8 Octobre 2015
La gravité de la crise au moyen orient inquiète à juste titre, et la difficulté des « puissances » à y rétablir même un semblant d'ordre est très préoccupante. Le temps où « les puissances » pouvaient intervenir, avec succès et sans difficultés est passé. Gérard Chaliand, spécialiste des conflits, explique pourquoi dans ce livre, sur lequel j'avais écrit cet article en 2010, et que je réédite pour aider à comprendre. A cette époque l'auteur parle des talibans, ou d'Al Qaida, mais pas de Daesh, évidemment. L'analyse ne perd rien de sa perspicacité cependant.
Mais ce ne sont pas les USA qui vont rétablir une paix qu'ils ont largement contribué à perturber, ni la France, qui, hélas, sous la direction de Hollande, leur est largement soumise.
La gravité de la crise au moyen orient inquiète à juste titre, et la difficulté des « puissances » à y rétablir même un semblant d'ordre est très préoccupante. Le temps où « les puissances » pouvaient intervenir, avec succès et sans difficultés est passé. Gérard Chaliand, spécialiste des conflits, explique pourquoi dans ce livre, sur lequel j'avais écrit cet article en 2010, et que je réédite pour aider à comprendre. A cette époque l'auteur parle des talibans, ou d'Al Qaida, mais pas de Daesh, évidemment. L'analyse ne perd rien de sa perspicacité cependant.
Mais ce ne sont pas les USA qui vont rétablir une paix qu'ils ont largement contribué à perturber, ni la France, qui, hélas, sous la direction de Hollande, leur est largement soumise.
La gravité de la crise au moyen orient inquiète à juste titre, et la difficulté des « puissances » à y rétablir même un semblant d'ordre est très préoccupante. Le temps où « les puissances » pouvaient intervenir, avec succès et sans difficultés est passé. Gérard Chaliand, spécialiste des conflits, explique pourquoi dans ce livre, sur lequel j'avais écrit cet article en 2010, et que je réédite pour aider à comprendre. A cette époque l'auteur parle des talibans, ou d'Al Qaida, mais pas de Daesh, évidemment. L'analyse ne perd rien de sa perspicacité cependant.
Mais ce ne sont pas les USA qui vont rétablir une paix qu'ils ont largement contribué à perturber, ni la France, qui, hélas, sous la direction de Hollande, leur est largement soumise. Peut-être est-ce M. Poutine qu, actuellement, possède le mieux les données du problème, et se donne les moyens de le résoudre.
Le Scrutateur.
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Le nouvel art de la guerre.
( Gérard Chaliand Le nouvel art de la guerre. ( L'archipel 160 pages).
En 160 pages, Gérard Chaliand réussit un tour de force, pour ceux qui, sans être des spécialistes, veulent réfléchir sur le phénomène guerre, multiforme, et toujours présent, sauf pour les autruches qui préfèrent se voiler le regard, et vivre insouscients, encore une minute, encore une minute, monsieur le bourreau!
Professeur à Harvard, Berkeley, à l'ENA, au Collège interarmées de défense, M.Chaliand est aussi un homme de terrain, qui a passé plus de trente ans en Afrique, en Asie, et en Amérique latine.
Cet ouvrage n'est que le plus récent d'une longue série.
Après avoir, dans les deux premières parties, dressé la généalogie de la guerre, évoqué celle-ci, de la plus lointaine antiquité jusqu'à l'époque moderne, présenté les grandes figures européennes des guerres coloniales en Afrique en Asie, Galliéni, Lyautey, Lord kitchener, etc, il aborde dans une troisième partie les transformations de la « guerre irrégulière ». ( guerre révolutionnaire, psychologique, et de guerrilla ).
Tandis qu'au 18è et surtout aux 19è siècle, l'Angleterre et la France, surtout, mais aussi d'autres puissances européennes s'imposent sans grandes difficultés à des territoires immenses et avec des moyens humains dérisoires, (un rapport de un à trente dans les rapports de force), tout change à partir de la fin de la première guerre mondiale et surtout de la seconde.
En 1960, les grandes puissances coloniales ont vu s'effondrer leurs empires, et depuis lors les interventions militaires de l'occident, et non plus désormais de la seule Europe, ont connu un très grand nombre d'échecs, malgré le fait de l'énorme disproportion qui subsiste entre leurs forces armées et celles de leurs adversaires.
Cela tient selon l'auteur à de multiples causes.
Par exemple à l'affaiblissement démographique des occidentaux, et a contrario à l'explosion démographique dans les contrées asiatiques, ou africaines. Ou encore, à l'affaiblissement relatif de l'Europe, suite à ses guerres civiles internes ( 14-18 et 39-45), à une plus grande implication des opinions publiques occidentales, et au poids sur elles des médias qui jouent un rôle majeur. C'est à Washington, et non sur le terrain en extrême orient que fut perdue par les USA le seconde guerre du Viet-Nam.
Gérard Chaliand, qui parle en analyste du phénomène, et non en va-t-en-guerre, insiste sur la gravité d'une évolution des mentalités, moins amoureuse de paix, que démissionnaire, et hédoniste.
Aujourd'hui, aux USA ( et pas seulement ) prévaut la sensibilité du "Zero mort", dans n'importe quel conflit. En 1987, lors de l'opération en Somalie, l'évacuation des forces fut décidée après le 18è mort américain. D'où, en 1999, une action uniquement arérienne en Bosnie ( pas de victimes).
Mais quand il faut éradiquer un mal plus tenace et dangereux, comme actuellement en Afghanistan, les frappes aériennes sont évidemment insuffisantes, et l'on sait les réticences de plus en plus vives que rencontre le gouvernement du président Obama à mener la lutte indispensable contre le fanatisme taliban. « La doctrine de la guerre « zéro mort », qui veut aboutir à l'économie extrême des effectifs, est la conséquence d'une opinion publique occidentale qui trouve également insupportables les pertes de l'adversaire ».
A ce compte on ne voit pas quelle guerre, même préventive, pourrait être menée, avec quelque chance de succès. L'opinion publique occidentale se retrouve, toutes choses égales, dans la situation où elle se trouvait en 1936, lorsque face au péril nazi, les pacifistes clamaient « mieux vaut une France nazifiée qu'une France en guerre » ( Manifeste d'intellectuels , parmi lesquels JP Sartre et Simone de Beauvoir ). Où encore dans les années 1980, quand les mêmes « pacifistes » ( en réalité communistes ) hulullaient : « Plutôt rouges que morts ».
Et l'actualité intérieure française de ces dernières semaines nous indique comment, même sur le plan du maintien de l'ordre et de la sécurité, cet état d'esprit est présent et inhibant pour les pouvoirs publics. Lorsque des voyous, en pleine action forcent un barrage de police, et que les forces de l'ordre font usage de leurs armes, si l'une des "racailles" est blessée ou tuée, les médias ouvrent le feu sur les défenseurs de l'ordre, et parlent de chasse au faciès, de dérive fascisante ou raciste etc.
Gérard Chaliand a bien raison de souligner que l'une des préocupations majeures des responsables politiques occidentaux aujourd'hui est de trouver les méthodes aptes à résoudre cette énervation des consciences occidentales.Et, pour cela, il faut de l'intelligence et du courage.
Sinon, il faudrait s'attendre à un triomphe des plus funestes idéologie, et Al-Qaîda a de beaux jours devant lui.
Edouard Boulogne.
Le Scrutateur.
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Le nouvel art de la guerre.
( Gérard Chaliand Le nouvel art de la guerre. ( L'archipel 160 pages).
En 160 pages, Gérard Chaliand réussit un tour de force, pour ceux qui, sans être des spécialistes, veulent réfléchir sur le phénomène guerre, multiforme, et toujours présent, sauf pour les autruches qui préfèrent se voiler le regard, et vivre insouscients, encore une minute, encore une minute, monsieur le bourreau!
Professeur à Harvard, Berkeley, à l'ENA, au Collège interarmées de défense, M.Chaliand est aussi un homme de terrain, qui a passé plus de trente ans en Afrique, en Asie, et en Amérique latine.
Cet ouvrage n'est que le plus récent d'une longue série.
Après avoir, dans les deux premières parties, dressé la généalogie de la guerre, évoqué celle-ci, de la plus lointaine antiquité jusqu'à l'époque moderne, présenté les grandes figures européennes des guerres coloniales en Afrique en Asie, Galliéni, Lyautey, Lord kitchener, etc, il aborde dans une troisième partie les transformations de la « guerre irrégulière ». ( guerre révolutionnaire, psychologique, et de guerrilla ).
Tandis qu'au 18è et surtout aux 19è siècle, l'Angleterre et la France, surtout, mais aussi d'autres puissances européennes s'imposent sans grandes difficultés à des territoires immenses et avec des moyens humains dérisoires, (un rapport de un à trente dans les rapports de force), tout change à partir de la fin de la première guerre mondiale et surtout de la seconde.
En 1960, les grandes puissances coloniales ont vu s'effondrer leurs empires, et depuis lors les interventions militaires de l'occident, et non plus désormais de la seule Europe, ont connu un très grand nombre d'échecs, malgré le fait de l'énorme disproportion qui subsiste entre leurs forces armées et celles de leurs adversaires.
Cela tient selon l'auteur à de multiples causes.
Par exemple à l'affaiblissement démographique des occidentaux, et a contrario à l'explosion démographique dans les contrées asiatiques, ou africaines. Ou encore, à l'affaiblissement relatif de l'Europe, suite à ses guerres civiles internes ( 14-18 et 39-45), à une plus grande implication des opinions publiques occidentales, et au poids sur elles des médias qui jouent un rôle majeur. C'est à Washington, et non sur le terrain en extrême orient que fut perdue par les USA le seconde guerre du Viet-Nam.
Gérard Chaliand, qui parle en analyste du phénomène, et non en va-t-en-guerre, insiste sur la gravité d'une évolution des mentalités, moins amoureuse de paix, que démissionnaire, et hédoniste.
Aujourd'hui, aux USA ( et pas seulement ) prévaut la sensibilité du "Zero mort", dans n'importe quel conflit. En 1987, lors de l'opération en Somalie, l'évacuation des forces fut décidée après le 18è mort américain. D'où, en 1999, une action uniquement arérienne en Bosnie ( pas de victimes).
Mais quand il faut éradiquer un mal plus tenace et dangereux, comme actuellement en Afghanistan, les frappes aériennes sont évidemment insuffisantes, et l'on sait les réticences de plus en plus vives que rencontre le gouvernement du président Obama à mener la lutte indispensable contre le fanatisme taliban. « La doctrine de la guerre « zéro mort », qui veut aboutir à l'économie extrême des effectifs, est la conséquence d'une opinion publique occidentale qui trouve également insupportables les pertes de l'adversaire ».
A ce compte on ne voit pas quelle guerre, même préventive, pourrait être menée, avec quelque chance de succès. L'opinion publique occidentale se retrouve, toutes choses égales, dans la situation où elle se trouvait en 1936, lorsque face au péril nazi, les pacifistes clamaient « mieux vaut une France nazifiée qu'une France en guerre » ( Manifeste d'intellectuels , parmi lesquels JP Sartre et Simone de Beauvoir ). Où encore dans les années 1980, quand les mêmes « pacifistes » ( en réalité communistes ) hulullaient : « Plutôt rouges que morts ».
Et l'actualité intérieure française de ces dernières semaines nous indique comment, même sur le plan du maintien de l'ordre et de la sécurité, cet état d'esprit est présent et inhibant pour les pouvoirs publics. Lorsque des voyous, en pleine action forcent un barrage de police, et que les forces de l'ordre font usage de leurs armes, si l'une des "racailles" est blessée ou tuée, les médias ouvrent le feu sur les défenseurs de l'ordre, et parlent de chasse au faciès, de dérive fascisante ou raciste etc.
Gérard Chaliand a bien raison de souligner que l'une des préocupations majeures des responsables politiques occidentaux aujourd'hui est de trouver les méthodes aptes à résoudre cette énervation des consciences occidentales.Et, pour cela, il faut de l'intelligence et du courage.
Sinon, il faudrait s'attendre à un triomphe des plus funestes idéologie, et Al-Qaîda a de beaux jours devant lui.
Edouard Boulogne.
Le Scrutateur.
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Le nouvel art de la guerre.
( Gérard Chaliand Le nouvel art de la guerre. ( L'archipel 160 pages).
En 160 pages, Gérard Chaliand réussit un tour de force, pour ceux qui, sans être des spécialistes, veulent réfléchir sur le phénomène guerre, multiforme, et toujours présent, sauf pour les autruches qui préfèrent se voiler le regard, et vivre insouscients, encore une minute, encore une minute, monsieur le bourreau!
Professeur à Harvard, Berkeley, à l'ENA, au Collège interarmées de défense, M.Chaliand est aussi un homme de terrain, qui a passé plus de trente ans en Afrique, en Asie, et en Amérique latine.
Cet ouvrage n'est que le plus récent d'une longue série.
Après avoir, dans les deux premières parties, dressé la généalogie de la guerre, évoqué celle-ci, de la plus lointaine antiquité jusqu'à l'époque moderne, présenté les grandes figures européennes des guerres coloniales en Afrique en Asie, Galliéni, Lyautey, Lord kitchener, etc, il aborde dans une troisième partie les transformations de la « guerre irrégulière ». ( guerre révolutionnaire, psychologique, et de guerrilla ).
Tandis qu'au 18è et surtout aux 19è siècle, l'Angleterre et la France, surtout, mais aussi d'autres puissances européennes s'imposent sans grandes difficultés à des territoires immenses et avec des moyens humains dérisoires, (un rapport de un à trente dans les rapports de force), tout change à partir de la fin de la première guerre mondiale et surtout de la seconde.
En 1960, les grandes puissances coloniales ont vu s'effondrer leurs empires, et depuis lors les interventions militaires de l'occident, et non plus désormais de la seule Europe, ont connu un très grand nombre d'échecs, malgré le fait de l'énorme disproportion qui subsiste entre leurs forces armées et celles de leurs adversaires.
Cela tient selon l'auteur à de multiples causes.
Par exemple à l'affaiblissement démographique des occidentaux, et a contrario à l'explosion démographique dans les contrées asiatiques, ou africaines. Ou encore, à l'affaiblissement relatif de l'Europe, suite à ses guerres civiles internes ( 14-18 et 39-45), à une plus grande implication des opinions publiques occidentales, et au poids sur elles des médias qui jouent un rôle majeur. C'est à Washington, et non sur le terrain en extrême orient que fut perdue par les USA le seconde guerre du Viet-Nam.
Gérard Chaliand, qui parle en analyste du phénomène, et non en va-t-en-guerre, insiste sur la gravité d'une évolution des mentalités, moins amoureuse de paix, que démissionnaire, et hédoniste.
Aujourd'hui, aux USA ( et pas seulement ) prévaut la sensibilité du "Zero mort", dans n'importe quel conflit. En 1987, lors de l'opération en Somalie, l'évacuation des forces fut décidée après le 18è mort américain. D'où, en 1999, une action uniquement arérienne en Bosnie ( pas de victimes).
Mais quand il faut éradiquer un mal plus tenace et dangereux, comme actuellement en Afghanistan, les frappes aériennes sont évidemment insuffisantes, et l'on sait les réticences de plus en plus vives que rencontre le gouvernement du président Obama à mener la lutte indispensable contre le fanatisme taliban. « La doctrine de la guerre « zéro mort », qui veut aboutir à l'économie extrême des effectifs, est la conséquence d'une opinion publique occidentale qui trouve également insupportables les pertes de l'adversaire ».
A ce compte on ne voit pas quelle guerre, même préventive, pourrait être menée, avec quelque chance de succès. L'opinion publique occidentale se retrouve, toutes choses égales, dans la situation où elle se trouvait en 1936, lorsque face au péril nazi, les pacifistes clamaient « mieux vaut une France nazifiée qu'une France en guerre » ( Manifeste d'intellectuels , parmi lesquels JP Sartre et Simone de Beauvoir ). Où encore dans les années 1980, quand les mêmes « pacifistes » ( en réalité communistes ) hulullaient : « Plutôt rouges que morts ».
Et l'actualité intérieure française de ces dernières semaines nous indique comment, même sur le plan du maintien de l'ordre et de la sécurité, cet état d'esprit est présent et inhibant pour les pouvoirs publics. Lorsque des voyous, en pleine action forcent un barrage de police, et que les forces de l'ordre font usage de leurs armes, si l'une des "racailles" est blessée ou tuée, les médias ouvrent le feu sur les défenseurs de l'ordre, et parlent de chasse au faciès, de dérive fascisante ou raciste etc.
Gérard Chaliand a bien raison de souligner que l'une des préocupations majeures des responsables politiques occidentaux aujourd'hui est de trouver les méthodes aptes à résoudre cette énervation des consciences occidentales.Et, pour cela, il faut de l'intelligence et du courage.
Sinon, il faudrait s'attendre à un triomphe des plus funestes idéologie, et Al-Qaîda a de beaux jours devant lui.
Edouard Boulogne.