Les insultes de Christiane Taubira : une insulte à la démocratie.
Les invectives de la ministre contre Gérald Darmanin ont transgressé les règles du jeu démocratique. Philippe Tesson lui conseille une reconversion.
Le Point - Publié le 05/03/2015 à 12:53
Lorsque Gérald Darmanin, député UMP du Nord, accuse sur l'antenne de Radio Classique Mme Christiane Taubira d'être "un tract ambulant pour le FN mis en avant par François Hollande" et ajoute que "la politique pénale menée par Mme Taubira, c'est tout ce qui fait monter le FN", il porte un jugement politique qui s'inscrit dans le cadre de l'actuelle campagne électorale. C'est un élément de plus, et qui n'est pas nouveau, à verser au dossier de la polémique entre l'UMP et le PS sur leur responsabilité respective dans la progression du FN. Le propos est vif, on a le droit de le contester sur le fond, mais il est de bonne guerre et il n'insulte ni la personne ni la démocratie. Quand Mme Taubira lui répond : "Lorsqu'une personne est à ce point pauvre, indigente moralement, politiquement, culturellement, lorsqu'une personne est à ce point indifférente aux dégâts qu'elle peut produire par ses paroles qui sont des insultes, qui sont surtout des déchets même de la pensée humaine, je n'en attends rien", elle insulte la personne et elle contrevient par là même à l'usage démocratique. Et d'ailleurs le Premier ministre corrige opportunément les excès de langage de sa ministre en replaçant le lendemain le débat dans sa vraie dimension, qui est politique, à savoir la menace que ferait peser sur les valeurs républicaines un vote dont le FN tirerait bénéfice. Contre-pouvoir
Le respect des valeurs républicaines commence par celui de la personne humaine. La conception vidangeuse que se fait Mme Taubira de la République lorsqu'elle évoque "les déchets de la pensée" de ses adversaires politiques a un parfum totalitaire qui jette un doute sur sa légitimité à gouverner dans un régime démocratique. Elle exige en effet de ceux qui ne sont pas d'accord avec elle ce dont elle-même n'est pas capable. Elle oublie trop volontiers qu'elle exerce une fonction qui impose des limites à la liberté de parole. Et il lui arrive même de l'oublier aux dépens des journalistes. On le regrette d'autant plus que la richesse de son esprit critique sans laquelle le journalisme n'a ni sens ni utilité redonnerait à celui-ci son lustre. Mme Taubira est faite davantage pour le contre-pouvoir, si déshérité par les temps qui courent, que pour le pouvoir. |