l'espèce » du point de vue des sciences naturelles elle est définie ainsi : «
Ensemble de tous les individus semblables ayant en commun des caractères qui les distinguent au sein d'un même genre et qui sont capables d'engendrer des individus féconds ». |
Cette notion d'espèce est la plus proche de ce que le langage ordinaire dénomme la « race ». Le mot race est surtout employé en un sens pratique, dans la vie quotidienne : « c'est un noir, un blanc, un jaune, un métis ».
Il a pris un sens péjoratif surtout à partir du XIX ème siècle, le siècle du positivisme, du scientisme, qui a inspiré l'idée d'une inégalité des « races », et plus particulièrement au XX ème siècle l'idéologie nazie ( national socialisme ).
Chez nous aux Antilles, à l'origine de la colonisation il n'y avait pas de « racisme » au sens strict du terme ( voir par exemple L'esclavage avant 1789, de Lucien Peytraud, édité chez Dessormeaux ).
Mais peu à peu pour des raisons d'ordre économiques, une idéologie hiérarchisante des races ( le racisme ) s'est créée. Les blancs ont été au sommet de la hiérarchie. Et de même qu'en Europe, les gens d'origine modeste pouvaient se ridiculiser en imitant les nobles « hommes au sang bleu » ( notion sans support scientifique ), comme dans la pièce de Molière Le bourgeois gentilhomme, de même des noirs, hommes de condition « inférieure » ( socialement parlant ) ont voulu « se blanchir ». Il reste de cela des séquelles, qui devraient, me semble-t-il disparaître, avec le temps, et à condition qu'on le veuille. Disparaître, à condition qu'elles ne soient pas entretenues par des idéologues à des fins de manipulations des masses.
C'est la raison pour laquelle je considère que « l'antiracisme » à la mode rend un mauvais service à l'évolution positive des moeurs en matière de racisme. « L'antiracisme » étant conçu, selon moi, par des ambitieux qui veulent se servir de résidus de « complexes » anciens ( et de ses séquelles ) pour conquérir et asseoir leur pouvoir sur ceux qu'ils appellent leurs « frères », et qui constituent, de fait, une matière première de leurs ambitions.
Nous ne sommes pas, sur ces questions dans l'ordre de la physique ou de la chimie, c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas de mettre en rapport des substances physico-chimiques, dont le rapport engendrerait mécaniquement des résultats nécessaires et prévisibles.
Nous sommes dans le domaine des passions humaines, où rien n'est simple, et où, cette modeste analyse, pourrait bien me valoir des réactions indignées, et haineuses, surtout de la part de ceux qui se seraient sentis visés par mon allusion à un « antiracisme » comme forme humaine de manipulation à des fins politiciennes. Sur ces questions je me suis expliqué à maintes reprises sur mon blog Le Scrutateur ( www.lescrutateur.com ).
Le Scrutateu