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8 Décembre 2015
N’ayant pas une connaissance suffisante du milieu politique martiniquais, j’ai choisi de publier deux articles d'hommes du terroir sur les alliances de second tour dans cette région d’outre mer.
Le premier, que je lui ai demandé, émane de M. Luc André, que nos lecteurs connaissent, et en qui j’ai confiance. Il commente, sans la condamner, mais sans enthousiasme, la fusion des listes, traditionnellement opposées de Yann Monplaisir ( « droite » ) et de M. Marie-Jeanne ( indépendantiste ). L’avenir, très proche dira si cette « fusion » est viable et si elle reçoit un accueil favorable des deux électorats traditionnellement opposés. Rendez-vous dimanche.
Le deuxième article émane de M. Roger de Jaham, président de l’Association Tous créoles, qui refuse clairement, ce qui est à ses yeux une association contre nature.
Le Scrutateur.
Résultats officiels des élections du premier tour à la Martinique :
http://elections.interieur.gouv.fr/regionales-2015/02/index.html
( I ) Une alliance face à une fusion, par Luc ANDRE.
« Au soir du premier tour des élections pour la CTM, les analyses ont fusé de toutes parts mais en dehors de quelques supputations il n’était pas envisagé qu’une fusion des challengers aurait pu se faire.
Un rassemblement de « patriotes » et un rassemblement de la droite et du centre pouvaient-ils se rassembler pour tenter d’empêcher une victoire qui paraissait inéluctable de l’Alliance EPMN conduite par Serge Letchimy ?
Huit listes se sont positionnées pour combattre le Président sortant de la Région (en oubliant que le Conseil Général qui a un budget et un effectif supérieurs à ceux de la Région) avec des arguments aussi divers que variés, vu que son camp avait su rallier une majorité de municipalités de sensibilités politiques différentes.
Les résultats du premier tour ont montré que certains maires ne pouvaient se prétendre maîtres des voix de leurs électeurs et que un plus un de donne pas toujours deux !
La gouvernance retenue par le gouvernement de l’époque avait surpris la majorité des Martiniquais qui avait, à tort ou à raison, pensé que ce système ne laissait pas trop de place à l’opposition.
Le Conseil exécutif, composé de neuf membres du même camp, avait
Soulevé de nombreuses inquiétudes quant à la domination sans partage de la liste gagnante qui bénéficiait en plus, d’une majorité au minimum de onze membres à l’Assemblée.
Les textes prévoient que le Conseil exécutif pourrait être renversé par une motion signée par dix sept membres de l’assemblée mais adoptée par les trois cinquièmes (31 votes) des membres de cette assemblée. Cela ne rassurait pas les sceptiques qui avaient du mal à envisager une division au sein du bloc majoritaire.
Cette fusion saura t-elle préserver la démocratie et permettre un rôle plus important de la diversité d’opinion ?
Compte tenu des reproches formulés à l’égard de la gouvernance du Conseil Régional sortant, les challengers ont choisi de s’unir autour d’un « contrat de gestion de mandature » pour affronter la liste EPMN, arrivée en tête.
Cette fusion qui comme l’Alliance EPMN n’est pas basée sur une idéologie ( du moins au moment d’une négociation entre politiciens, entre deux tours de scrutin ! Note du Scrutateur ) et surprendra non seulement les adversaires mais également les abstentionnistes et les partisans des deux bords concernés, puisqu’il n’est pas certain, comme indiqué plus haut que :
1 + 1 = 2 !!
Cette nouvelle donne va-t-elle conforter la majorité sortante ou sera-t-elle capable de renverser la vapeur ?
La réponse appartient aux électeurs.
Par contre cette nouvelle configuration du second tour va-t-elle vaincre le fort taux d’abstentions du premier tour ?
Je l’espère pour la démocratie afin qu’une majorité de ce peule, en souffrance, soit en mesure de choisir ses futurs gouvernants.
Les futurs élus, quels qu’ils soient, devront savoir qu’ils devront tenir compte des attentes diverses et quelquefois opposées des électeurs.
Il nous reste à connaître les modalités de ce contrat de gestion dans l’intérêt de la Martinique, car les problèmes sont ardus et nécessitent des solutions rapides et durables.
Il serait temps que la Martinique retrouve son unité car ce ne sont pas les divisions et les dénigrements trop souvent utilisés durant cette campagne qui pourront la faire avancer.
Les jeunes et les moins jeunes espèrent un emploi et nos séniors auront besoin de retrouver une dignité dans cette société qui a du mal à se renouveler.
Que ces élus prennent conscience de l’importance de la résolution du problème des transports. L’Habilitation transport qu’aura cette CTM devra tenir compte de la nécessité de supprimer ces embouteillages qui font perdre à la population et à l’économie des millions d’heures.
Cette nouvelle Collectivité devra apprendre à écouter et à entendre les citoyens, souvent porteurs d’idées neuves, pour que soit bâtie une nouvelle Martinique.
Luc ANDRé.
( II ) Une véritable honte ! par Roger de Jaham.
Ce que je craignais au fond de moi en refusant d’y croire est donc arrivé : MONPLAISIR et MARIE-JEANNE ont fusionné leurs listes pour le second tour des élections à la CTM !
Ainsi, l’adversaire d’hier, l’indépendantiste tant dénoncé, le président de région qui n’avait jamais rien fait, est devenu un allié sincère et véritable, un partenaire loyal, un ami, avec lequel le « départementaliste » Yan MONPLAISIR envisage de diriger. Tout est oublié, les attaques, les insultes, les dénonciations ; promis-juré, on s’aime pour la vie.
En réalité les opposants d’hier sont les colistiers d’aujourd’hui et très certainement les ennemis de demain, car conduire sereinement une politique commune quand tout vous sépare leur sera impossible.
Je n’ai pas de mots pour qualifier une telle alliance contre-nature : trahison ? Tromperie ? Combine ? Duperie ? Fourberie ? Collaboration ? Cette lamentable combinazzione est un peu tout cela à la fois ! Ayant soutenu à titre personnel la liste « Ba Péyi-a an chans » dès le début, pour la simple raison que Yan MONPLAISIR est un chef d’entreprise, certes contesté, mais un entrepreneur malgré tout dont la région avait bien besoin, je me sens ce matin dans la peau d’un cocu, trompé par ces candidats en qui j’avais placé ma confiance.
Si Serge LETCHIMY veut bien de mon bulletin de vote, je me propose de le lui apporter dimanche prochain, toute honte bue…
Roger de JAHAM