22 Avril 2015
Le nazisme fut un mal, effrayant, énorme, gigantesque. Fut-il le mal absolu? Philosophiquement je ne suis pas sûr que cette expression ait un sens. Elle est devenue un de ces lieux communs, utilisée par des politiciens, souvent peu recommandables qui veulent manipuler les masses qui pour anathématiser leurs adversaires les assimilent au MAL absolu, le nazisme selon eux. « nazi » = Satan ). La manoeuvre est claire ( pour qui réfléchit, et le chiffre de ceux-ci est assez restreint ). Puisque je qualifie de satanique le nazisme hitlérien, qui est le MAL ( absolu ),suggèrent-ils, c'est que a contrario, je suis du parti du BIEN.
La supercherie est énorme. Elle est entretenue par des légions d'enseignants zombifiés par le système issu de la seconde guerre mondiale, et par des médias aux ordres des mêmes tireurs de ficelles d'une pantomine bien moins drôle que le théâtre de Guignol.
Supercherie disais-je. Quel autre mot convient quand on pense qu'en 1946 le Procès de Nuremberg comprit dans le jury qui jugea et souvent condamna, à juste titre les principaux chefs de l'Allemagne hitlérienne, des magistrats de la Russie communiste ( l'URSS ), et Staline régnant, laquelle Union Soviétique était l'alliée d'Hitler depuis 1939, et jusqu'en 1941.
L'on savait pourtant que l'URSS était aussi condamnable que l'Allemagne nazie, et que Staline était l'égal, ( sinon pire ) d'Hitler, en ignominie et en crime de masses.
On le savait. L'anecdote la plus cyniquement remarquable à cet égard fut la formule du l'idéologue Jean-Paul Sartre qui ne voulait pas dire cette vérité « pour, dit-il, ne pas décourager Billancourt, c'est-à-dire le monde ouvrier français, et ne pas entraver le combat du PCF pour l'instauration du communisme en France.
70 ans après la guerre, l'Union Soviétique s'est effondrée en tant que système d'exploitation terroriste de l'homme par l'homme. On sait ( à vrai dire on ne sait pas, en dehors d'une minorité d'intellectuels honnêtes et courageux ) les dizaines de millions d'hommes et femmes qu'elle a massacrés dans des camps de concentration analogues à ceux de Dachau ou de Buchenwald.
Mais c'est du nazisme, quasi exclusivement, que l'on parle, dont on nous montre la perversité ( réelle ) sur toutes les antennes des télévisions de France, et des Antilles.
Lisez bien votre TV-Magazine édité par France-Antilles, chaque samedi ( le seul jour de la semaine où ce journal n'est pas déficitaire, depuis qu'est apparu sur la scène médiatique : Le Scrutateur ! ), et vous verrez que je ne fais que constater.
Rien, ou presque ( les fameuses fausses fenêtres pour la symétrie ) sur les camps de concentration soviétiques, le Guépéou, le NKVD ou le KGB, qui furent les équivalents de la Gestapo nazie. ( la gestapo s'inspira d'ailleurs du Guépéou, qui lui fut antérieur. Hitler lui-même le reconnut ).
Il y aurait pourtant matière à montrer, à réfléchir, à s'indigner au nom des droits de l'homme.
Moi, qui ne croit pas beaucoup au hasard, cela me donne à réfléchir. Pourquoi? Mon Dieu! Pourquoi?
Combien de jeunes ( et même de moins jeunes ) se souviennent qu'il y a quarante ans les communiste Cambodgiens prenaient le pouvoir à Phnom Penh? Que le journal de gauche français Le Monde, titrait « Phnom Penh libéré », alors que le jour même commençait le martyre de ce peuple dont le Staline s'appelait Pol Pot, qui massacra en deux ans deux millions de Cambodgiens.
Fidèle à son rôle de critique politique et philosophique, Le Scrutateur tient à célébrer à sa façon cet anniversaire sinistre.
Bonne lecture. Et n'oubliez pas que « le ventre est encore fécond qui engendra la bête immonde ».
Le Scrutateur.
Devoir de mémoire ? Les Khmers rouges
Le 17 avril 1975 au matin, il y aura aujourd’hui exactement 40 ans, les Khmers rouges entraient dans Phnom Penh.
La capitale du Cambodge, lasse de la guerre et des dérives d’un régime corrompu incapable de résister après l’abandon américain, le tout complété par l’écroulement du sud Vietnam, accueillit avec résignation, voire avec soulagement et sympathie curieuse, une armée composée majoritairement d’adolescents. Ces jeunes soldats avaient été recrutés par les communistes parmi les paysans pauvres d’une région qui servait de base-arrière aux viêtcongs, et à laquelle l’US Air Force avait infligé des bombardements réputés être les plus importants de l’histoire.
Dès midi, le climat changea : des témoins étrangers, stupéfaits, virent 2 millions de personnes, soit la totalité des habitants de la ville, être chassés de leurs maisons, répartis en groupes puis déportés, hormis les exécutions immédiates, à marche forcée vers les campagnes. Toutes les villes du pays suivirent, et le monde en fut sidéré.
Cet événement incroyable troubla beaucoup d’intellectuels et d’« acteurs culturels conscientisés », compagnons du communisme au nom de la « paix au Vietnam » contre l’impérialisme américain. Certes, quand Jean d’Ormesson après la chute de Saïgon 12 jours plus tard, écrivit qu’il « regrettait malgré tout, l’air de liberté qui flottait auparavant sur Saigon, avant que cette ville s’appellât Ho Chi Minh », il s’attira de Jean Ferrat, artiste de qualité mais obstinément communiste, la réplique vengeresse de la chanson « Un air de liberté » diffusée « à la télé ». Reste qu’un peu plus tard, on vit les « nouveaux philosophes » touchés alors par la grâce, mettre en question, à leur profit, le totalitarisme marxiste. La tragédie des « boat-people » poussa aussi Jean-Paul Sartre vieilli, à une démarche surréaliste mais significativement expiatoire, en compagnie de Raymond Aron, auprès du président Giscard pour lui demander de les accueillir.
Phnom Penh fut à peu près abandonnée durant presque 4 ans.
Les nouveaux maîtres, qui avaient appris le marxisme à Paris, mirent en place une version de la théorie néo-maoïste de la révolution par les campagnes contre les villes corrompues et décadentes. Ils divisèrent le peuple en trois catégories : les « déchus », ou « peuple ancien », partisans supposés de l’ancien régime, voués prioritairement à l’extermination, puis les « candidats » à la citoyenneté ou « peuple nouveau » dans les régions récemment conquises, et, pour celles contrôlées antérieurement, les citoyens de « plein droit « peuple de base ».
Ce fut peut être l’expérience du communisme totalitaire la plus achevée : travaux forcés épuisants, mauvais traitements, et assassinats arbitrairement décidés par les cadres des camps collectivistes, causèrent en moins de 4 ans la mort de 80% des déportés, soit entre 1,7 et 2,2 millions d’individus et 20 et 30 % de la population du pays.
Ces horreurs ne s’arrêtèrent qu’avec une invasion vietnamienne dictée par de tout autres raisons.
De nos jours pourtant, en matière de totalitarisme, le communisme, quoique responsable de beaucoup plus de morts et de souffrances absurdes est beaucoup moins honni que ses anciens rivaux fascistes et nazis confondus dans leur défaite : avec quelques repentances nullement systématiques et du bout des lèvres, les partis qui portent encore ce nom sont admis et soutenus dans le concert démocratique quand ils sont dans l’opposition, et quelques régimes plus ou moins radicalement autoritaires, pas nécessairement des moindres, s’en réclament toujours explicitement. Tout juste est-il passé de mode, et privé de soutiens majeurs.
Le totalitarisme le plus visible a maintenant changé de visage et se nomme terrorisme islamique. Cette régression historique impensable d’un point de vue progressiste, commet d’autres atrocités, mais, comme les précédents, elle est, en fait, le sous-produit réactif de son apparent contraire que l’on peut désigner par l’oxymore : « totalitarisme libéral ». En effet, de plus en plus destructeur de tout ordre naturel, pour soumettre les atomes humains génétiquement modifiables au marché absolu et universel, celui-ci engendre ces monstrueuses réactions.
Par quelles nouvelles horreurs les utopies des hommes les feront-ils passer ?
Patrick Malvezin