23 Mars 2016
( Voici une rubrique du Scrutateur, qui doit vous intéresser. Elle ne fait pas double emploi avec les commentaires d'articles. Ceux-ci, en augmentation lente, mais constante, est faite de vos réactions aux articles.
« La voix des lecteurs »vous donne la parole, la possibilité d'enrichir notre blog de vos idées, réflexions, poèmes, réactions propres à l'actualité en général.
Bien entendu je ne publierai que ce qui ne s'en prend pas, éventuellement, aux personnes, au-dessous de la ceinture comme on dit
Les articles signés seront plus particulièrement bien venus. Mais il y a, je le sais d'excellentes raisons, qui ne relèvent pas de la couardise, mais plutôt de ce qu'on appelle le devoir de réserve, à l'anonymat, ou au pseudonyme. Ces articles seront pris en compte. Mais il faudra, que je puisse identifier les expéditeurs de façon précise. Ma discrétion à leur égard étant assurée.
Maintenant, chers lecteurs, à vous de jouer.
Edouard Boulogne) .
PS : Les propos de lecteurs, n'expriment pas toujours le point de vue du Scrutateur. Ils s'expriment librement. Le Scrutateur n'intervient que pour écarter les attaques qui viseraient des hommes et des femmes, de façon insultante, « au-dessous de la ceinture » comme on dit.
Je remercie ce lecteur, Jean-Marie NOL, que nos amis commencent à bien connaître, pour cet article rigoureux et réfléchi sur un sujet que ce blog a souvent traité où il ajoute sa touche propre.
Le Scrutateur.
Dans un monde de plus en plus caractérisé par des changements profonds et rapides et depuis peu , en proie au terrorisme en Europe , les boussoles traditionnelles ne permettent plus de garder le cap. Au niveau sociologique , les horizons semblent de plus en plus incertains dans un contexte de faillite généralisée des institutions face aux attentats qui se multiplient en Europe . Notre « art de vivre ensemble » est plus souvent marqué par des signes de destruction ( terrorisme, violence, ) pour n’en citer que quelques uns , que par un élan optimiste de progrès. La société multiculturelle, multiraciale, multiethnique, multiconfessionnelle est exactement la même chose que le communisme : c’est une UTOPIE.
Une utopie a comme caractéristique fondamentale d’être vouée à l’échec dès le départ.
Les Français, à l’instar de nombreux autres peuples européens, tentent quant à eux de se prouver, depuis une trentaine d’années, que la société multiculturelle est viable et que le concept d'intégration ( autre avatar de l'assimilation ) est pertinent. Ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec le concept sont des réacs, des fachos .
Jusqu’à la fin des années 70, en France, l’idée républicaine n’était guère en débat; tout au plus des mouvements «nationalitaires»,avaient-ils mis en cause la façon dont la République avait contribué durant un bon siècle au laminage d’identités et de langues régionales.
Puis sont venues les violences des premiers «étés chauds», la question des «banlieues», et maintenant les attentats avec en sus la prise de conscience des transformations de l’immigration. Le migrant, au lieu d’être un célibataire venu travailler en France pour économiser et rentrer ensuite au pays, devait désormais être inclus dans la vie du pays, le regroupement familial l’installait sans retour, avec femme et enfants, dans la société française.
Dans un contexte dominé aussi par le chômage, la précarité et la désindustrialisation, le communautarisme s’est renouvelé et étendu, tandis que l’islam devenait la deuxième religion du pays, et que le Front national passait du statut de groupuscule à celui de parti important.
Le modèle d’intégration français est apparu alors comme impuissant pour endiguer les forces d’une décomposition opérant dans tous les domaines de la vie collective – sociale, économique, culturelle, politique.
Et le glas va bientôt sonner en France comme dans d'autres pays d'Europe pour la société multiculturelle, multiraciale, multiethnique, multiconfessionnelle .En toile de fond de cette évolution, il nous faut évidement parler du contexte sociopolitique et économique de cette période, en particulier de la question de l’immigration qui va de plus en plus trouver avec le terrorisme islamique et la montée du sentiment identitaire une place centrale dans le discours idéologique du racisme .Le piège se refermera rapidement sur nous les antillais, car le racisme en France inclut qu'on le veuille ou non des idées identitaires très fortes, défendant une doctrine « d’homogénéité et de pureté » et voyant l’immigration comme « invasion et pollution », selon Pierre-André Taguieff, auteur du Dictionnaire historique et critique du racisme (PUF).Depuis 5 ans, le Centre d’études européennes de Sciences Po sonde les Français, et il apparait qu’encore 80 % des gens pensent que « leur » culture n’est pas adaptée à la « nôtre », et cela va consciemment ou inconsciemment alimenter méfiances, rejets, clans, communautarisme , peurs et violences, avec pour conséquence : non plus la résurgence rapide( c'est fait depuis longtemps )mais la recrudescence dans les mois qui viennent de remarques, humiliations, discriminations exacerbées (à l’embauche,au logement notamment), toutes manifestations de rejet qui opéreront un retour en force inexorable dans la société Française . Discrimination et racisme sont le couple infernal qui conduit à une « France recroquevillée»,avec pour conséquence la stigmatisation accrue de l’islam , le rejet des Arabes de nouveau considéré avec l'enracinement du terrorisme dans le monde comme des barbares et ainsi que la rediabolisation du noir avec pour toile de fond la menace dans l’imaginaire populaire .Bref , l’image d’une France apeurée, intolérante et même ouvertement de plus en plus raciste avec l’aggravation de la question terroriste …. Les stigmatisations des étrangers et la radicalisation des banlieues , la question de la discrimination positive, les tensions autour de la question de l'islam ,de la construction de mosqués , de la viande halal, la surreprésentation de la délinquance dite exponentielle des Noirs Africains et Antillais , des Arabes et des Roms alimenteront de plus en plus la montée des extrêmes ,flux constant d’immigrés en Grèce et surtout en Allemagne, autant de symptômes d’un retour en force des questions ethniques. le harcèlement , les injures à caractère raciste ,l’ethnocentrisme et la haine , la violence verbale ou physique deviendront bientôt des lieux communs d’une société française sur la défensive et rongé par la peur de l’étranger ou assimilé .La France saura-t-elle s’extraire de ce piége de l’engrenage infernal broyeur des libertés. … ? Méditons sur ce passage du livre de Gorgias, Eloge d’Hélène « … si tous les hommes possédaient le souvenir de toutes les choses passées, la connaissance de toutes les choses présentes et la connaissance anticipée de toutes les choses futures, le discours ne serait pas aussi puissant qu’il l’est. Mais appliqué à des êtres qui ne peuvent, en fait, ni se rappeler le passé, ni voir le présent, ni deviner le futur, il est plein de ressources. C’est pourquoi, sur la plupart des sujets, la plupart des hommes offrent à l’âme l’opinion comme conseillère. Mais l’opinion, parce qu’elle est incertaine et débile, jette ceux qui en usent dans des fortunes incertaines et débiles ».
Chacun connaît ce trouble qu’est la peur qui agite en nous tant de craintes et de doutes : peur de ne pas pouvoir faire face, peur des autres, peur de l’avenir, …Mais faut-il avoir peur de l’avenir ? Ce problème ne revient-il pas à se demander s’il faut avoir peur du changement et de l’inconnu ?
La peur est partie intégrante des modifications sociales . la question est celle du bouc-émissaire. En Europe, c’est l’arabe, le rom ,le noir et plus largement l' antillais de fait non blanc. Pour la Guadeloupe et la Martinique ,ce sera en priorité le Haïtien , le Dominiquais , le Saint Lucien et les autres Caribéens. Cela dit, cette peur est-elle oui ou non justifiée ? En fait, cette peur face à l’avenir et également face au changement ne fait que traduire l’inconséquence des hommes politiques de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle dépassé par bien des notions mortifères de la mondialisation libérale et de la globalisation du monde .Elle explique les risques des dérives actuelles, et ses craintes pour l’avenir. Oui il y a de quoi avoir peur lorsqu’ on est conscient des nouvelles menaces qui pèsent sur le « vivre ensemble » dans notre société fragilisée : Peur du terrorisme , de la violence sociale , peur pour l’avenir, peur pour nos enfants: dans quel monde vont-ils vivre?
On sait bien que "quand le paon regarde ses pieds , il défait sa roue " , alors on peut légitimement craindre des tensions à venir au sein de la société et et il se pourrait fort qu'il y ait une révolte de la France invisible qui pousserait peut-être le gouvernement actuel à lâcher les chiens sur le front sécuritaire .
Jean-Marie NOL
Les illustrations de cet article ont été sélectionnées par Le Scrutateur.