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22 Août 2015
C'était au temps du magazine Guadeloupe 2000. Un jour je reçus une lettre de madame Suzanne Charvet, accompagnée d'un recueil de poèmes. Elle en publia bien d’autres, qu’elle m'expédia régulièrement à chaque nouvelle parution, au fil des années.
Ainsi naquit et se développa une longue amitié épistolaire.
Suzanne Charvet était Guadeloupéenne, née au Moule. Elle quitta la Guadeloupe assez tôt, pour suivre son mari, en France métropolitaine, mais aussi en Afrique, et ailleurs dans ce qui était alors l'empire français.
Poète de talent, extrêmement cultivée, cette vieille ( sur sa fin ) blanche créole n'avait jamais perdu le souvenir et son amour de la Guadeloupe, et sa culture créole qui lui permettait de mieux comprendre, que beaucoup d'autres, l'âme des régions impériales où elle séjournait. Le Scrutateur aura l'occasion d'y revenir bientôt, notamment l'âme africaine, bien différente de celle que nous présentent aujourd'hui de petites âmes diaphanes et complexées, qui voudraient bien communiquer au plus grand nombre leurs malaises intérieurs pour se sentir moins seules dans leurs malheurs individuels.
Elle avait étudié le russe, en était parvenue à une connaissance profonde et fine.
Ce qui la conduisit, notamment à traduire ce sonnet de Pouchkine. Elle nous en dit la raison dans le billet manuscrit que vous lirez plus bas, photographié.
Le Scrutateur.
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AU POETE
Sonnet
N'accorde aucun prix à l'engouement populaire,
des louanges le Bruit ne dure qu'un moment.
Entends l'avis du sot, le froid ricanement
des gens ; reste serein face au public grégaire.
Le poète est un roi. Va, libre et solitaire.
vers ce qui, pour l'esprit, est enrichissement.
Trie, affine les fruits de ton recueillement
sans chercher pour ton oeuvre un quelconque salaire.
Elle est ta récompense et son seul juge est toi
qui peux mieux que tout autre en estimer l'aloi.
Répond-elle à ton goût de rigoureux artiste ?
Alors laisse- la foule, à son gré la railler
et cracher sur l'autel où la Muse t'assiste,
jeu puéril qui fait ta lampe vaciller.
Pouckine. ( en 1830 ).
Traduit par
Suzanne CHARVET en 1999*
A propos de Suzanne Charvet : http://lachapelle.gonaguet.com/artmenu1024.html
Photographies :
Outre le portrait de Pouchkine, les reproductions de la plaquette de la traduction, avec l’original en russe, on trouvera le petit billet manuscrit de madame Charvet qui accompagnait sa traduction. On trouvera sa photographie, à la fin de la galerie, et une image du bord de mer au Moule, face à la rade de l’ancien port commercial. Madame Charvet passa une bonne partie de son enfance et de sa jeunesse dans une maison à 20 mètres de la mer. Cette maison qui résista au cyclone 1928, fut balayée par le cyclone Hugo, en 1989. Elle se situait à une cinquantaine de mètres de cet imposant bâtiment dont il ne reste que ce que vous voyez sur l’image, dernier témoignage d’une époque révolue.