10 Avril 2014
Les morts voient ils ce que nous faisons? Comme moi, peut-être vous posez-vous la question. J'avais en tout cas, une grande tante ( appelons là tante Yvonne, par commodité, qui était aussi la grand mère d'un homme politique de poids, de la côte sous le vent, qui n'a pas perdu toute audience, si l'on en juge par une actualité toute récente ) qui y croyait, dur comme fer, et citait ses raisons, que l'illustre Descartes n'aurait peut-être pas toutes reçues comme idées claires et distinctes.
Vers mes dix ans je l'écoutais passionnément, et l'interrogeais pour tâcher d'intégrer ses petits trucs et procédés pour entrer en contact avec les « chers défunts ».
Il en était un qui m'intéressait particulièrement c'était celui de l'écriture automatique sous la direction d'un « esprit ». Un jour me disait-elle, cousine Gilberte écrivait sous la dictée d'un parent défunt. Le message était tout à fait palpitant, quand tout à coup le rythme de Gilberte s'accéléra et dicta précipitamment avant de s'interrompre pour la journée entière : « cesse d'écrire, l'heure de Dieu sonne ». Et, de fait, il était midi tout juste, et du haut du clocher de l'église toute proche sonnèrent les notes de l'angélus.
Or, cette nuit, j'ai eu un rêve. Dans ce rêve m'apparut, avec sa grande perruque à frisottis, le grand Pierre Corneille lui-même.
« Je me souviens, Scrutateur, de ce temps lointain, pour toi, pour moi, c'est comme hier, où en classe de quatrième tu tombas fou amoureux de ma pièce sur le Cid, qui, c'est vrai n'est pas mal, pas mal du tout » ( vanité des gens de lettres ! Même des plus grands. Note de LS ).
« Hélas! Poursuivit, le grand Pierre, je fus parodié éhontément par un galopin des lettres, le petit Boileau, qui se prenait pour un Homère, et qui m'éreinta méchamment, par une parodie des plus cruelles. A l'époque je pris fort mal la chose. Aujourd'hui, du Paradis où le Bon Dieu a bien voulu me recevoir après deux siècles de purgatoire, je pense un peu différemment. Mais je pense, Ô mon petit Scrutateur, qu'en ces jours, et en ce monde médiocre où tu vis, il ne me serait plus possible d'écrire les tragédies épiques que je dressais, à l'image de mes modèles, comme des rocs inexpugnables à la fureur des siècles et des millénaires.
Plus de grand Cardinal, plus de roi Louis le Grand, plus Cid Campeador. Rien que des ectoplasmes, des ombres furtives, vaguement casquées et montées sur des montures à roulettes, dignes des temps calamiteux où pour ton malheur, toi qui ent mieux apprécié le temps des mousquetaires, tu es appelé à vivre. Demain, si tu te rappelles l'enseignement prodigué jadis par ta tante Yvonne, dans la soirée, mais surtout pas à l'heure de midi, « roi des étés épandu sur la plaine », je te dicterai, paranormalement, une scène de la pochade que j'écris actuellement, pour ne pas perdre la main, sur la vie élyséenne de la caricature de « souverain » que vous avez actuellement dans le beau royaume de France. « ( Corneille semble n'avoir pas connaissance des la Révolution de 1789/ Ou il feint de ne pas s'en rappeler ).
Et, de fait, chers lecteurs, et complices, vers les 18 heures j'ai pu transcrire, avec mon beau stylo Parker, à plume en or, sans grand problème, sauf une intense fatigue psychique, la scène trois de l'acte deux de la « pochade » ( je cite ).
Les connaisseurs de l'oeuvre du grand Pierre auront reconnu sa patte.
Mais le modèle ne pouvait suggérer qu'une parodie. Le temps de la grandeur est passé.
On remarquera que l'auteur ne cite pas les noms des protagonistes de la scène de ménage. On pourrait l'intituler : ELLE et LUI. La scène se déroule à Paris, au palais de l'Elysée.
Le Scrutateur.
Précisions : Grand-Pierre Corneille à parlé de « parodie ». Une parodie est une imitation burlesque, qui se veut amusante d'une personne ou d'une oeuvre. En politique , en littérature, en musique, en peinture, etc. La Belle Hélène, en musique, est une parodie, par Offenbach, de la mythologie antique. De nos jours, Laurent Gerra, et Cantelou ( entre autres ) sont des parodistes de nos hommes et femmes politiques, et d'ELLE, et de LUI!
Corneille a évoqué dans le songe de LS la parodie de la grande tirade de Don Diègue dans le Cid, par le facétieux Nicolas Boileau.
J'espère vous avoir plu en recherchant l'un et l'autre et en les reproduisant ci-dessous, juste avant l'inédit reproduit paranormalemnt par mes soins, sous la dictée de l'esprit.
Et tout ça....grâce à tante Yvonne.
Corneille : Don Diègue désespéré :
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect tout l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée !
OEuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains.
(Le Cid, extrait acte I, scène 4)
Boileau : Chapelain décoiffé :
« O rage ! ô désespoir ! ô Perruque ma mie !
« N'as-tu donc tant duré que pour cette infamie ?
« N'as-tu trompé l'espoir de tant de perruquiers
« Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
« Nouvelle pension fatale à ma calotte !
« Précipice élevé qui te jette en la crotte !
« Crüel ressouvenir de tes honneurs passez,
« Services de vingt-ans en un jour effacez !
« Faut-il de ton vieux poil voir triompher la Serre ?
« Ou te mettre crottée, ou te laisser à terre ?
« La Serre, sois d'un roi maintenant regalé,
« Ce haut rang n'admet pas un Poëte pelé ;
« Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne,
« Malgré mes masles vers m'en a sçeu rendre indigne.
« Et toi de mes travaux glorieux instrument,
« Mais d'un esprit de glace inutile ornement,
« Plume jadis vantée, et qui dans cette offense
« M'as servi de parade et non pas de défense,
« Va, quitte désormais le dernier des humains,
« Passe pour me vanger en de meilleures mains.
« Si Cassaigne a du cœur, et s'il est mon ouvrage,
« Voici l'occasion de montrer son courage ;
« Son esprit est le mien, et le mortel affront
« Qui tombe sur mon chef rejaillit sur son front. »
10 avril 2014. Sous la dictée de Corneille ( LS ) :
ELLE et LUI.
acte 2, scène 3
Elle
Je vous cherchais, Seigneur, pour savoir de vous-même
Si je puis dire encore que le Président m’aime
Ou si, pour mon malheur, il faut que je m’inquiète
Du bruit qu’on voit fleurir dans toutes les gazettes.
Lui
Ah ! Madame, il est vrai que la Cour toute entière
Bruit d’une étrange affaire et d’un homme en scooter
Qui, nuitamment dit-on, se rendrait en cachette
En des lieux clandestins courir une amourette
Et rencontrer là-bas une jeune personne
Trop sensible aux attraits qu’apporte la couronne.
Mais cet homme casqué, dont on ignore tout,
Ce n’est pas moi, Madame, il s’en faut de beaucoup.
Elle
Je voudrais bien pouvoir vous croire en cette affaire,
Mais ce n’est pas, Seigneur, ce qu’on lit dans Closer.
Vous quittez, paraît-il, notre palais royal,
Vous vous travestissez en souverain normal,
Vous hantez les marchés avec votre conquête.
Pour le dire en un mot, vous sautez la Gayette.
Lui
Madame, c’en est trop, je ne permettrai pas
Qu’on moque ainsi le trône et je vais de ce pas…
Elle
Ah, cruel, il suffit. Je te comprends trop bien.
Du mariage toujours tu repoussais les liens.
Perfide, tu savais qu’en ne m’épousant pas
Tu pourrais profiter de plus jeunes appas.
Toujours insatisfait, errant de femme en femme,
Tu viens de me montrer la noirceur de ton âme.
Ingrat ! Te souviens-tu qu’avant de me connaître
Tu balançais toujours, tu ne savais pas être
Le prince que l’on craint. Que serais-tu sans moi ?
Je t’ai connu vassal, j’ai fait de toi un roi.
Tu me disais alors, comble de perfidie,
Avoir enfin trouvé la femme de ta vie !
Tu t’es lassé de moi comme de Ségolène,
Mais attention, François, je te le dis sans haine,
Il se pourrait qu’un jour, tes femmes réunies,
Ségolène avec moi, et peut-être Julie,
Dans un moment de blues ou bien de bravitude,
Etalant au grand jour toutes tes turpitudes,
Révèlent à la Cour et au monde ébaubi
Combien était trompeur le doux nom de Flamby,
Faisant ainsi savoir pour la première fois
Quel monstre se cachait sous la fraise des bois.
Lui
Ce n’est plus le François que vous avez connu
Qui vous parle, Madame, et vous tombez des nues
Quand une saltimbanque, assise à votre place,
Vous fait trop voir le triste effet du temps qui passe.
Vous voulez qu’on vous plaigne et ne supportez pas
Qu’une autre au lieu de vous accompagne mes pas.
Mais vous-même naguère, au temps de votre gloire,
Vous n’étiez pas toujours modeste en vos victoires
Et vous avez voulu, face à votre rivale,
M’embrassant devant tous, humilier la Royale.
Ce temps n’est plus, Madame, il vous faut oublier
Le faste des palais, les ors de l’Élysée.
J’ai décidé pour vous de notre vie commune.
Vous saurez, j’en suis sûr, ne pas être importune,
Rester à votre rang, complaire à votre Roi,
Troisième dans l’Histoire à s’appeler François.
Vous avez partagé, pendant quelques années,
D’un prince corrézien la noble destinée.
Vous avez approché les rives du pouvoir ;
Il vous faut les quitter et vous devez savoir
Qu’en d’autres temps, Madame, il arrivait souvent
Aux femmes comme vous de vieillir au couvent.
Elle
Eh bien, Seigneur, adieu. Je vois que vos caprices
Pour se réaliser veulent mon sacrifice.
Je vous laisse la place et vais en d’autres lieux
Où j’espère trouver avec l’aide des Dieux
Quelqu’un qui mieux que vous aura su m’écouter,
Quelqu’un qui mieux que vous connaîtra l’art d’aimer,
Et qui pourra peut-être au fond de mon malheur
M’aider à préparer des lendemains meilleurs.
[François III sort. La duchesse reste seule.]
Tu crois avoir vaincu, tu te trompes, François ;
On ne méprise pas les femmes comme moi.
Tu te réjouis trop tôt d’un triomphe facile,
Ma feinte soumission n’était qu’un leurre habile
Et tu sauras bientôt ce que peut Valérie
Pour que le dernier mot ne soit pas à Julie.
( I ) Des compères spirituels de tante Yvonne. ( II ) Pierre Corneille, de son vivant, avec sa perruque à frisettes. (III ) Dans la foulée de ma dictée sous la surveillance étroite de Crneiile pour l'orthographe, j'ai eu l'idée d'entrer en contact avec la général de Gaulle. Soua sa photo, le texte qu'il a bien voulu me confier, furieux que son nom ait pu être évoquée, il y a quatre jours, par le "petit Valls", m'a t-il dit.