9 Février 2016
En Guadeloupe et en Martinique, entre 1940 et 1943, la vie fut très dure. Moins qu'en métropole, parce que l'armée Allemande, la police allemande n'étaient pas présentes. Mais plus difficile aussi car nos deux petits territoires étaient isolés à près de 7000 kms de Paris.
Jusqu'en 1943, le pouvoir légal aux Antilles resta fidèle au pouvoir symbolisé par le Maréchal Pétain, et, logiquement, le patriotisme antillais était partagé entre le respect de la légalité, et l'ardent désir de la libération de la France, qui pour beaucoup d'entre nous prenait de plus en plus le visage du général de Gaulle.
Le mot « résistance » peut prendre de multiples significations. La résistance peut consister à prendre les armes et à rejoindre un corps d'armée pour contribuer à libérer le territoire. Ainsi l'entendirent les jeunes qui devinrent ceux que l'on appela très vite « les dissidents ». ( les boys navigateurs du poème ).
Elle peut prendre la forme de la propagande en faveur de la cause que l'on croit juste, par la constitution de groupes clandestins, de publications d'écrits militants ( mais par définitions discrets, voire « occultes » ). Il s'agit de faire garder le moral aux populations, et de préparer l'avenir.
Ceux qui alors agissent le font en fonction de leurs charismes propres, de leur âge, du sexe auquel ils appartiennent ( Durant la guerre les « théories du Genre » n'avaient guère pignon sur rue. PSC ).
Je ne veux pas ici, ce soir, me lancer dans de grands développements sur ces problèmes, dont il a déjà, d'ailleurs été longuement question sur le Scrutateur, comme le vérifieront ceux qui veulent bien fouiller dans les archives du blog.
J'ai voulu seulement faire connaître, à travers un poème « résistant » comment des poètes, non dépourvus de talent, et en tout cas d'humour, pouvait se moquer de la censure collaborationniste, et en mettant les rieurs de leur côté, entretenir le moral des troupes, comme on dit.
Ce poème, je l'ai retrouvé cet après midi, en farfouillant dans de vieux papiers ayant appartenu à mon père, Albert Boulogne.
L'oeuvrette a l'air de faire de la propagande pro nazie. Elle se présente comme émanant du journal collaborationniste Paris-Soir.
Mais en période difficile, l'esprit est souvent plus actif que dans les temps ordinaires.
Quand un message, est aussi scandaleusement partisan, l'homme averti s'arrête, réfléchit, cherche les sens crypté, caché, s'il existe, de la donnée brute.
Et, ici dans ce poème dont le titre est « Publié par Paris-soir », il y a avait un sens caché, le sens patriotique « franco-Gwadloupéyen », que je vous incite à découvrir, en vous en fournissant, si besoin est....la clef.
Le Scrutateur.
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Publié par PARIS-SOIR.
Aimons et admirons le Chancelier Hitler
L'éternelle Angleterre est indigne de vivre
Maudissons, écrasons .le peuple d'Outre-mer
Le nazi sur la terre sera seul a survivre
Soyons donc, le .soutien du Furher allemand
Des boys navigateurs finira l'Odyssée
A eux seuls appartient un juste châtiment
La palme du vainqueur attend la Croix gammée.
Et maintenant le message vrai.
Publié par Paris-Soir.
Aimons et admirons / le Chancelier Hitler
L'éternelle Angleterre / est indigne de vivre
Maudissons, écrasons / le peuple d'Outre-mer
Le nazi sur la terre / sera seul a survivre
Soyons donc, le .soutien / du Furher allemand
Des boys navigateurs / finira l'Odyssée
A eux seuls appartient / un juste châtiment
La palme du vainqueur / attend la Croix gammée.
Pour aller plus loin :
( I ) Cette page est extraite d'un livre remarquable de l'historien Robert Aron ( à ne pas confondre avec le philosophe et sociologue RAYMOND Aron ) Histoire de l'épuration, ou un vrai effort d'objectivité est accompli, sur une période très difficile et confuse. Deux autres pages difficiles à numériser sont reproduites en photographies dans la galerie illustrée de cet article.
66 L'épuration de la presse
Déat, dont il admirait les articles publiés dans L'Œuvre, comme gauleiter éventuel de la France, au détriment de Jacques Doriot, qui aspirait à ce titre.
Ainsi, par un détour imprévu, le directeur de L'Œuvre, l'ancien lieutenant de Léon Blum dans le parti S.F.I.O., l'inventeur de cette dissidence que fut le néo-socialisme, devenait un des maîtres à penser officieux de certains nazis. »
De Bunau-Varilla à Jeantet, de Gustave Hervé à Déat, on voit de quel clavier étendu les Allemands disposaient avec les anciens journaux qui se ralliaient à leur pouvoir. Ils y ajoutèrent d'autres touches, en créant de nouveaux journaux, avec des équipes nouvelles dont ils provoquaient l'accession aux leviers de commande de la presse parisienne, alignée sur le nazisme.
/ Tel fut le Paris-Soir de Paris : sa publication, sous le contrôle ' allemand, constituait une véritable spoliation au détriment des possesseurs français qui continuaient à publier le vrai Paris-Soir en zone libre1. Tels furent aussi les Nouveaux Temps, de Jean Luchaire, qui prétendait concurrencer Le Temps, replié à Lyon, La France au Travail, bientôt suivi de La France socialiste, destinée à remplacer L'Humanité, qui avait vainement demandé l'autorisation de reparaître, l'édition française de la Panser Zeitung, qui donna lieu à une circulaire des autorités allemandes, envoyée à tous les marchands de journaux, afin de stimuler leur zèle.
Prenez soin, y lisait-on, de mettre cette publication bien en vue et d'en avoir toujours une quantité suffisante afin de faire face aux besoins de la vente. Veuillez la présenter jusqu'à la parution du numéro suivant, car elle ne manquera point d'intéresser les lecteurs durant toute la semaine. Nous vous accordons la reprise totale des invendus. L'éditeur vous aidera par une vaste publicité dans les journaux, par la radio et par un affichage important dans toute la France...
Bienheureuse édition française de la Pariser Zeitung, bénéficiant ainsi sous l'occupation d'un soutien officiel, dont nul journal paraissant en France n'avait jamais profité. Le gouvernement de Vichy fut souvent contraint de s'associer ( …. )
Cf Rocert Aron : « La Querelle des deux Paris-Soir », dans les Nouveaux Grands dossiers de l'Histoire contemporaine. 177, Librairie académique Perrin.
( II ) Ci-dessous un article sur la dissidence ( sous ce titre ) du romancier Martiniquais Raphael Confiant, paru d'abord dans la revue Catholica, puis dans Le Scrutateur, en 2008.
http://www.lescrutateur.com/article-23189770.html
[La dissidence peut être l’acte par lequel une personne, ou un groupe, se séparent, par un acte plus ou moins courageux et de bon sens d’un groupe, d’un parti, d’une religion, …. d’un conformisme politique, philosophique, religieux, etc. L’article qui suit porte plus simplement sur un livre de R. Confiant. Il a été publié en décembre 2002, dans la revue Catholica). La pensée de monsieur Raphaël Confiant, explosive, excessive, injuste, souvent violemment « leucodermique » (utilisons cette expression pour éviter de donner, dans une vérité qui pourrait paraître discourtoise), proche de celle de Dieudonné M’bala M’bala et de quelques autres du même tonneau, ne m’est pas particulièrement sympathique. J’ai tenu pourtant, tout en soulignant mes points de désaccord avec lui, m’en tenir au plan de la critique littéraire honnête. EB].
La période de l’occupation en France a suscité d’innombrables ouvrages, films, reportages où la sérénité, plus d’un demi siècle après l’évènement, n’est pas toujours présente. Cette même période, aux Antilles françaises est moins connue. Il est vrai que la Guadeloupe, la Martinique ne furent pas occupées, tout en restant, jusqu’en juillet 1943, dans l’allégeance au régime de Vichy, sous la férule du haut commissaire, l’amiral Georges ROBERT, coiffant l’autorité, en Martinique du gouverneur NICOL, à la Guadeloupe du gouverneur Constant SORIN.
L’amiral ROBERT avait pour mission de maintenir l’ordre dans les vieilles colonies Françaises, de les protéger, de garder aussi les 300 tonnes d’or de la Banque de France arrivées à Fort de France sur le croiseur Emile Bertin le 24 juin 1940 et entreposées pendant les années qui suivirent au Fort Desaix.. Pour l’accomplissement de sa mission qui devait s’avérer, les années suivantes, difficile et délicate à plus d’un égard, l’amiral disposait, outre de l’Emile Bertin, du croiseur Jeanne D’arc, qui stationna à la Guadeloupe, de l’aviso le terrible, mais aussi du porte-avions le Béarn.
Assez mal connu en Europe, cet épisode de la seconde guerre mondiale, fait l’objet, aux Antilles, de controverses passionnées. Pour certains, l’amiral Robert, et les deux gouverneurs auraient été des tyrans, dignes émules de leurs supérieurs Vichyssois « aux ordres de l’occupant ».
Comme en métropole, la résistance s’organisa peu à peu. Elle consista, pour les plus audacieux à échapper à la surveillance des autorités, et, par voie de mer, à gagner les îles anglaises voisines de la Dominique et de Sainte Lucie où se trouvaient des antennes de la « France libre », où ils étaient pris en charge à destination du Canada ou de l’Angleterre, pour y recevoir une formation militaire, avant d’être jetés dans le grand bain. C’est ce que l’on appela la « dissidence ».
C’est aussi le titre du dernier ouvrage de l’écrivain créole Raphaël CONFIANT. Ce Martiniquais, l’un des chefs de file du mouvement politico-littéraire de la Créolité, s’intéresse beaucoup à cette période puisque c’est le troisième ouvrage qu’il lui consacre (après Le nègre et l’amiral, et Jik dèyè do bondié, en créole).
Le livre est plus un récit, qu’un roman ; pas d’intrigue proprement dite, mais le récit de la période, par le personnage de Firmin Léandor, métis, commandeur (régisseur) de la plantation sucrière Bel-Event, située au sud de la Martinique, sur le territoire de la commune de Rivière Salée, et appartenant au planteur béké ( c’est-à-dire membre de la communauté des blancs créoles de la Martinique, les békés) Simon Duplan de Montaubert, dit Simon le terrible. Léandor rapporte le quotidien tel qu’il l’a vécu, homme de confiance, compétent, dévoué, passionnément attaché à cette terre, à bien faire son travail : lente culture de la canne et extraction du sucre, édification aussi de ces travailleurs nègres qui lui sont confiés, durs au mal, descendants de ces esclaves importés d’Afrique aux 17ème et 18ème siècle, dans l’univers particulier de la plantation, paternaliste, presque inchangé depuis 1848, mais qui n’allait pas tarder à s’effondrer sous les coups de la modernité.
Léandor, décrit la consternation des Martiniquais à l’annonce de l’effondrement de la « mère patrie » en 1940, l’accueil enthousiaste réservé d’abord à l’amiral Robert, la déception qui lui succède peu à peu, puis l’hostilité qui grandit, du fait, si on l’en croit des souffrances engendrées par l’extrême pénurie alimentaire, (pays de monoculture du sucre et de la banane, la Guadeloupe et la Martinique, eurent du mal à subsister par leurs propres moyens, et les USA, les soumirent à un dur blocus), mais aussi du fait de la dureté du pouvoir vychissois, et des exactions des marins de la royale ; de la collaboration enfin avec l’amiral, des planteurs békés, peints sans aménité, « autoritaires et racistes ».
Raphaël Confiant, est un écrivain sobre, dépourvu de cette emphase intellectualisante, de ce goût du long et du gros qui caractérise à mon sens trop d’auteurs de ce mouvement de la créolité, et parmi les plus prisés dans certaines officines littéraires parisiennes. La dissidence est un livre de lecture agréable.
On pourra lui reprocher cependant ses partis pris politiques qui le font s’écarter par trop de la vérité historique, et sur trop de points.
Les positions politiques séparatistes de l’auteur, ne justifient point, à nos yeux, la caricature assez malveillante qu’il donne des békés, allant jusqu’à prétendre que dans les salons de ceux-ci trônait la photographie d’Hitler « ce personnage à la risible moustache » (p. 108). En fait, les blancs créoles, comme en France métropolitaine, furent d’abord maréchalistes, et sans doute le demeurèrent en majorité. Mais « hitlériens » ! ! A vouloir trop prouver….. ! Et que dire des membres de cette aristocratie, qui firent dissidence ? M. Confiant en évoque un, l’exception qui confirme la règle. Il n’en fut rien, et l’on se référera au témoignage émouvant et documenté de l’un d’entre eux Louis de Lucy de Fossarieu : au tome 2 de son Journal d’un béké : Ma dissidence (En temps Robè, 21 février- 6 août 1943)
L’amiral Robert ne fut pas non plus le personnage rabougri, mesquin, indifférent aux souffrances des gens, qu’on nous présente. De même qu’en Guadeloupe le gouverneur Constant Sorin. Ces hommes furent confrontés à la tâche redoutable d’avoir à faire survivre des populations sur des territoires exigus, non préparés à vivre du jour au lendemain coupés de la France métropolitaine. Il fallut du savoir-faire, de l’énergie, des méthodes adaptées aux temps difficiles, du doigté. Ils ne manquèrent point de ces qualités », et le souvenir que gardent les Antillais survivants de l’époque en témoigne, même s’il n’est pas toujours répercuté par les medias. L’amiral Robert eut encore la tâche difficile de préserver les îles des ambitions américaines, inspirées de la « doctrine de Monroe » (l’Amérique aux Américains, nulle puissance étrangère dans le pré carré déterminé dès 1823). Il faudrait lire à cet égard les mémoires de l’amiral La France aux Antilles (1939-1943), à condition qu’elles soient rééditées ( dernière édition : Calivran Anstalt, 1978), pour s’apercevoir, à quel point nos alliés, sous des prétextes divers s’intéressaient aux possessions françaises d’Amérique d’un point de vue annexionniste, et quel fût le talent réel de diplomate, de Georges Robert pour éviter le pire.
Raphaël Confiant exagère encore à notre avis le procédé qui lui tient à cœur de larder son texte, d’expressions créoles qui ne s’imposent pas absolument. L’intérêt d’écrire « l’en haut du morne » pour le sommet de la colline, ou un « péter-tête » pour un casse tête, ou encore la « défortune » pour l’infortune (pour ne citer que trois exemples sur des dizaines d’autres) n’est peut-être pas absolument évident. C’est que M. Confiant ne se veut pas un écrivain régionaliste. Il ne s’abandonne pas à de simples tics littéraires. Il applique les procédés qui sont recommandés par l’école dont il se revendique (cf Eloge de la créolité, par R. Confiant, P. Chamoiseau, et J. Bernabé).
Cette école se veut révolutionnaire, et initiatrice d’une utopie. Né d’une révolte contre « l’impérialisme de la langue française », le mouvement présente la créolité comme l’avenir du monde. « Le mouvement général du monde – appelé « mondialisation » ou « globalisation », et que nous préférons appeler créolisation ».(R. Confiant : Eloge de la diversité). L’auteur, préconise le retrait de la langue française comme norme (et d’ailleurs de toute norme), et préconise un Français comme l’Américain qui se concocte actuellement aux USA. Mais, le Français est en train de changer s’écrit Confiant. Et de se féliciter de la nouvelle langue qui se développe dans les banlieues : « ce français-Djamel (pour reprendre le nom du célèbre humoriste de Canal Plus) est en passe de supplanter le français populaire gaulois car il déborde les cités pour s’emparer des bouches et des esprits de toute la jeunesse française. Il fait bouger le français, il décrispe la norme, il retrouve la créativité, l’inventivité insolente du français pré-malherbien ».
Non dépourvu de talent M. Confiant ne fait cependant pas l’unanimité des créoles, et créolophones, dont fait partie l’auteur de cette recension. Il est l’un des membres marquants d’un courant culturel que l’on peut trouver inquiétant, mais à la confrontation duquel il ne faut pas se dérober, sauf à s’abandonner à Babel.
Edouard Boulogne.
Pour approfondir :
(1)° Raphaël Confiant : La dissidence, Editions Ecriture .
(2) Amiral Georges Robert : La France aux Antilles, (1939-1943) Editions Califran Anstalt.
(3) Louis de Lucy de Fossarieu : Mon journal de béké, Ma dissidence.
(4) Abenon : Petite histoire de la Guadeloupe.
(5) On pourra aussi se reporter sur cette période de l'occupation, se reporter à mon livre Livre paroles , plus particulièrement aux chapitres intitulés Touvier, et Maurice Papon, qui insistent sur l'extrême complexité de cette époque, peu accessible aux esprits élémentaires ou malhonnêtes, ainsi qu'à mes deux lettres au Recteur de l'Académie de Guadeloupe, Alain Miossec, (ici même, sur ce blogue) concernant les inadmissibles mensonges historiques véhiculés par le site officiel de l'Académie de Guadeloupe sur l'ancien gouverneur de la Guadeloupe Constant Sorin.(Lettres ouvertes au Recteur Alain Miossec).
( III ) Louis de Lucy de Fossarieu ( mort en 2011 ).
J'évoque plus haut, dans l'article consacré à M. Confiant, la figure de Louis de Lucy de Fossarieu. Voici pour le mieux connaître ( le lectorat du Scrutateur a été multipliée par 10 depuis 2011 ) l'article que je lui avis consacré à l'occasion de son décès.
Un grand martiniquais, Louis de Lucy de Fossarieu nous a quitté.
La semaine dernière, la Martinique a perdu un grand serviteur; et un grand témoin : Louis de Lucy de Fossarieu.
Dans son édition martiniquaise France Antilles a publié, en hommage cet article ci-dessous.
« C'est une figure de la dissidence qui est décédée mardi matin, Louis de Lucy, était âgé de 86 ans.
Né en novembre 1924, au François, il passera toute son enfance à Grand-Rivière, sans savoir que sa vie serait marquée par la guerre. Il n'a pas 20 ans lorsqu'il part en dissidence, rejoignant les FFL Nous sommes en 1943 et les jeunes Martiniquais sont de plus en plus nombreux à prendre la mer pour grossir les rangs des troupes gaullistes. Pour cela, il fera preuve d'une audace certaine. C'est en subtilisant le bateau du gouverneur vichyste de l'époque, le gouverneur Nicol, et avec la complicité du fils de ce dernier qu'il partira pour Sainte- Lucie, II participera à toute l'épopée des dissidents de la première heure, de Trinidad aux États-Unis, pour s'investir pleinement dans toute la campagne de France.
( Trois indigènes de la République. De gauche à droite : Louis de Lucy de Fossarieu, Roger Gantéaume, ami frère, et Joël Nicols, fils du gouverneur de la Martinique. Ces garçons avaient 18 ans. 1943. )
Après l'armistice, il restera dans l'armée, poursuivant sa carrière dans tes troupes parachutistes. Il connaîtra ta guerre d'Indochine et le début de la guerre d'Algérie. Est-ce le conflit de trop pour lui? H a 30 ans et a le grade de capitaine, mais décide de quitter l'armée.
Louis de Lucy aura un parcours moins périlleux dans le monde civil. II le lancera dans l'agriculture et plus particulièrement dans la banane, reprenant l'exploitation de l'habitation Beauséjour, Conscient des difficultés que rencontre la filière, il fondera le groupement Gipam, avec des planteurs de banane, tout en invitant des planteurs d'agrumes, de fruits et de légumes à rejoindre la structure. En 1993, à 69 ans, il se retire et se consacre à la mémoire de la dissidence.
Fier de son parcours, il ne manquera jamais l'occasion de valoriser l'engagement hardi des jeunes de l'époque qui ont risqué leur vie pour une certaine idée de la République et de la France. Par ailleurs, il sera président des anciens parachutistes, ne manquant aucune fête de la Saint-Michel, patron des bérets rouges. L'an dernier, il participa à la création de l'amicale martiniquaise des parachutistes, passant le témoin à une autre génération d'anciens combattants. Il en était le président fondateur
Mardi matin, il a rendu son dernier souffle, serein et satisfait du parcours d'une vie bien remplie ».
G.Gallion •
!
Gaulliste, admiratif de la haute figure du général de Gaulle, Louis de Lucy s'est toujours refusé à accabler ceux qui, aux Antilles, sous la direction de l'amiral Robert, dans des circonstances extraordinairement difficiles, eurent la tâche de faire subsister, survivre nos îles.
Il s'explique à cet égard dans ses mémoires Journal d'un béké ( ma dissidence).
Il y raconte aussi comment, avec le fils ( de son âge ) du gouverneur ( vichyste ) de la Martinique, M.Nicols, avec la participation active du jeune homme ( le gouverneur étant devenu, apparemment, « aveugle et sourd » ) ils quittèrent la Martinique sur le petit voilier du représentant de l'Etat, en direction de l'île de Sainte-Lucie, où ils furent pris en charge par les représentants du général de Gaulle, en vue de recevoir la formation qui devait leur permettre de participer à la libération du territoire, en vrais « indigènes de la République ».
En 1999, louis de Lucy voulut bien me dédicacer, trop généreusement, son ouvrage, qui mériterait d'être promptement réédité.
Sa vie résonne comme un appel et n'est pas sans évoquer l'antique choeur spartiate, cité par Plutarque dans sa vie de Lycurgue :
« Le choeur des vieillards:
Nous avons été jadis
Endurants et hardis.
Le choeur des hommes faits:
Nous le sommes maintenant
Prêts à braver tout venant.
Le choeur des enfants:
Et demain nous le serons
Et nous vous surpasserons. »
Du moins, tant qu'il y aura des hommes.
Edouard Boulogne.
3 ) Jeunes dissidents Antillais. 4 ) Guy Cornély, âgé. Guadeloupéen, il fut un des acteurs français lors du débarquement en Normandie. 6 et 7 ) Louis de Lucy, et en page 7 trois indigène de la république : de gauche à droite : L de Lucy, Roger Ganteaume, et Joël Nicol, fils du gouverneur ( vychiste ) de la Martinique. La réalité fut plus complexe que ne le disent maints livres de pseudo histoire. Ces garçons aveient 18 ans. ) débarquement en Normandie. Il fut aussi un conteur de la dissidence, à la radio. 5 )