24 Mai 2016
Le professeur Elhès s'apprêtait à passer une soirée tranquille, toute occupée de lecture. L'âge venu, - ses anciens élèves – Dieu sait pourquoi, évoquent volontiers de racornissement des cellules corticales qui ramènent à la paix de l'âme et à des lectures très anciennes. « Le maître » écoute, impavide, mais le front plissé. Ce soir, le 23mai, Elhès se réjouissait d'avance, de la relecture du Bon petit diable de la Comtesse de Ségur, qui lui avait servi, olim ( jadis ), de soupape de sécurité, lui permettant de reporter des tonnes de ressentiment à l'encontre de sa vieille et bonne institutrice des années quarante, laquelle croyait efficace de masquer sa fibre maternelle sous les couleurs des maîtres et maîtresse de ses années-là, terribles et tonnants.
Il l'avait surnommée « Man Balico » et se la représentait aussi sous les traits de l'odieuse madame Mac-Miche, du roman de Ségur.
Elhès, sirotant son wkisky du soir, les paupières rabattues, - écoutant d'une oreille distraite la ritournelle quotidienne des faits divers, sélectionnés pour (non sans succès ) plonger le public, dans l'état qui convient à leur « gouvernance », - soudain sursauta.
La voix de l'animateur de son émission préférée « Dwa dans les yiés » tranchait sur le
morne. « Tiens! se dit-il, y aura peut-être du sport ! ».
Trente secondes plus tard, l'espérance était descendue, pire que la descente du grand lion à crinière noire abattu, on le sait par un Canadien ( mélanoderme, of course ) dans la grande savane africaine.
Quelle mouche, quel limbé s'était jeté sur notre Pujadas, et l'avait contrairement à ses habitudes, conduit à la composition d'un casting si ringard, en plein mois de mai ( ce mois de Marie, comme chantaient les enfants de Marie, et leurs aînées, an tan lontan, en des temps moins...explosifs : https://www.youtube.com/watch?v=DI5fi5hHEIU ).
L'espérance donc était, provisoirement mise en berne. Mais les yeux, désormais, de Elhès, était mi-clos, comme d'un vieux Matou, qui au bruit des noms avait perçu comme ce léger bruissement près du petit trou à souris de la cuisine, entre cloison et mûr mitoyen, qui signifie, en langage félin : « attention, voici le dessert ! ».
Le directeur du Scrutateur, d'une main hésitante, saisit son mobile, composa les chiffres de mon numéro ( c'est moi, Lioucha, le souffre-douleur, toujours chargée des exécutions capitales ) et m'intima : « c'est toi qui fait l'édito de demain. Regarde l'émission de Guadeloupe 1 ère. Je t'envoie la doc . Et de raccrocher ! ), et il se servit un deuxième ( petit ) verre, mais, cette fois du quinze ans d'âge.
L'émission commença.
Dans l'email, qu'il me décocha, il y avait non seulement quelques illustrations, et le titre du papier, mais aussi quelques écrits d'époque, et le lien avec un journal télévisé qui n'avait pas trop de rapport avec le mois de Marie ( https://www.youtube.com/watch?v=oRWUIkhvLCU ).
Quelques indications aussi sur les « antagonistes » d'hier soir. Les voici comme il me les a envoyées : « Parmi ces trois numéros, il y en a deux que je connais depuis longtemps. Tous deux anciens maires de communes de la Basse Terre. Le premier, sociologues, écri-vain ( sic ) plutôt sympathique, mais l'esprit embrumé de littérature soixante-huitarde. Le second, qu'on appela à ses débuts Josélito, et qui a eg-zagéré ( sic ) sur le oui-sky ( resic. Lui, Elhès, dire ça ! Il ex/xagère ). Sympa aussi, ça dépend de l'heure de la journée ( là j'ai pas compris, je retranscris ). On verra s'il tient la route! Le troisième, c'est le Gaélik ( ou lagé lik, comme disaient ses amis des bois, dans ses années Guévara ) qui en voulut beaucoup à ma vie, qu'il projeta d'anéantir, et n'y renonça que sur les instances d'un hôtelier de ses amis, de l'époque, personnalité ambiguë, mais pas fou, et qui, bien plus tard me résuma les faits, avec quelques détails ». Ainsi parla Elhès, et je reprends ma bafouille éditoriale.
Ce Gaélik a été hier soir égal à lui-même.
Ce terroriste non repenti, n'a pas changé, et l'on pourrait lui attacher la chanson de Julio, vous savez, Iglésias « Je n'ai pas chaaanngééé », etc, etc.
Plus paranoïaque que jamais, ce POL POT, de chez nous, n'a qu'une préoccupation : transmettre à tous, ici, par voie autoritaire, sa psychose individuelle.
Voilà, j'ai obéi au chef, j'ai fait cet « édito ».
Il ne me reste plus qu'à mettre en ligne les documents écrits ou iconographiques qu'il m'a envoyés. J'espère bien, moi, ce soir, pouvoir me livrer à la lecture des aventures de mon héroïne préférée : Mafalda.
Lioucha. ( Par interim ).
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Documents :
I ) Qui est Guadeloupéen selon Le Gaélik, et ses disciples, par Oscar :
Une race pure.
(Je voudrais maintenant, sur ce sujet délicat, donner la parole à Oscar, un jeune compatriote, qui, il y aura déjà dix ans, en novembre 1999, publiait dans le journal Guadeloupe 2000, que je dirigeais, une humoristique, et très intéressante uchronie (c'est-à-dire une évocation imaginaire dans le temps). Sous le titre Une race pure, il appelait à réfléchir, et la tournure des choses, 10 ans plus tard, prouve que cette pensée demeure étonnamment d'actualité).
Une race pure.
À l'horizon 2025, la Guadeloupe, ancienne colonie puis département français est, depuis son indépendance, sous le joug du Président à vie, Gaby 2. ( disciple du Gaélik ) Celui-ci est le fils du grand Gaby, combattant des premières heures dont les statues trônent à chaque carrefour et place de ta "Repiblik démocratik et popilè Gwadeloup'".
Gaby 2 a bien du mal à gérer le pays qui se décompose depuis sa prise de pouvoir. Celle-ci est survenue après que son père, le regretté Grand Gaby, lui aussi Président à vie, fût assassiné en compagnie du Ministre de la Fonction publique (une certaine Traven... quelque chose), par un ancien gréviste qui, comptant sur les 200.000 Francs promis à l'occasion d'une grève, quelques années auparavant, avait tout perdu suite à des engagements financiers lourds de conséquences.
Le pays n'est que désolation. Les carcasses des naguère beaux 4X4, BMW, Mercedes et autres ornent les rues ; le système D permet à quelques rares personnes de trouver des pièces détachées. L'essence, du moins le peu qu'on arrive à trouver, est réquisitionnée pour faire fonctionner les groupes électrogènes des villas perchées sur les mornes de la famille présidentielle. Les produits européens n'ont plus cours depuis belle lurette, faute d'avoir des devises pour les importer. Les enfants essayent de s'instruire tant bien que mal avec les rares livres français cachés ici et là depuis leur interdiction et le vote des institutions locales déclarant le créole langue officielle.
La banane n'est plus exportée, les Américains ayant affirmé leur hégémonie sur le marché mondial. Et puis, pourquoi payer 10 francs un kilo de bananes en Guadeloupe, quand il faut 3 francs par ailleurs.
La canne, elle, survit et permet tout juste de produire le rhum permettant aux Guadeloupéens de noyer leurs peines et d'oublier que jadis l'île était prospère, et qu'il y faisait bon vivre.
Le Tiercé-magazine qui jadis permettait de multiplier par trois ou quatre le RMI et les Allocations Familiales n'est plus qu'une relique permettant d'envelopper les rares queues de cochon achetées au marché noir.
Le tourisme, lui, a complètement disparu, au point que les enfants ne savent pas ce que
c'est qu'un touriste ! À défaut, ils peuvent consulter le dictionnaire local dans lequel on trouve la définition suivante : "Touriste : envahisseur généralement de race blanche" !
Bref, comme nous le voyons, le tableau est bien sombre.
Gaby 2, devant tant de misère, décida de réagir et sollicita l'avis de Reinette le Petit, descendant d'un ancien terroriste qui, quelque temps avant l'indépendance, explosa avec sa bombe. Paix à son âme !
Après avoir mûrement réfléchi et analysé la situation sous toutes les coutures, il en arriva à la conclusion suivante ; c'était la faute des blancs qui, malgré tous les outrages subis auparavant, avaient décidé de rester dans le pays après la Libération.
Il fut décidé que ces quelques blancs qui géraient l'économie à leur profit devaient payer ! Qu'à cela ne tienne, par arrêté du Président à vie, tous les blancs furent jetés à la mer et leurs biens confisqués.
Cela ne vous rappelle rien ? Si ! Mais oui ! Reinette le Petit s'était tout simplement inspiré de méthodes jadis utilisées par un certain Hitler.
Il est vrai que Reinette le Petit avait reçu une instruction en France ! Il connaissait l'histoire de l'Europe, et n'était pas comme tous ces pauvres Guadeloupéens qui n'avaient pu profiter que d'une éducation créolophone.
Croyez-vous que l'économie se porta mieux pour autant et que le peuple retrouva le bonheur ? Il n'en fut rien, bien au contraire.
Mais où était le mal ? Cela ne pouvait être que les "chabins" et les métis ! Ni noirs, ni blancs, ce sont des gens douteux et suspects dont on ne sait de quel côté ils sont ! En plus, ils avaient pu cacher les biens de la moitié de leur race blanche. Les "chabins" et métis furent tous, comme les blancs, jetés à la mer !
Quelques temps plus tard, rien de nouveau, l'économie périclitait à vue d'œil, la population décroissait, les jeunes se languissaient de jours meilleurs.
Le mal était plus profond ! Ça ne pouvait être que les Indiens ! Ils voulaient sûrement un jour ou l'autre s'approprier le pouvoir ! Pour ce faire, ils dissimulaient les richesses de leurs nombreuses terres. Par décret souverain du Président à vie, tous les Indiens furent jetés à la mer et leurs biens confisqués !
Dans un souci d'efficacité, on se débarrassa aussi des "métis indiens-noirs", c'était plus sûr ! Avec des Noirs pure race, on imaginait qu'ils se pontifieraient sûrement entièrement au bien de la République.
Mais, vous vous en doutez bien, rien n'allait plus et le marasme était de plus en p!us profond. Reinette le Petit eut une idée : il fit subir un examen génétique aux populations restantes (à peine 10.000 personnes) pour éliminer ceux qui seraient susceptibles d'être impurs de par quelque trace de races extérieures. Le test génétique fut imposé à toute la population et arriva ce qui devait arriver ! On jeta tout le monde à la mer et même les gardes de la milice présidentielle durent, pour respecter la logique, se jeter à la mer.
Gaby 2 se retrouva seul avec Reinette le Petit. La Guadeloupe n'existait plus qu'à l'état physique, complètement déserte, mais ce n'était pas leur plus profond souci.
En effet ! Etaient-ils inaltérés ou pas ? Pouvaient-ils revendiquer une race pure ?
Quand le doute fut si intense, n'y tenant plus, ils se firent réciproquement le test génétique. Si le résultat de l'un démontrait une impureté, l'autre devait le jeter à la mer.
Savez-vous ce qu'il advint d'eux ? Ils se jetèrent mutuellement tous les deux à la mer !
Moralité de cette histoire : Le seul racisme autorisé est celui qui consiste à être raciste envers les racistes et les C...
À défaut, nous irons tout droit à notre perte.
Oscar
PS : Ainsi donc les deux derniers survivants ont disparu, se sont entretués. Il y a là une allusion perfide à la tare particulièrement odieuse, que, lecteur, vous devinez, et qu'ils ont découvert en eux. Dans sa malice, le jeune Oscar n'a pu s'empêcher de leur décocher cette flèche mortelle.
Mais un homme de l'âge du Scrutateur, ne pouvait-il, en cette époque d'universelle repentance (à sens unique) la supprimer, ou du moins l'adoucir?
Il a voulu, il n'a pas pu.
Qui est parfait?
II ) Notre identité antillaise?
( Article publié une première fois en 2009.
Qui suis-je?
Sur un plan personnel en apparence rien de plus simple. Ma carte d'identité en témoigne. Je suis un être humain (mammifère de l'ordre des primates, à main préhensile, à cerveau développé riche en neurones (+ ou -!!!), à station verticale, capable de pensée, etc), de sexe masculin ou féminin. J'appartiens à telle famille dont je porte le nom (mais pourquoi celui du père plutôt que de la mère, ou vice versa?), de race blanche, ou nègre, ou jaune, ou métissée, etc.
Un rien de réflexion me montre que la réalité n'est pas si simple.
Mon frère est déjà bien différent de moi. Nous ne pensons pas les mêmes choses de ceci de cela. Nous n'aimons pas les mêmes livres, (ou moi, pas les livres du tout!), la même musique, les mêmes jeux, les mêmes sports.
Il en est ainsi même pour les vrais jumeaux, nés du même œuf. Ces petits êtres poreux ne connaissent jamais tout à fait les mêmes expériences, qui les imprègnent, les façonnent.
Déjà, disent les spécialistes, dans le ventre de sa mère, le petit être en gestation reçoit mille empreintes qui font qu'à sa naissance (sociale) au neuvième mois (en général) de la grossesse, il n'est pas qu'une cire vierge mais déjà un centre actif, sélectif, ordonnateur de ses impressions.
Ces impressions, il les reçoit d'un milieu, physique, mais surtout social.
Les soins qu'il reçoit, les sons qu'il entend, l'équilibre (ou le déséquilibre!) familial, entre autres choses, l'enserrent, le pétrissent.
Mon identité est humaine, donc sociale, culturelle.
Ma couleur, fait partie de mon identité. Mais l'identité d'un Africain du Kenya, n'est pas celle d'un Congolais, ni d'un Somalien, ou d'un Sénégalais, et encore moins d'un Noir Antillais (qui diffère d'ailleurs déjà selon qu'il est Jamaicain, Cubain, Guadeloupéen ou Martiniquais).
Idem pour les Blancs, différents selon qu'il sont Afrikaners, Australiens, Allemands, Français, Polonais, Chiliens, Canadiens, ou...békés! Etc, etc.
Dans mon identité, il faut donc faire entrer la variable fondamentale de la culture.
Mon identité personnelle est indissociable de mon identité culturelle, c'est-à-dire de cet ensemble de traits culturels, propres à un groupe ethnique (langue, religion, art, etc.), qui lui confèrent son individualité, le sentiment de son appartenance à un groupe.
Et même à plusieurs groupes.
Car enfin il y a une identité française. Elle participe de plusieurs autres « identités », humaine, européenne, (mais aussi africaine, asiatique, et de toutes ces cultures que son histoire l'a conduite à rencontrer, et à s'en enrichir, dans tous les sens du terme!), catholique, protestante, païenne, etc.
Cette identité est plurielle et ouverte.
Plurielle, car l'unité française n'est pas raciale. Ouverte, car la France s'est constituée (et il ne m'est pas possible de dire comment sans retracer ici toute l'histoire de notre pays) par la fédération et unification non niveleuse d'une multiplicité d'autres cultures, celte, latine, occitane, sans parler de celle, éponyme, des Francs, etc.
Il y a des cultures fermées, et il y a des cultures ouvertes, dont l'être est, tout entier, d'accueil et d'ouverture.
C'est ce que disait jadis Malraux « Quand la France a-t-elle été grande? Quand elle n'était pas retranchée sur la France. Elle est universaliste (…). Il y a des pays, comme la Grande Bretagne – et c'est peut-être leur honneur – d'autant plus grands qu'ils sont plus seuls. La France n'a jamais été plus grande que lorsqu'elle parlait pour les hommes (...) ».
Bien entendu, il ne s'agit pas de donner dans je ne sais quel angélisme.
L'identité française, avant comme après la Révolution ne s'est pas faite sans heurts, sans combats, dans l'irénisme des anges. « La France fut faite à coups d'épées » écrivait Charles de Gaulle.
Elle se fit bien au delà des frontières et des rivages d'Europe, et par exemple chez nous aux Antilles.
La Guadeloupe, la Martinique (pour ne parler que d'elles), sont des créations françaises.
Nos deux îles sont des cultures qui se sont constituées depuis bientôt quatre siècles, dans le moule français. Peu à peu se sont forgées les identités collectives (culturelles), et la gestation ne fut pas de tout repos, n'alla pas sans drames, spasmes et secousses. Les facteurs qui concourent toujours à la naissance des peuples ( mélange inextricable d'intérêts matériels, d'ambitions, d'idéaux spirituels également) nous forgèrent lentement et différemment (malgré leur proximité, à bien des égards, et pas seulement géographiques, Guadeloupe et Martinique ne sont pas identiques).
De propriétés personnelles en colonies, de colonies en départements français, nos vieilles terres se sont voulues profondément françaises, tout en étant elles-mêmes. Autre et Même.
Mais parallèlement à ce désir d'unité, de fraternité, non réducteur, depuis quelques décennies ont surgi dans notre vie sociale et politique, des facteurs de dispersion, de démembrement.
L'affaiblissement de la France (et de l'Europe) suite aux deux guerres mondiales, la crise morale qui s'en est suivie, la guerre idéologique menée durant les années 1920 à 1990 par le communisme pour la conquête du monde à partir, surtout, de l'URSS, ont créé des mouvements séparatistes, en France, et notamment chez nous aux Antilles.
On s'est efforcé de faire paraître l'unité nationale comme un carcan oppressif. Et la diversité qui était une richesse est devenue un indice de fragilité.
Tout le battage actuel autour de l'idée des identités culturelles, prétendument opprimées, de la Guadeloupe ou de la Martinique est une conséquence des mouvements subversifs révolutionnaires du siècle dernier.
Il faut y voir aussi, l'ambition de la montée de certains groupes sociaux (intellectualisés) qui aspirent au pouvoir pour leurs castes, comme cela s'est constamment vu en Afrique durant ces dernières décennies, au mépris des intérêts et des aspirations réelles des populations.
Jean-François Revel (in La connaissance inutile, p. 18, éditions Grasset) a bien décrit le phénomène : « La revendication de l'« identité culturelle » sert d'ailleurs aux minorités dirigeantes du tiers monde à justifier la censure de l'information et l'exercice de la dictature. Sous prétexte de protéger la pureté culturelle de leur peuple, ces dirigeants le tiennent le plus possible dans l'ignorance de ce qui se passe dans le monde et de ce que le monde pense d'eux. Ils laissent filtrer ou ils inventent au besoin, les informations qui leur permettent de masquer leurs échecs et de perpétuer leurs impostures ». (Sur Le Scrutateur voir notre article "Le noirisme").
Or, ici, dans les départements d'outre mer, la culture créole, est répétons-le, d'origine essentiellement française comme le faisait remarquer St-John Perse, comme en témoigne (entre autres) l'œuvre réelle de Césaire (par delà ses palinodies politiciennes et conjoncturelles).
Notre culture, et je n'insiste pas, puisqu'un autre article doit y revenir dans les tout prochains jours, est une synthèse non achevée entre des apports européens, africains, asiatiques, dans une matrice française. (Voir l'article Qui est Guadeloupéen?).
L'identité culturelle guadeloupéenne existe, elle est celle d'une province française originale, complexe, une et multiple, homologue, en cela, à la culture nationale française. Le blanc créole que je suis, et par présence familiale continue sur cette terre depuis le XVII siècle, n'est plus identique à l'arrière grand père d'île de France, à l'arrière grand mère normande qui débarquèrent en 1658 à Marie-Galante. Sa proximité, parfois tumultueuse, mais pas uniquement, heureusement, avec les Guadeloupéens descendants d'Africains, ou Indiens des Indes, fait qu'il peut parler, sans paradoxe, ironie, ni aliénation d'aucune sorte de « ses ancêtres Africains », comme d'autres, mélanodermes, et dans le même sens, sans plus d'aliénation pourraient parler de leur « ancêtres les Gaulois » s'ils n'en étaient empêchés par un véritable terrorisme intellectuel. (Entre parenthèses, le scrutateur, dont la première scolarité remonte aux années 1940, ne se souvient pas d'avoir jamais appris, avec ses camarades Noirs « nos ancêtres les Gaulois », mais « notre pays est la France. Elle s'appelait autrefois la Gaule, et ses habitants étaient les Gaulois »! La nuance est d'importance).
Il y a donc des cultures ouvertes, notre culture nationale française en est un magnifique exemple, et notre culture régionale créole ouvre à cet égard de magnifiques possibiltés. Et il y a des cultures fermées, comme celle qui prétendent se fonder sur une seule variable, celle de la race par exemple. L'hitlérisme, et le noirisme en sont les modèles « exemplaires ». Comme il y a des personnalité individuelles pauvres, fermées, coupées de tout ce qui n'est pas leur petit moi rabougri et craintif.
Il est important de réfléchir à ces données avec précaution, et la plus grande attention.
C'est le terrain miné que travaillent avec le plus de ferveur rageuse les idéologues qui menacent la Guadeloupe.
Vivent la Guadeloupe, la Martinique, la France!
Edouard Boulogne.
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III ) Point de vue sur l'identité nationale.