26 Février 2016
« La République n'a pas besoin de savant ». Ce mot de Fouquier-Tinville, Président du Tribunal révolutionnaire en 1793, envoyant à la guillotine, Lavoisier le célèbre chimiste est assez connu.
Rendons cette justice à Jules Ferry et aux éducateurs de la Troisième République, ils furent infidèles à cette barbarie de leurs grands ancêtres ( sauf toutefois en histoire, notamment celle de l'ancien régime, et de la religion catholique ).
En littérature ils furent plus efficaces et honnêtes, soucieux de fournir à tous les petits écoliers de France, et à leurs maîtres, le trésor de la langue française, cet héritage incomparable.
Hélas! Aujourd'hui, où les besoins de l'économie paraissent incompatibles avec l'amour des belles lettres, du style et de la tradition, les « réformateurs » de la dès-éducation nationale, s'attachent à nous couper de notre héritage, en réduisant la langue à un sabir d'ignares. Il semble que moins l'on sera capable de lire et d'écrire avec élégance et précision, mieux cela vaudra aux yeux des dirigeants qui n'auraient pas besoin de gens capables de lire et d'écrire, de se référer aux grands écrivains et philosophes : les Voltaire, Descartes, François Mauriac et autres Henri Bergson.
Il a toujours existé des amateurs de préciosité. Mais il y avait des Molière, des Nicolas Boileau pour ridiculiser ceux et celles ( voir les Précieuses ridicules, ou les femmes savantes ) qui s'adonnaient au vice du gongorisme, pour remettre à leur place celles et ceux qui pour dire « Untel portez nous des sièges s'il vous plait », osaient proférer « Untel, voiturez nous ici les commodités de la conversation ».
Aujourd'hui les professeurs d'éducation physiques vous diront que dans le jargon de nos nouveaux précieux ( et barbares ) on ne parle plus de ballons de football, mais de « référentiels bondissants ». ( sic ! ).
La France n'a pas le monopole de cette barbarie langagière.
Une journaliste à la télévision suisse évoque l'exportation de cette novlangue abrutissante dans son pays.
Lisez. Mais asseyez vous d'abord.
Le Scrutateur.
C'est du n'importe quoi..... Accrochez-vous ! LA CHRONIQUE DE MARTINA CHYBA, JOURNALISTE ET PRODUCTRICE A LA RTS ( radiotélévision Suisse francophone ) Désolée je ne peux pas m’en empêcher. Je craaaque. Amatrice inconditionnelle de la novlangue pédante, bureaucratique et politiquement correcte, je me dois de partager les dernières découvertes. Déjà cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle les campings parce que ça suscite instantanément dans l’esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais « hôtellerie en plein air ». Haha. J’ai aussi appris que je n’étais pas petite mais « de taille modeste » et qu’un nain était une« personne à verticalité contrariée». Si, si.... Mais rendons à César ce qui lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire.... J’étais déjà tombée de ma chaise pendant une soirée de parents quand la maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier « l’outil scripteur » au lieu de tenir un crayon. Je me suis habituée au fait que les rédactions sont des « productions écrites », les courses d’école des « sorties de cohésion » et les élèves en difficulté ou handicapés des « élèves à besoins éducatifs spécifiques ». Mais cette année, sans discussion aucune, la mention très bien est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège. Z’êtes prêts ? Allons-y. Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à « maîtriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres ». Il n’y aura plus de dictée mais une « vigilance orthographique ». Quand un élève aura un problème on tentera une « remédiation ». Mais curieusement le meilleur est pour la gym… oups pardon ! pour l’EPS (Education physique et sportive). Attention, on s’accroche : Ah! c’est du sportif, j’avais prévenu ! Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé : je n’ose plus dire du pipi de chat. ( Surtout dans Le Scrutateur ). la «personne en cessation d’intelligence» autrement dit, le con. Signé Martina Chyba, parent d’élève. Ah non, re-pardon… Martina Chyba, « génitrice d’apprenant ».... |