Petits lumignons dans la nuit obscure, par Le Scrutateur.
Le Scrutateur n'est pas un important personnage. Juste un ancien prof de philo, un "philosophe" si l'on veut, c'est-à-dire quelqu'un qui, à l'image de Socrate ( et la référence ne se veut pas prétentieuse, dans la mesure où Socrate se voulait chercheur d'une "vérité" toujours difficile à atteindre, et dont il disait n'être pas "détenteur", mais chercheur. ") ce que je sais, c'est que je ne sais pas" disait-il, en exagérant...un peu.
Ce Scrutateur, écrit, pour partager une recherche, et quelquefois il polémique, car la polémique peut être un moyen de réveiller quelques-uns de leur torpeur, et de l'illusion de Savoir ( Ah! les intellos ! ). Ce soir, chers amis, je voudrais partager avec vous une pensée qui m'est venue, en allumant ma pipe, du haut de mon balcon en haut de la Tour de la Scrutation, qui domine la rade de Pointe-à-Pitre, et le quartier populaire appelé Cour Zamia.
Dans ce quartier, ( quartier destiné à disparaître et à être remplacé par un ensemble plus...humain. Mais la mise en oeuvre est bien lente ) il y a peu de jour, un meurtre a été commis, presque sous mes fenêtres, à 200 mètres à vol d'oiseau, et quelques 80 mètre plus bas. Un jeune de 27 ans a été assassiné par un autre à peine plus âgé, Il s'agissait d'un trafic de drogue. Les contrevenants n'étaient pas, dira-t-on des petits saints. Certes!
Un moment plus tard, la police arrivant sur les lieux a été flinguée par un individu qui a été blessé par un policier en état de légitime défense.
Or donc, tout à l'heure, vers 18h25, allumant ma pipe, disais-je, j'ai aperçu sur les lieux , tout au long de la rue, sur une distance de quelques cent mètres, de petits lumignons, tels qu'on en voyait autrefois, à la fête de la Toussaint, des dizaines de milliers sur toute la surface de notre île. J'ai pensé qu'il y avait Cour Zamia, des personnes, sans doute des femmes, qui ont voulu, non point soutenir le trafic meurtrier de la drogue, mais se souvenir des défunts, et aussi des autres victimes encore vivantes, et souvent inconscientes de leur indigence, peut-être prêtes à recommencer. Ces personnes voulaient peut-être aussi, introduire dans ce malheur, quelque chose d'autre, de "spirituel" disons. Suis-je naïf? Je ne le crois pas.
La petite lumière qui brille dans la nuit, cela peut être non seulement rassurant, mais « suggestif » et retentir, qui sait, même ( ou surtout ) dans des âmes embrumées, comme un appel ( un rappel ), de l'esprit, Pascal dirait "de la Charité".
J'ai photographié les lumignons. Je ne suis pas un photographe; et mon appareil photo, est bien modeste, pas du tout "professionnel". Mais enfin je crois que vous verrez les petites lumières, les petites bougies toute fragile, vacillant dans la brise du soir, obstinées à ne pas s'éteindre.
Et j'ai pensé que les gens, sans doute des femmes, peut-être des mamans, ou même des mamies, avaient accompagné leur gestes de la récitation de quelques Ave Maria, vous savez le Je vous salue Marie. Et, j'en ai récité un. Nous sommes bien loin des enquêtes sociologiques, direz-vous, des analyses "fines" de psychologues.
Mais, si la désagrégation actuelle venait, en partie de l'effacement de cette religion populaire, si méprisée par les grands maîtres de "l'intellect" (comme ils disent d'eux-mêmes ). Hein?
Je vous salue, Marie, pleine de grâce,
Le Seigneur est avec vous,
ous êtes bénie entre toutes les femmes,
Et, Jésus, le fruit de vos entrailles
Est béni.
Sainte Marie, mère de Dieu,
Priez pour nous Pauvres PECHEURS
Maintenant,
Et à L'HEURE DE NOTRE MORT.
men.
Bonne soirée.
Le Scrutateur.