Blog destiné à commenter l'actualité, politique, économique, culturelle, sportive, etc, dans un esprit de critique philosophique, d'esprit chrétien et français.La collaboration des lecteurs est souhaitée, de même que la courtoisie, et l'esprit de tolérance.
22 Février 2016
Le 21 février 1916, commençait la célèbre et tragique bataille de Verdun. Il en est question dans l'actualité télévisuelle, et dans la presse.
Je n'ai pas voulu rivaliser avec des médias sans commune mesure avec le Scrutateur, mais me suis refusé aussi à passer sans parler de l'évènement.
Il se trouve que le philosophe Alain ( pseudonyme d'Emile Chartier ) a participé à cette guerre en 1915 et 1916.
Professeur célèbre déjà en août 14, il était de conviction pacifiste, ( et homme de gauche. Nul n'est parfait....PSC ) et argumentait fort sur cette question. Pourtant, âgé de 46 ans, il fut volontaire pour monter au front. Il ne voulait pas qu'une attitude de retrait fournit des motifs de mettre en doute la sincérité de sa philosophie. C'est tout à son honneur. Il se retrouva dans la tourmente en compagnie de certains de ses anciens élèves du lycée Henry IV à Paris, dont Gontier, et de de Wataire, respectivement âgés de 20 et 22 ans. Il en parle d'ailleurs dans les textes que je cite ci-dessous.
Ces textes sont cités et commentés par un biographe d'Alain, André Sernin, dans son livre : Alain, un sage dans la cité. ( Robert Laffont ).
Les photographies dont j'illustre cet article ont été faites, pour certaines, par l'auteur même de ces lignes,lors d'une visite à Verdun, en 2010.
Le Scrutateur.
( I ) 1915 : Extraits de lettres et d'un journal.
L'offensive d'Artois, en mai et juin, avait coûté cent mille hommes à l'armée française, pour une avance de deux kilomètres sur un front de quatorze kilomètres, et pour des pertes allemandes moindres se moitié. Soucieux de soulager les Russes, qui viennent de subir d'énormes pertes en hommes et en territoires, Joffre récidiva le 25 septembre en Champagne, dans les régions de Suippes et de Souain, entre Reims et l'Argonne, avec trente-cinq divisions sur un front de trente kilomètres, baïonnette au canon, les clairons sonnant la charge sous la pluie et la brume, sans autre résultat que de se faire héroïquement massacrer par l'artillerie allemande pour une avance de quelques kilomètres, bientôt reperdus : du 22 septembre au 14 octobre, l'armée française laissa en Champagne quelque cent quarante-trois mille officiers et soldats, l'armée allemande moins de quatre-vingt-dix mille hommes. Pour quatre hameaux de la Champagne pouilleuse, où le front n'a pour ainsi dire pas bougé pendant plus de quatre ans, près d'un million de Francais et d'Allemands devaient périr de septembre 1914 à l'armistice de 1918.
C'est sur ce front de Champagne, le 1er octobre, à un moment où il était déjà clair que l'offensive était un nouvel échec, qu'Alain fut expédié avec les autres batteries de son régiment, à pied puis en train. Il arriva à Saint-Hilaire-le-Grand, à quelques kilomètres du front, dans un pays misérable; il observa des milliers de fantassins à qui on avait cousu dans le dos de grands carrés blancs, afin que, de jour au moins, l'artillerie française ne tirât pas sur eux. Peu après, en plein brouillard. les batteries se dirigèrent sur la ferme des Waques, non loin de Main, qu'elles atteignirent par hasard en tournant en rond, dans les ténèbres. L'équipe d'Alain fut chargée de préparer les liaisons téléphoniques à Souain au milieu d'un terrain lunaire, criblé de trous d'obus, et elle finit par se réfugier dans un abri allemand qui avait été « taillé dans la craie, soutenu par des troncs de pins ». « En cette tombe provisoire, raconte Gontier, nous vécûmes un mois atroce. » Alain le sauva de la mort en l'entraînant de force dans « une cagna à demi défoncée », sous un effrayant tir de barrage, près de deux soldats bien calmes, qu'ils prirent pour des dormeurs mais qui étaient morts. Il n'y avait pas d'eau : il fallait se raser avec du vin, et le décanter pour le boire. Les poutres étaient phosphorescentes. C'est là qu'Alain comprit ce qu'était la Champagne « pouilleuse » : des milliers de poux occupaient l'abri, et il leur fallut des semaines pour s'en débarrasser.
C'est là aussi qu'Alain, se prenant de querelle avec un officier, faillit le frapper, ce qui lui aurait valu le conseil de guerre. A maintes reprises il dut sortir de l'abri pour différentes missions, mais il échappa par miracle aux obus de l'artillerie adverse, notamment près de la fameuse ferme de Navarin.
9 octobre, à Marie Salomon : « J'ai revu Bertaux à l'état-major [...] Lui du moins juge bien la stupidité des grands chefs qui croient aveuglément ce qui leur plaît, et puis, quand l'événement n'a pas répondu, prennent d'autres projets avec la même fermeté de théâtre et puérile activité. »
20 octobre, à Florence Halévy : « Hier, j'ai cru que mon camarade allait être fou de peur. La terre tremblait dans notre petit trou comme un pont métallique. L'enfant a compté environ 1 500 obus de gros calibre, qui nous menaçaient... »
Même jour, à Marie Salomon : « Dans un pauvre petit trou où nous étions comme des lapins. J'ai cru qu'il allait devenir fou de peur [...] Au plus fort, il s'est endormi une dizaine de minutes dans mes bras comme un petit enfant. Moi j'ai fumé pipe sur pipe [...] J'ai beaucoup moins peur que dans mon lit, aux premiers jours de la guerre [...] Pour les cadavres je n'en souffre pas; ce sont de toutes petites choses par terre, sans relief : comme des vêtements vides. On en voit très bien 500 à la fois; et le principal est enterré. »
21 octobre, à Mme Morre-Lambelin : «On envie les blessés, on désire être blessé pour s'en aller [...] Elie m'écrit : "Les blessés qui nous arrivent de Champagne sont ivres de joie parce qu'ils ont enlevé des tranchées." Gontier réplique : "Ivres de joie, parbleu, parce qu'ils sont blessés." Le fait est que la maladie nommée peur est bien plus douloureuse que n'importe quelle chose. »
22 octobre, à la même : « Encore une fois la guerre est un fait des passions; je dis même un crime passionnel à proprement parler. »
( II ) Fraternité au coeur de la misère humaine.
« Nous devons à l'amitié de M. Charles Herry un récit de Georges Gontier paru en 1969 dans Le Perche, intitulé : « Nous les Rois Mages ». ( …. ).
Alain est en train de dîner avec Gontier et son auxiliaire Kléber Jaspar dans un abri de Beaumont. Il a refusé, en bon anticlérical, d'assister à la messe de minuit dans l'église intacte d'Ansauville, il préfère dévorer avec ses amis un énorme colis de victuailles envoyé de Saint-Germain-en-Laye par Mme Morre-Lambelin. A l'extérieur, le bombardement habituel est presque arrêté ; il est onze heures du soir, Jaspar a repris son guet et Alain somnole sur la couchette de Gontier quand ce dernier reçoit un coup de téléphone leur annonçant l'arrivée d'un grand blessé allemand, touché au ventre, drogué à la morphine et qui n'a aucune chance de survivre. Survient donc sur un brancard un très jeune soldat qui se réveille dans l'abri et en mauvais français demande de l'eau... et des chansons. Gontier lui fait boire du vin; pour les chansons, il réveille Alain qui interprête, tant bien que mal, des mélodies de Haydn et de Mozart. Le mourant remercie et se souvient que c'est la veillée de Noël. Il évoque les crèches de son pays, l'étoile des Rois Mages et les cloches de son village; il expirera sans s'en apercevoir pendant que les trois Français achèvent de chanter la « Marche des Rois » de L'Arlésienne de Bizet.
( III ) A Verdun. ( 1916 ).
« Le secteur était agité : c'est le 21 février 1916, à 7 h 15 du matin, que la bataille de Verdun a commencé par un bombardement allemand de plus de mille canons de gros calibre, pendant douze heures de suite, bombardement dont les très rares survivants conservent encore un souvenir halluciné et que Jules Romains évoque si bien dans son Verdun. L'état-major français s'est laissé surprendre, et l'armée française va être laminée durant plusieurs mois jusqu'à la victoire finale, une victoire qui ne règle rien. En attendant de passer à Verdun, comme la plupart des divisions françaises, les troupes de la Woëvre redoublaient d'efforts afin de soulager leurs camarades : mines et contre-mines, coups de main de l'infanterie, bombardements de jour et de nuit. Il fallait sans cesse reconstituer les circuits téléphoniques détruits par les obus, ce qui valut à Alain d'échapper par miracle à un 105, dont le souffle le plongea toute une journée dans l'hébétude. La même chose lui était arrivée à Beaumont, et Alain s'accuse de fatuité littéraire en répétant la phrase qu'il avait alors dite à Gontier : « Rentrons vite; tué avec L'Otage [de Claudel] sous le bras, si Barrès le savait, ce serait le déshonneur. »
C'est à Flirey qu'Alain rencontra un aumônier divisionnaire nommé Harel qu'il cribla de railleries, mais qui sut lui tenir tête et forcer son respect. C'est lui qui était l'auteur de ce mot fameux : « Le front commence au dernier gendarme. » C'est lui qui répliqua à Alain : « Où sont mes galons ? Où est mon pouvoir ? Mon logement, quand nous cantonnons, est n'importe où. L'étable me va. J'y dors de bon cœur. » Une autre fois, il lui dit : « Ce que vous faites ici, je le comprends d'autant mieux que je le fais moi-même. Au milieu de ces hommes malheureux, c'est votre place d'homme. Mais c'est avec les fantassins que vous devriez être. Avec moi, si vous voulez ; demain si vous voulez. » Alain dut reconnaître que « son courage s'arrêtait au bord de cet autre cercle de l'enfer, qu'il connaissait trop ».
C'est en 1916, après Verdun mais nous ne savons pas exactement à quel moment, qu'il écrivit sa lettre Au peuple allemand de quelque trois pages, qui ne circula alors que sous forme de rares exemplaires clandestins et qui ne parut qu'en 1951 dans le recueil Politique. Selon Alain il y a entre les deux peuples français et allemand un malentendu énorme : les Français ont cru que l'Allemagne voulait s'emparer de leurs plus riches provinces, et les Allemands que la France et ses alliés voulaient asservir leur pays. Les deux peuples ont cru qu'ils faisaient une guerre défensive contre une agression injuste. « Deux peuples de bonne loi combattent pour l'honneur, pour leur indépendance, et il semble, de bonne foi, que chacun d'eux représente quelque chose d'unique dans l'histoire de la Justice [...]. Après deux ans de guerre [...] des deux côtés (demandons-nous seulement si l'honneur est sauf. Ni les uns ni les autres ne demandons le prix du sang. De toute façon pour l'avenir, pour la Justice, pour le Droit, il faut une paix noble. Que les peuples se le disent à travers les frontières. » Propos lucides, mais qui n'avaient aucune chance d'être écoutés. Encore moins que le Canard Enchaîné de Maurice Maréchal, qui attaque en vain le « bourrage de crâne ».
A la suite des premières victoires allemandes, malgré l'héroïsme quaasi surhumain du colonel Driant et de ses chasseurs, le bois des Caures était tombé le 22 février, le 25 Douaumont avait été occupé par surprise et sans un coup de feu; mais les Français s'étaient ressaisis et dès le 6 mars, ils avaient réussi à conserver le Mort-Homme et la côte 304. Le 1er mai, la bataille avait repris, et devait durer douze semaines jusqu'au 12 juillet; un historien a écrit que ce fut « la plus effroyable de toutes les batailles », ce qui est excessif, mais pas tout à fait faux. Dès le 20 mai les Français perdaient le Mort-Homme et la côte 304. Verdun était devenu « le dernier cercle de l'Enfer »; le 22 mai la division Mangin se faisait décimer en essayant en vain de reprendre Douaumont, échec qui donna aux Allemands la force de s'emparer du fort de Vaux le 1er juin. Depuis des semaines et des semaines, l'Europe entière suivait avec passion cette bataille indécise et sauvage où le courage des deux adversaires dépassa tous les adjectifs. Alain s'est défendu contre cette fascination de l'héroïsme et de la mort qui tenaillait les soldats Français quand, division par division, ils venaient se faire hacher à Verdun; héroïsme dont on pourrait dire qu'il était désastreux, car c'était le « massacre des meilleurs », plus que jamais avant et après, héroïsme qui, pourtant, provoque une profonde admiration. On comprend l'indulgence que la France, pour, ne citer qu'elle, continue d'accorder à des hommes tels que Napoléon : il a laissé la France plus petite que celle qu'il avait prise, il lui a coûté des millions d'hommes, mais il a donné .aux Français l'occasion de prouver ce que pouvait faire leur volonté de Séville à Moscou. Alain l'a écrit lui-même, et cent fois, les hommes n'admirent que le courage. Cela est si vrai que moi qui n'ai connu la bataille de Verdun que par des récits familiaux et par les livres, je m'enflamme à la fois d'admiration et d'horreur en évoquant son souvenir ».
( Ces pages sont extraites du livre d'André Sernin ( Alain, un sage dans la cité. Robert Laffont ).
IV : Un supplément à lire et ECOUTER :
J'ajoute à cet article du jour celui-ci, plus ancien, sur le même sujet, publié précédemment. Il comporte deux parties, la deuxième est un chef d'oeuvre musical du grand musicien Britannique Benjamen Britten. Il s'agit du WAR REQUIEM.
J'espère que cette oeuvre sera écoutée, ou réécouté. On n'a jamais tort de revenir aux chefs d'oeuvres?
WAR REQUIEM.
La guerre de 1914-1918, fut, de l'avis général, et surtout de ceux qui y ont participé, et survécu, l'une des plus atroces de l'histoire. Benjamen Britten, l'un des plus grands musiciens brittaniques du 20ème siècle, en hommage aux victimes de tous les camps, écrivit le War Requiem, dont je propose ici l'ouverture.
C'est une grande oeuvre. Il ne manque pas de grands Requiem, de tonalités différentes. Certains grandioses et tragiques comme ceux de Berlioz et Verdi; celui baroque de Mozart; celui tout en intériorité grâve de Fauré, celui plus conventionnel, à mon avis, de Cherubini, sans oublier le Requiem en grégorien de l'Eglise catholique, et d'autres.
Mais, quand il y a dix ans, au soir d'un deuil qui me toucha cruellement, je voulus choisir une oeuvre à écouter, qui convenait à mon état intérieur, c'est l'oeuvre de Britten qui s'imposa à mon besoin, et dont je ne pus, alors, écouter que "l'ouverture"..
Devant le champ du malheur, l'auteur ne se livre à aucune fioriture, à aucun effet, à aucun brillant exercice d'école.
Cette harmonie "dissonante" exprime avant tout, avec sobriété, l'étonnement grave, la stupéfaction, la désolation sans limite.
D'autres palettes du talent de Britten paraîtront dans la suite de cette grande oeuvre. Mais le "ton" est déjà donné.
Ecoutez.
Mon but est de donner envie d'acheter l'oeuvre, de se la procurer, pour l'écouter, s'en imprégner, chacun à son rythme. Exercice indispensable en ce temps de disette spirituelle.
Le Scrutateur.
https://www.youtube.com/watch?v=O06a7sspY3c
Paroles du Libera me, en latin et en français :
LIBERA ME |
|
En Anglais :
English Tranlations for the lines in Latin:
De profundis clamavi ad te domine
(Out of the depths I cry to thee, O Lord)
Domine exaudi vocem meam de profundis
(Lord hear my voice out of the deep)
Libera me domine de morte
(Deliver me O Lord from death)
Aeterna
(Eternal)
Libera
(Free)
Read more: http://artists.letssingit.com/libera-lyrics-libera-1mmjjqg#ixzz39N6mqvJE
LetsSingIt - Your favorite Music Community
Paroles du poème de Wifred Owen qui a fourni à Benjamin Britten le canevas des paroles de son Libera me, dans le fameux Requiem de cet auteur.
It seemed that out of the battle I escaped
Down some profound dull tunnel, long since scooped
Through granites which Titanic wars had groined.
Yet also there encumbered sleepers groaned,
Too fast in thought or death to be bestirred.
Then, as I probed them, one sprang up, and stared
With piteous recognition in fixed eyes,
Lifting distressful hands as if to bless.
And by his smile, I knew that sullen hall;
And by his dead smile I knew we stood in Hell.
With a thousand fears that vision's face was grained;
Yet no blood reached there from the upper ground,
And no guns thumped, or down the fluies made moan.
"Strange, friend," I said, "Here is no cause to mourn."
"None," said the other, "Save the undone years,
The hopelessness. Whatever hope is yours,
Was my life also; I went hunting wild
After the wildest beauty in the world,
Which lies not calm in eyes, or braided hair,
But mocks the steady running of the hour,
And if it grieves, grieves richlier than here.
For by my glee might many men have laughed,
And of my weeping something has been left,
Which must die now. I mean the truth untold,
The pity of war, the pity war distilled.
Now men will go content with what we spoiled.
Or, discontent, boil bloody, and be spilled.
They will be swift with swiftness of the tigress,
None will break ranks, though nations trek from progress.
Courage was mine, and I had mystery;
Wisdom was mine, and I had mastery;
To miss the march of this retreating world
Into vain citadels that are not walled.
Then, when much blood had clogged their chariot-wheels
I would go up and wash them from sweet wells,
Even with truths that lie too deep for taint.
I would have poured my spirit without stint
But not through wounds; not on the cess of war.
Foreheads of men have bled where no wounds were.
I am the enemy you killed, my friend.
I knew you in this dark; for so you frowned
Yesterday through me as you jabbed and killed.
I parried; but my hands were loath and cold.
Let us sleep now…
See more at: http://allpoetry.com/Strange-Meeting#sthash.GZQfYcPc.dpuf
Notice sur Wilfred Owen, par N.Lesueur.
Wilfred Owen naquit le 18 mars 1893 à Oswestry dans le Shropshire, d'une famille de souche probablement galloise. Son père, homme cultivé, lui communiqua ses goûts littéraires. Il fut toute sa vie profondément attaché à sa mère dont il commença par partager les convictions religieuses; après des études secondaires, il prit un poste auprès d'un desservant de paroisse en milieu rural, ce qui le mit en contact avec la misère des campagnes. Elle développa chez lui une profonde compassion pour les deshérités, mais précipita aussi ce qu'il appela "le meurtre de sa fausse foi". Un poste de précepteur dans une famille de Bordeaux lui offrit la possibilité de se familiariser avec les poètes français. C'est en France que la guerre le surprit : il vit arriver ses premiers blessés à Bordeaux. Rentré en Angleterre, il s'enrôla en octobre 1915, reçut un entraînement, et fut envoyé sur le front Ouest à la fin de 1916. Un long hiver de stagnation commença dans la boue des tranchées jusqu'en avril 1917 quand un obus éclatant près de lui détermina une grave commotion cérébrale nécessitant son renvoi en Angleterre. Il fut hospitalisé jusqu'en novembre, puis affecté à l'est de l'Angleterre; le temps fut marqué par un approfondissement de ses convictions pacifistes. Devant la poussée allemande de 1918, il obtint cependant de retourner sur le front; il passa la Manche le dernier jour d'août 1918. Décoré de la Military Cross le 1er octobre, il fut tué le 4 novembre en cherchant à faire passer à ses hommes le canal de la Sambre. La majorité des poèmes de Wilfred Owen furent écrits pendant la dernière année de sa vie.
N. LESIEUR.
Extrait de l'importante notice sur le War requiem, de Britten, publié par la marque Decca ( un album de deux disques remarquables où des chanteurs remarquables et l'orchestre du London Symphony Orchestra, est dirigé, en 1963, par Britten lui-même :
« Le War Requiem présente, à dessein, des correspondances entre textes et des corrélations entre thèmes, si claires qu'il n'est nul besoin de les commenter. Tout est graphiquement illustré : la fugue bondissante, impétueuse, athlétique de Quam olim Abrahae promisisti dépeint la jeunesse européenne prête à marcher au combat avec ardeur; la récapitulation pianissimo est aussi nettement son fantôme, sa paille — la musique de la jeunesse éparpillée comme balle à la suite du défi opposé par Abraham au commandement divin dans la Bible selon Owen. Et bien que pour la première et unique fois des forces disparates s'unissent dans le Libéra me, la vraie réconciliation a lieu dans le simple et mélodieux Agnus Dei qui est le point tournant de l'oeuvre, sa brièveté sans rapport avec son importance. Ici se retrouvent Owen et le texte liturgique; ils s'unissent pour proclamer de façon poignante le principe fondamental du christianisme, la charité. Plomer écrit: «Owen fut un héritier de la tradition chrétienne. Il dit clairement sa déception d'une civilisation chrétienne qui ne pratique pas ce qu'elle professe, comme il l'écrit dans son poème sur le calvaire détruit au bord de la route. Owen, imprégné d'idées de compassion et de réconciliation (impliquant toutes l'espérance) se montre lui-même essentiellement chrétien; c'est pourquoi l'élévation de ses poèmes au rang d'un des plus solennels rites chrétiens en une synthèse musicale est curieusement juste» et nulle ne l'est peut-être plus que dans la sereine beauté de l'Agnus Dei ».
( 5 ème photo : un autre philosophe - modeste - joue à l'artilleur, mais...en 2010.). ( 6 ème photo, assez médiocre n'avait pour but que de montrer la diemsion à l'échelle humaine des obus, des millions, qui plurent sur le champ de bataille. ( Seux soldats, l'un Français, l'autre Allemand, jetés dans une effroyable machine dont le contole échapait à ceus qui l'avait mise en marche. Le jeune Allemand, dont le regard exprime un désarroi profond, apparait à plusieurs reprises dans les illustrations du War Requiem de Britten. Voir ci-dessus. ).