31 Janvier 2016
D'aucuns s'imagineront peut-être que ce titre, assez dépréciatif est inspiré à l'auteur de cette déclaration, et à moi qui sélectionne son propos pour donner à penser, par une quelconque motivation idéologique, ou une détestation particulière du ministre français des affaires étrangères.
Il n'en est rien.
Je ne connais pas personnellement Laurent Fabius, et de ce fait n'éprouve pour lui aucun des sentiments qui accompagnent d'ordinaire l'amitié, l'amour, ou la haine. J'en dirais autant, de C.Taubira, de François Hollande, de Sarkozy, Marine Le Pen ou de tout autre.
Mais ces gens des hommes publics, et M. Fabius est, par fonction un personnage de haut rang, dont les paroles n'engagent pas que lui, et exercent une influence.
C'est à ce titre que j'exerce mon droit au désaccord et à la critique, parfois sur un ton de colère et de polémique, parfois, quand j'estime que ces artifices rhétoriques s'imposent pour retenir l'attention.
D'où ma sélection de cette déclaration à mes yeux pleinement justifiée de Mgr Jean-Bart, archevêque grec-melkite d'Alep, en Syrie.
La critique du ministre par Mgr Jeanbart me paraît justifiée. Les propos de Laurent Fabius ne sont pas critiquables sur le seul plan de la diplomatie mondiale, car leur portée est bien plus grande et déborde de beaucoup le sujet qui lui vaut notre critique.
Que l'on réfléchisse un moment : se donner le droit de décider qui « mérite de vivre ou pas », c'était le droit que se sont arrogés au XX ème siècle ( notamment, pas exclusivement ) des idéologues sensés avoir été maudits une fois pour toute au tribunal de Nuremberg.
Et voici que ce discours est, distraitement ( ? ), repris par un chef de diplomatie, et pas n'importe lequel, celui de notre pays.
Ne croyez vous pas qu'il soit urgent de lui signifier : « basta cosi »!
Le Scrutateur.
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"De passage en France à l’occasion de la Nuit des témoins organisée chaque année par l’Aide à l’Église en détresse, l’archevêque grec-melkite d’Alep, Monseigneur Jeanbart, en avait gros sur le cœur. Après avoir décrit la situation dramatique que vivent les Alépins, l’évêque syrien s’est adressé au parterre de journalistes qui étaient venus l’écouter.
« Les médias européens n’ont cessé d’étouffer le quotidien de ceux qui souffrent en Syrie et se sont même permis de justifier ce qui arrive dans notre pays en reprenant des informations sans ne jamais les vérifier », a-t-il lancé, fustigeant notamment les agences de presse créées pendant la guerre, « détenues par l’opposition armée », à l’instar de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, source incontournée des médias occidentaux.
« Il faut que vous compreniez qu’entre l’État islamique et le gouvernement syrien, notre choix est vite fait. On peut condamner le régime pour certaines choses, mais vous n’avez jamais cherché à être objectifs », a-t-il encore accusé.
À la question de savoir s’il avait pu expliquer sa position aux autorités françaises, Monseigneur Jeanbart a répondu qu’il avait essayé, avant de s’entendre dire qu’il fallait être « moins critique ».
Pour lui, pourtant, l’Occident n’a cessé de taire les exactions de l’opposition armée, tout en accablant le gouvernement syrien et son président. « Bachar el-Assad a beaucoup de défauts, mais figurez-vous qu’il a aussi des qualités », a-t-il expliqué, « les écoles étaient gratuites, les hôpitaux aussi, les mosquées comme les églises ne payaient aucune taxe, mais quel gouvernement de la région fait des choses pareilles, soyez honnêtes ? Souvenez-vous aussi que si nous préférons aujourd’hui soutenir le gouvernement, c’est parce que nous redoutons l’instauration d’une théocratie sunnite qui nous priverait du droit à vivre sur notre propre terre. »
« Oui, j’ai tenté de dire toutes ces choses aux autorités françaises, mais que voulez-vous attendre d’un Laurent Fabius qui se prend pour Dieu le Père en décidant qui mérite ou non de vivre sur cette Terre ? » a-t-il finalement répondu, visiblement las (Laurent Fabius avait affirmé que Bachar el-Assad ne « mériterait pas d’être sur la Terre »).
« Est-il possible que la France – que j’aime et qui m’a éduqué par le biais des communautés religieuses installées en Syrie – ait tant changé ? Est-il possible que ses intérêts et son amour de l’argent aient pris le pas sur les valeurs qu’elle défendait autrefois ? » a encore déclaré l’archevêque avec amertume.
À la question du positionnement des évêques français, l’évêque pakistanais également présent n’a pas voulu répondre. C’est donc Monseigneur Jeanbart qui a repris le micro.
« La conférence des évêques de France aurait dû nous faire confiance, elle aurait été mieux informée. Pourquoi est-ce que vos évêques se taisent sur une menace qui est aujourd’hui la vôtre également ? Parce que les évêques sont comme vous tous, élevés dans le politiquement correct. Mais Jésus n’a jamais été politiquement correct, il a été politiquement juste ! » a-t-il lâché.
« La responsabilité d’un évêque est d’enseigner, et d’utiliser son influence pour transmettre la vérité. Pourquoi vos évêques ont-ils peur de parler ? Bien sûr qu’ils seront critiqués, mais cela leur donnera l’occasion de se défendre, et de défendre cette vérité. Il faut bien se souvenir que le silence est parfois un signe d’acquiescement. »
C’est également la politique migratoire des pays occidentaux que l’archevêque a critiquée.
« L’égoïsme et les intérêts servilement défendus par vos gouvernements finiront par vous tuer vous aussi. Ouvrez les yeux, n’avez-vous pas vu ce qui s’est récemment passé à Paris ? » a encore ajouté l’archevêque, avant de conclure en suppliant : « Nous avons besoin que vous nous aidiez à vivre chez nous ! […] Je ne peux accepter de voir notre Église deux fois millénaire disparaître. Je préfère mourir que de vivre ça. »"