28 Mars 2016
Petite rubrique matinale, qui à partir d'un texte, d'un événement, d’une œuvre d’art, etc, s'efforce de dégager une signification, un effort à faire, une direction à prendre, que l'on partage ou non cette analyse. Il s'agit de butiner, et d'élaborer son propre miel.
Le Scrutateur
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J'ouvre au hasard tout à l'heure l'un des derniers tomes du Journal de Julien Green pour lequel je me suis passionné et que j'ai lu dans sa quasi totalité. Il s'agit ce soir de patienter en attendant l'heure d'une émission de Télévision, qui m'intéresse.
Le livre s'ouvre à la page 393, et sur une notation du 11 janvier 1996. Je laisse la parole à Julien Green et à celui qu'il cite, un certain Alexis de Tocqueville : -( LS ).
« 11 janvier. — Mgr Pezeril me parle de Tocqueville et de l'importance de sa vision. Plus tard, j'ouvre L'Ancien Régime et la Révolution. Le portrait qu'il fait des Français me semble définitif : « Un peuple tellement inaltérable dans ses principaux instincts, on le reconnaît encore dans des portraits qui ont été faits de lui il y a deux mille ans, et en même temps tellement mobile dans ses pensées journalières et dans ses goûts qu'il finit par se devenir un spectacle inattendu à lui-même ; indocile par tempérament, et s'accommodant mieux toutefois de l'empire arbitraire et même violent d'un prince que du gouvernement régulier libre des principaux citoyens ; aujourd'hui l'ennemi déclaré de toute obéissance, demain mettant à servir une sorte de passion-Conduit par un fil tant que personne ne résiste, ingouvernable dès que l'exemple de la résistance est donné \ quelque part ; adorateur du hasard, de la force, du suc-)cès, de l'éclat et du bruit ; plus capable d'héroïsme que de vertu, propre à concevoir d'immenses desseins plutôt qu'à parachever de grandes entreprises... » Que peut-on ajouter à cela, à l'heure actuelle ? ».