3 Février 2016
Je suppose que justifier ( ou même tenter de... ) justifier cette mesure d'interdiction d'un film vaudra aux auteurs de ces protestations une assimilation à Daech, ou aux tueurs du Bataclan. A ce propos, je rappelle que je n'ai jamais approuvé les caricatures de Mahomet publiées en Europe, et en France, notamment par Charlie Hebdo, et que condamnant avec la plus grande rigueur les islamistes de janvier et de novembre 2015, je n'ai jamais été « Charlie", cette arnaque de Hollande et des siens pour rassembler autour d'eux les Français de tous bords qui les jugeaient tels qu'il étaient au début de 2015, et abandonnaient en masse le parti socialiste.
Mais, je me souviens du vacarme occasionné par la publication d'une caricature ( certes mal venue, et inopportune ) par le journal Minute de madame Taubira en singe ( voir : http://www.lescrutateur.com/2016/01/tite-lecon-de-choses-autour-de-christianita-et-de-quelques-autres.html ).
Notre pays est décidément en proie à un délire d'autodestruction. S'il est regrettable de n'avoir pas pensé plus tôt à prévenir par des mesures adaptées la propagation du virus Zika, et autres propagateurs de mort, on peut se demander si certaines façons irresponsables de dire et faire n'importe quoi ne sont pas aussi dangereuses et destructrices que le terrorisme ordinaire. Tout est-il possible au nom de la « liberté »?
Car il est des épidémies psychiques et morales aussi redoutables que les épidémies au sens habituel du mot.
Le Scrutateur.
Le film controversé de Lars von Trier avait déjà perdu son visa deux fois lors de recours formés au Conseil d'Etat par des associations proches des milieux intégristes.
Près de sept ans après sa sortie, la justice française a décidé d'annuler le visa d'exploitation d'Antichrist, le film du réalisateur danois Lars von Trier, qui était déjà interdit aux moins de 16 ans. La décision de la cour administrative d'appel de Paris, rapportée ce mercredi 3 février 2016 par l'AFP, se base sur le fait que le film comporte des « scènes de très grande violence » et des « scènes de sexe non simulées », et qu'il présente « un degré de représentation de la violence et de la sexualité qui exige, au regard des dispositions réglementaires applicables, une interdiction de ce film à tous les mineurs ».
Ce n'est pas la première fois que ça arrive : en novembre 2009, saisi par les associations Promouvoir et Action pour la dignité humaine, le Conseil d'Etat avait déjà annulé ce visa, mais dès le lendemain, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand lui en avait accordé un nouveau. Rebelote en juin 2012 : à nouveau saisi par Promouvoir, le Conseil d'Etat l'annule une nouvelle fois... au motif que la Commission de classification n'a pas réexaminé le film. Du coup, la nouvelle ministre de la Culture Aurélie Filipetti le fait repasser devant ladite commission, qui maintient que l’interdiction aux moins de 16 ans est justifiée car le film ne comporte que « quelques brèves scènes de sexe non simulées » et qu’elles ne « justifient pas une interdiction aux mineurs de moins de 18 ans en raison du fait qu’elles n’occupent qu’une place limitée dans le film et se déroulent dans une atmosphère qui en relativise la portée ». La ministre lui avait donc accordé un nouveau visa.
Le film de Lars von Trier avait aussi été sous le feu d'une controverse lors de sa présentation au Festival de Cannes, en 2009, ce qui n'avait pas empêché Charlotte Gainsbourg d'obtenir un prix d’interprétation. Au moment de sa sortie, Télérama – qui ne l'avait pas aimé – parlait d'un film « provocant, violent, difficilement supportable. Il reste, néanmoins, le plus épuré de Lars von Trier, le plus cinglé aussi, avec d’insolents moments gore ».