14 Avril 2016
Les prévisions de Bernard Lugan en article vont pouvoir peut-être être vérifiées dans un avenir proche. Le lien que je propose ci-dessous renvoie à un passage du petit journal de Canal Plus d'avant hier, rendant compte du voyage de Manuel Valls à Alger.
Malgré le peu de sympathie que j'éprouve pour M. Bouteflika et l'actuelle équipe au pouvoir en Algérie, je ne procède pas à cette publication pour amuser de façon trop facile. On ne rit pas de la misère d'un homme sur sa fin, même s'il fut un dictateur, et un ennemi de la France.
Et puis elle permet de vérifier que la politique est un théâtre ou alternent, parfois se mêlent inextricablement, dans le même mouvement, la tragédie et la comédie.
Je ne peux conclure cette brève introduction sans noter, que c'est la première fois que je vois madame Belkacem, dans une manifestation publique, ne pas offrir aux téléspectateurs son habituel et enjôleur sourire de commande. Il est probable, aura-t-elle pensé que les Algériens l'auraient moins bien acceptée que les Français, habitués à se plier aux oukazes du politiquement correct parisiens. Pour une fois, elle ne se sera pas trompée.
Le Scrutateur.
https://www.youtube.com/watch?v=nxtxHAoe3WY
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Article de Bernard Lugan.
La visite que le Premier ministre français, M. Manuel Valls, vient d’effectuer à Alger, fut l’occasion de constater ce que les lecteurs de l’Afrique Réelle n’ignoraient pas, à savoir que l’Algérie est « dirigée » par un président moribond.
Depuis son accident vasculaire cérébral survenu le 27 avril 2013, Abdelaziz Bouteflika, paralysé, sourd et quasiment muet, n’apparaît plus en public que très rarement, et sur un fauteuil roulant. Ses trois frères, sa sœur -tous quatre conseillers à la présidence-, et leurs affidés, savent qu’ils vont vivre des moments difficiles dans les heures qui suivront son trépas. Il ne doit donc pas mourir tant que les clans qui, dans l’ombre, dirigent l’Algérie, ne seront pas parvenus à un accord permettant une succession contrôlée.
Acculée, l’équipe au pouvoir a épuré l’armée au profit du général Ahmed Gaïd Salah, chef d'Etat-major et vice-ministre de la Défense. Est-ce pour autant un gage de survie ?
Il est permis d'en douter car, lesquels parmi les généraux, notamment chez les nouvellement promus, voudront en effet apparaître liés aux profiteurs du régime quand la rue grondera dans un dramatique contexte économique et social aggravé par l'effondrement du prix des hydrocarbures[1] ? L'Odjak des janissaires[2] pourrait alors être tenté de se refaire une "vertu" à bon compte en donnant au peuple la tête de Saïd Bouteflika et celles de ses proches, avant de placer l'un des siens aux commandes.
En Algérie, l’agonie présidentielle avec les mensonges et les tractations qui l’entourent, est ressentie comme une humiliation nationale. De plus en plus nombreux sont donc ceux qui demandent l’application de l’article 88 de la Constitution qui permet de constater la vacance du pouvoir. Pour l’entourage du président Bouteflika, la situation est donc devenue intenable.
Quant à la France, sorte de vaisseau ivre tanguant entre repentance et ethno-masochisme, son président a soutenu l’aberrant quatrième mandat d’un Bouteflika grabataire, espérant ainsi acheter la paix sociale dans les banlieues. Cette mise en dhimmitude mentale ne l’empêchera cependant pas de subir directement les conséquences des évènements majeurs qui risquent de se produire bientôt en Algérie. Peut-être même à court terme.
Bernard Lugan
13/04/2016