A propos d'une possible syndicalisation des militaires, par Louis Kergall.
( Voici une rubrique du Scrutateur, qui doit vous intéresser. Elle ne fait pas double emploi avec les commentaires d'articles. Ceux-ci, en augmentation lente, mais constante, est faite de vos réactions aux articles.
« La voix des lecteurs »vous donne la parole, la possibilité d'enrichir notre blog de vos idées, réflexions, poèmes, réactions propres à l'actualité en général.
Bien entendu je ne publierai que ce qui ne s'en prend pas, éventuellement, aux personnes, au-dessous de la ceinture comme on dit.
Les articles signés seront plus particulièrement bien venus. Mais il y a, je le sais d'excellentes raisons, qui ne relèvent pas de la couardise, mais plutôt de ce qu'on appelle le devoir de réserve, à l'anonymat, ou au pseudonyme. Ces articles seront pris en compte. Mais il faudra, que je puisse identifier les expéditeurs de façon précise. Ma discrétion à leur égard étant assurée.
Maintenant, chers lecteurs, à vous de jouer.
Edouard Boulogne) .
PS : Les propos de lecteurs, n'expriment pas toujours le point de vue du Scrutateur. Ils s'expriment librement. Le Scrutateur n'intervient que pour écarter les attaques qui viseraient des hommes et des femmes, de façon insultante, « au-dessous de la ceinture » comme on dit.
A propos d'une possible syndicalisation des militaires, par Louis Kergall.
A la suite de la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme, le journal « Le Monde » a publié le 2 octobre un article « Une décision de justice qui signe le retour de nos soldats dans la cité », signé par un officier de gendarmerie radié des cadres par décret du président de la République.
1. L’auteur utilise de manière répétitive la formule « citoyens/soldats » qui sent bon l’époque révolutionnaire et donne à penser que nos soldats ne sont pas tout à fait citoyens. Or le militaire se comporte en citoyen, il participe au débat public, et les sensibilités politiques dans l’armée sont à l’image de celles du pays. Mais le militaire ne raisonne pas comme un fonctionnaire ordinaire en raison, notamment, de sa responsabilité dans l’usage de la force
. Le professionnel de la Défense est d’abord un homme de devoirs, le citoyen un défenseur de ses droits. Nos militaires sont soldats ET citoyens.
2. L’auteur écrit « c’est la liberté qui est la force principale des armées démocratiques ». Pauvre liberté, ne serait-ce pas encore un crime commis en son nom que d’évacuer la « discipline » à laquelle les militaires sont fondamentalement attachés parce qu’elle est une condition essentielle de leur efficacité et … de leur sécurité. L’esprit de corps – et non le corporatisme – traduit une solidarité et une abnégation qui suscitent bien des jalousies au sein d’une société de plus en plus individualiste.
3. La caricature du chef qui décide seul ne correspond plus aux guerres actuelles où la circulation de l’information et l’emploi des armes modernes obligent à décentraliser pour permettre de réagir instantanément. L’organisation des relations humaines au sein de la hiérarchie militaire a été grandement développée depuis la dernière guerre avec le double souci de permettre au commandement de mieux connaître l’état d’esprit du personnel et de favoriser un dialogue cohérent avec la mission confiée par le pays à son armée. Que ferait-on si un équipage de SNLE (force nucléaire) refusait d’appareiller ou une unité de partir en Afrique ?
4. Il n’est pas surprenant que ces propos émanent d’un militaire rattaché à l’autorité judiciaire. Une grève de la gendarmerie avait déjà, il y a quelques années, profondément choqué le personnel des trois armées. Il faut choisir ! Et éviter d’entraîner le reste de l’institution militaire dans une direction dont on peut mesurer les risques quand on observe le fonctionnement des autres grands corps de l’Etat. Les mots « Honneur, patrie, valeur, discipline » figurant sur tous les bâtiments de la marine représenteraient-ils un danger ?
5. Sous le titre « Les militaires vont-ils bientôt se syndiquer », Le Figaro écrit « … la gauche a toujours été favorable à la syndicalisation dans l’armée ». La période est donc opportune et la concomitance avec la condamnation par la Cour européenne pour le moins troublante. Néanmoins il faut raison garder et accepter qu’une structure qui « vit » des Droits de l’Homme prenne une position aussi égocentrée et éloignée de la triste réalité quotidienne ; mais surtout, si aucune autre organisation ne la rappelle à l’ordre, accepter que les nations européennes avancent en ordre dispersé.
Souhaitons que nos gouvernants aient la force de trouver un compromis entre la spécificité du métier des armes et l’égalitarisme à la mode.
Louis Kergall.
( M. Louis Kergall est un ancien officier de marine. Note du Scrutateur).
Le lien ci-dessous a été ajouté par Le Scrutateur, pour mieux faire comprendre les enjeux d'une syndicalisation de l'armée française. Les militants libertaires, mais aussi toute l'extrême gauche avaient bien perçu l'utilité d'une « neutralisation » de l'armée pour arriver à leurs fins. A Bruxelles, et ailleurs, les fils de Cohn-Bendit, poursuivent le rêve de subversion radicale.
http://www.alternativelibertaire.org/?Dossier-68-1968-1978-une