Buzz Guadeloupe ( du 20 05 2015 ) : Quand Luc Reinette tombe sur un bec.
Deux Guadeloupéens sont invités par Guadeloupe 1ère, quelques jours après l'inauguration du « Memorial ACT.e ». Ce sont M. Luc Reinette bien connu chez nous pour ses activités explosives, et M. Michel Narayraninsamy, un membre important de la communauté indienne. On sait qu'après l'abolition de l'esclavage, des indiens des anciens comptoirs français de l'Inde, furent invités, par contrats, avec possibilité de retour dans leur pays d'origine à l'issue du contrat, si telle était leur volonté au terme dudit contrat.
L'intégration de ces nouveaux arrivants ne fut pas toujours facile, vu que leur culture, au départ, était fort différente de la culture créole, européo-africaine, déjà assez structurée en 1848.
Elle se réalisa cependant, au fil des décennies, et la communauté indienne de Guadeloupe, est aujourd'hui pleinement créole, et française, avec ses particularités jugées enrichissantes à tous égards, par toutes les autres parties prenantes, auxquelles se sont ajoutées dès la fin du XIXème siècle des groupes désireux de s'acclimater et de s'assimiler, sans perdre leurs originalités : d'origines syro-libanaise, ou italienne.
La plus ancienne des communautés, et la plus structurante, demeurant celle des blancs créoles, présente dès les débuts de la colonisation, ayant posé les bases infrastructurelles de nos îles ( Guadeloupe et Martinique ).
La courte émission d'hier soir ( environ 25 minutes ) mettait donc face à face un membre ( bruyant, mais que beaucoup estiment peu représentatif ) de la communauté noire, et un autre, de la communauté indienne, autour de la question : le Memorial Act.e peut-il servir de symbole d'unité fraternelle à toutes les communautés, ou chacune d'entre elle est-elle légitime à prétendre édifier un mémorial pour son propre compte? M.Reinette, sûr de lui, et très « impérial » penche pour le mémorial unique. M. Michel Narayaninsamy penche pour la pluralité des symboles mémoriaux.
Non qu'il récuse l'idéal de fraternité. Il énonce ses raisons. La première est que le Memorial ACT.e est un mémorial international de la Traite et de l'Esclavage, alors que les indiens n'ont pas connu la traite, et qu'ils n'ont jamais été esclaves.
D'autre part, il rappelle que les indiens, en Guadeloupe, n'ont pas reçu d'accueil fraternel, au contraire. Que les appellations de Coolie-Malaba, fort méprisantes ( je peux témoigner qu'à la fin des années 1940, cette hostilité méprisante demeurait fort vive. LS ), et qu'aujourd'hui encore il n'est pas rare qu'on l'interpelle d'un peu amène « Zindien la! », alors pourtant qu'il est une personnalité ( Je me souviens qu'en 1975, un de mes amis, Claude Yenkamala, 19 ans, jeune poète de Capesterre-Belle-Eau, me racontait les avanies qu'il avait subi à l'école, du fait de son indianité ).
Michel Narayaninsamy, insiste : « nous aurons notre propre Mémorial », car nos histoires ne sont pas identiques, quelles que soient la volonté de fraternité des indiens de la Guadeloupe. Le visage de M. Reinette, entre temps, s'est fait moins impérial et dominateur.
L'animatrice du débat, glisse cependant un mot sur la légitimité "possible" d'un mémorial des descendants des anciens colons blancs. Deux secondes, on entendit vibrer les ailes d'un ange. Nayaraninsamy, ne se débine pas mais glisse vite. On le comprend. Face à lui, en effet, un volcan ( toute choses égales ) prêt à l'explosion, et l'on sait que notre Soufrière est plus nuisible que son homologue de la Réunion qui, lui, attire, plutôt qu'il n'écarte, les touristes.
Michel Nayaraninsamy ne tombe pas dans le piège qu'on lui tendait, celui d'une « fraternité » des basanes sombres contre les visages pâles. Il est de ceux qui n'ont pas besoin d'avoir lu l'ouvrage de Singaravelou ( universitaire Indien auteur d'une thèse de doctorat sur Les indiens de la Guadeloupe ) pour savoir l'avis des amis de M. Reinette sur une certaine cohabitation des peaux ( si j'ose dire ). ( voir plus bas une page de cet ouvrage, phographiée ).
En conclusion de cette courte évocation de l'émission du Buzz-Gpe, je voudrais souligner, et Nayaraninsamy le sait aussi bien que moi, que les « noirs de Guadeloupe » évoluent comme tout le monde. Les avanies que beaucoup d'entre eux ont pu faire subir aux indiens de chez nous ( pleinement chez eux, maintenant, de plus en plus ), bien tenues en respect par la loi française, et la prédication chrétienne ( les indiens ayant de leur côté des accointances avec ce qu'il y a de pacifique dans l'hindouisme de leurs arrière grands pères ) sont en train de devenir de l'histoire ancienne.
Monsieur Reinette a terminé l'émission sur les genoux. Une image, trop furtive de son visage, les yeux de biais, comme d'un chien battu, que des scrutateurs ont bien perçu, en témoignait cruellement.
Peut-être faut-il espérer que Guadeloupe 1ère l'invitera plus souvent.
Chacune de ses apparitions fait fuir, non pas des milliers ( qu'il n'a jamais eu ) de partisans, mais plusieurs dizaines.
Cela s'explique, les Guadeloupéens en ont assez des boloss!
Le Scrutateur.
PS : Il faut regretter que l'animatrice n'ait pas insisté sur la tentative d'édification d'un modeste mémorial, à l'initiative d'un Cercle Auguste Lacour, en souvenir des pionniers, ancêtres des blancs créole d'aujourd'hui, et sur la sauvage destruction de cette modeste stèle, par Elie Domota, et autres amis de M. Luc Reinette.
Sur les Blancs créoles de la Guadeloupe lire l'interview suivante : Mika déchaîné : http://www.lemikadechaine.com/Entretien-avec-Edouard-Boulogne.html
Photos :
Les deux premières photos sont celles de la couverture du Magazine Guadeloupe 2000, ancêtre du Scrutateur, quand il publia son n° 100. Elle illustre le symbole de la Guadeloupe selon notre voeu, et celui, croyons nous de la grande majorité des Guadeloupénes.