Gilles-William Goldnadel : "La gauche est au sommet de sa dangerosité"
Il paraît que François Hollande croit en un retournement de l'opinion publique en sa faveur pour l'élection présidentielle de 2017.
On peut estimer délirante une telle croyance, mais, pour ma part, et pour une fois, je pense que Hollande n'a peut-être pas tort, et je ne crois pas absolument impossible un tel « retournement » de situation.
Certes, les résultats de l'actuelle majorité sont réellement calamiteux. Mais le mythe de la gauche subsiste, le "parti du progrès et du BIEN" aussi, qui connait pour l'instant un certain flottement, mais qui demeure toutefois, aux yeux des illuminés de 1793, le moindre mal, comme en témoignent les réformes « sociétales » réalisées par Aubry, naguère ( les 35 heures, et demain on travaillera moins pour gagner plus, ou en tout cas, pas moins ) et la Taubira, sa loi sur le mariage pour tous, qui fait perdre aux Français le sens même de ce qui lui permettrait de continuer, dans sa substance de peuple, et le sens de toute virilité vraie ( fierté d'être, ambition de persévérer dans son être ) Or, il existe dans la classe politique un sentiment, ou du moins une prétention au bienfait de ces réformes souligné par leur acceptation au sein même d'une partie de « la droite » ( Juppé, NKM, etc ) persuadé qu'on ne peut revenir sur une loi votée. ( sic ! ).
Je gage que, le moment venu, les Verts, Mélenchon et autres supposés réfractaires de gauche et d'extrême gauche, reporteront sur Hollande, leurs suffrages. Ne serait-ce que pour ne pas tuer la poule aux oeufs d'or !
« La droite » fidèle à elle-même, en ordre dispersé, refusera de voter, au cas d'un second tour qui opposerait Hollande à Marine Le Pen, pour la présidente du FN. . Celle-ci eut-elle obtenu 35 à 40 % des suffrages au premier tour. Il s'agirait, n'est-ce pas, de barrer la route à Mme Le Pen, pour les mêmes pseudo « raisons »qu'en 2002, quand c'est Jean-Marie, dans un contexte tout à fait différent qui se trouva opposé à Chirac devenu, en une soirée, le candidat unique de la classe politique ( les pages consacrées par Zemmour à cette palinodie en pages 464 à 470 de son Suicide français sont à lire absolument ).
Et si Sarkozy se trouvait en balance avec Hollande, au second tour, le scénario est pratiquement déjà connu : Une gauche « unie », voir plus haut, contre des droites divisées. Ni Juppé, ni Fillon, ni la NKM ne se décarcasseraient pour faire passer « le nain ». Et une multitude de petits pucerons de jardin, qui se veulent de droite, manipulés à mort par ceux contre lesquels ils croient se dresser ( « il est petit », c'est le nain », « l'agité », « on dirait de Funès » et autres brillantes saillie dignes de M. Prudhomme ) s'abstiendraient. Et le Front National ferait à nouveau ce qu'il a fait en 2012, ne rien faire qui pourrait faire élire l'ancien président.
A sa décharge il y a l'obstination de la « droite » de gouvernement ( comme ils disent ), à faire du FN le monstre dont on ne veut à aucun prix Et ceux qui, à l'UMP, seraient prêts à s'entendre avec Marine Le Pen, ( au prix de négociations et de concessions réciproques, évidemment ) sont rangés à l'extrême droite, dans les rangs des « fascites », et autres termes dérisoires.
Oui, vraiment, pour une fois, Guy Mollet, ( un socialiste pourtant ) avait trouvé le mot juste pour qualifier cette « droite » là : « la droite la plus bête du monde ».
Ce que les électeurs français de gauche et de droite ( la gauche m'insupporte pour des raisons d'ordre idéologique, mais beaucoup d'homme de gauche sont des gens estimables, qui, en 2017, pourraient, devant le désastre engendré par la clique hollandiste, reporter leurs suffrages sur le candidat de droite le plus crédible, à condition que cette droite soit elle-même, dans son ensemble, crédible. Que Marine Le Pen ne joue pas le jeu du pire : faire échouer la droite classique faute d'avoir, elle, la tête d'un mouvement du redressement.
A condition aussi, que ladite droite classique ne joue pas elle non plus le jeu du pire en prétendant exclure le Front, c'est-à-dire de 25 à 30% de l'électorat.
Tous ces gens là sont-ils capables d'un tel raisonnement, d'un sacrifice de leurs intérêts de boutiquiers au profit de la France?
Pour l'instant, à droite, nous en sommes aux querelles subalternes comme disait de Gaulle. Pour un peu nous nous croirions sur les Champs Elysées, au Théâtre de Guignol, partagés comme des mioches, hurlant d'un côté Ni-co-las! Ni-co-las! De l'autre Ma-rine! Ma-rine.
Un peu débile, non?
J'ai dit débile. C'est pourquoi je pense à Hollande, j'estime qu'il conserve...des chances.
Le Scrutateur
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