14 juillet 2014. Un défilé « gauchard », de tristesse et d'ennui.
Le défilé militaire du 14 juillet est traditionnellement un jour de retour sur soi de la nation, où se mêlent la gravité, la fierté, la joie, mais aussi le sentiment de la fragilité des choses, et que la gloire n'est jamais où la vertu n'est pas.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, il n'en a rien été aujourd'hui. Une idéologie gaucharde, donc poisseuse, enrobait tout et chacun.
D'abord l'illusion ( qui fut déjà celle de Jaurès en 1913 et 1914 ) de l'internationale prolétarienne, selon laquelle l'idée de nation n'est qu'une superstructure au service du capitalisme. Jaurès, à cet égard se disait persuadé que la guerre franco allemande n'aurait pas lieu, car les prolétaires des deux pays, frères de misères aux mains des méchants, refuseraient de se battre et de servir de chair à canon. Il n'était donc pas utile d'entretenir une armée digne de ce nom.
La suite est connue. A peine la guerre déclarée, les jeunes Allemands, à Berlin ( toutes classes sociales confondues ) hurlaient « A Paris »!
A Paris, les jeunes Français ( toutes classes sociales rassemblées ) criaient " A Berlin"!
Cet ersatz « d'idéal » était présent, ce jour, sur les Champs Elysées. Un jeune sous officier, au sourire narquois et à la mise négligée, disait, en substance, au micro de l'intervieweur « l'armée aujourd'hui n'est plus orientée vers des opérations militaires. Elle est le symbole du rassemblement des forces jeunes pour l'aide aux pays en détresse, et pour la fraternité des peuples » ( sic ). Même s'il vaut mieux entendre de telles sornettes que d'être sourd, il y a lieu de s'inquiéter de l'irresponsabilité de ceux qui dispensent aujourd'hui l'enseignement dans les écoles militaires. La réalité se venge toujours des pacifistes imbéciles ( ne pas confondre l'idéologie pacifiste avec l'amour de la paix. Celui qui aime, et veut la paix, prépare la guerre pour préserver la paix : « qui vis pacem, para bellum ! » ), et c'est l'expérience millénaire des êtres qui réfléchissent sur la réalité, qu'il ne suffit pas de vouloir la paix pour l'obtenir. Comme disait Clausewitz « ce n'est pas nous qui choisissons l'ennemi, c'est lui qui nous désigne». Pensée reprise par un de Gaulle, un Raymond Aron qui reprochait à Valéry Giscard d'Estaing d'ignorer que « l'histoire est tragique », et par cet autre grand politologue Julien Freünd dans ce beau livre dont j'ai déjà parlé « Politique et impolitique », et aussi dans son Aventure du politique
Pour en revenir au défilé du jour, il faudra en retenir les huées du public, pendant la descente des champs par le char présidentiel, huées perceptibles malgré les efforts filtrants des techniciens de « radio Paris », mais aussi le mortel ennui de M. Hollande, perceptible sur son visage. Manifestement, les fastes militaires ne sont pas de son registre. Un sourire furtif, et égrillard, cependant, quand le choeur de l'armée française interpréta l'air célèbre de la Madelon. Dieu sait quel flux de certains visages défilait alors dans son imagination. On le vit même feuilleter, en plein défilé de Saint-Cyr, et de Polytechnique, une sorte d'album, dont l'éloignement ne permettait pas de distinguer clairement s'il s'agissait du livret concernant la manifestation en cours, ou du plus récent numéro de « Playboy », plus en accord avec ses centres d'intérêt habituels.
Bref, un 14 juillet manqué, raté, évacué, à oublier au plus vite.
Un défilé hollandiste, quoi!
Ne désespérons pas. Cela ne saurait durer. Peut-être même pas jusqu'en 2017. Il y avait au moins un membre du gouvernement d'accord avec moi, ce jour. Cela était aveuglant, même pour l'observateur le plus distrait.
Je pense à Manuel Valls!
Le Scrutateur.