26 Février 2014
J'ai voulu, à partir d'un modeste, mais significatif, fait divers, offrir une réflexion, ou une méditation qui m'a paru s'imposer. Pour comprendre donc l'article qui va suivre, il importe de cliquer d'abord sur le lien suivant.
http://www.slate.fr/culture/83771/italie-femme-menage-musee-installation-poubelle
Lecteur, ami, aimez vous l'art?
L'art que l'on peut brièvement définir comme
la production par l'homme d'œuvres matérielles, grâce au travail manuel et à la technique ou grâce au travail intellectuel (et notamment au langage), réalisant une conception de la beauté. |
Je vous le souhaite. Car dans un monde d'où le souci du beau serait éliminé, les rossignols eux-mêmes se mettraient à roter.
Mais, aimez-vous l'art moderne? Là je sens chez plusieurs, de la réticence, pour ne pas dire davantage.
Je ne voudrais pas me lancer dans une nouvelle querelle des anciens et des modernes, où en peinture, musique, poésie, sculpture, etc, les anciens seraient en tout et sur tout, supérieurs à nos modernes créateurs.
Pourquoi, aujourd'hui ne verrions nous pas apparaître de nouveaux Raphaël, Michel-Ange, Poussin, Gustave Courbet, etc, qui ne se borneraient pas à tenter d'imiter, en les perfectionnant les maîtres susnommés, tâche au demeurant difficile.
Il y a pourtant, dans le grand public, même cultivé, une méfiance de plus en plus perceptible, et même un rejet de « l'art moderne », ( et plus exactement l'art contemporain ) et ici j'emploie les guillemets.
C'est qu'il faut s'entendre sur la « modernité ».
Pour la plupart la modernité, c'est l'électricité succédant à la lampe à huile, la machine à laver remplaçant les anciens et poétiques lavoirs des anciens villages. Etc. Or, penser ainsi, c'est confondre le progrès technique, et le progrès dans d'autres acceptions du même terme, dans l'ordre moral, ou dans celui de l'esthétique.
Or quand on parle d'art moderne, de philosophie moderne, de modernité en général, il faut savoir que depuis maintenant plus de deux siècles, on évoque un monde coupé de toute transcendance, de toute référence à Dieu, à des normes transcendantes, indépendantes des volontés individuelles, des caprices du coeur, et de la sensibilité des egos.
Pendant des millénaires, l'élite de l'humanité, en philosophie, dans les sciences, en morale, en esthétique, ont poursuivi l'absolu, à travers la recherche de ce que l'on appelait les transcendantaux : le Vrai, le Bien, le Beau. Dans un poème d'une saisissante beauté, Les phares, Baudelaire nous offre une magnifique galerie de très grands peintres, et les dernières strophes du poème concluent sur la nature de l'effort de ces maîtres :
« Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes,
Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum,
Sont un écho redit par mille labyrinthes ;
C'est pour les coeurs mortels un divin opium !
C'est un cri répété par mille sentinelles,
Un ordre renvoyé par mille porte-voix ;
C'est un phare allumé sur mille citadelles,
Un appel de chasseurs perdus dans les grands bois !
Car c'est vraiment, Seigneur, le meilleur témoignage
Que nous puissions donner de notre dignité
Que cet ardent sanglot qui roule d'âge en âge
Et vient mourir au bord de votre éternité ! »
Or, c'est cette transcendance qui est récusée par l'idéologie moderniste.
Celle-ci n'applique pas son nihilisme à la seule recherche esthétique du Beau, mais à toutes les dimensions de la vie humaine. D'où son omniprésence dans le champ politique, destruction de toute notion de loi morale naturelle, du droit naturel.
D'où le nihilisme destructeur que nous voyons quotidiennement à l'oeuvre, dans l'insouciance du grand public, qui ne saisit pas l'enjeu du combat des idées, que nous nous efforçons de mener ici, avec d'autres, bien heureusement.
Certes, à toutes les époques il y a eu dans les grandes capitales de la civilisation, des clubs de snobs, désireux de se singulariser par l'adoption d'un langage obscur et tarabiscoté. Tels les précieux et précieuses du grand siècle qui au lieu de demander au domestique des sièges pour s'asseoir commandaient « Untel, voiturez-nous ici, les commodités de la conversations »!
Ici il s'agit d'autre chose. Plus exactement d'un projet de subversion totale des croyances et des moeurs par une subversion radicale du langage.
Au début du XX ème siècle, en France, le mouvement Dada, par l'intermédiaire de son leader Tristan Tzara écrivait froidement : « Nous déchirons, vent furieux, le linge des nuages et des~7 prières et préparons le grand spectacle du désastre, l'incendie, la | décomposition [...]. Je détruis les tiroirs du cerveau et ceux de l'organisation sociale : démoraliser partout et jeter la main du ciel en enfer, les yeux de l'enfer au ciel, rétablir la roue féconde d'un cirque universel dans les puissances réelles et la fantaisie de chaque individu ».
Un livre que j'ai reçu, ces jours-ci, en service de presse, apporte à cet égard, une aide précieuse dans la recherche des effets de programme des années 1920.
Il s'agit de "l'Histoire de la volonté de perversion de l'intelligence et des moeurs, du 16ème siècle à nos jours", de François-Marie Algoud.
Il ne m'est plus possible d'être très long, aujourd'hui, sur cet ouvrage important, véritable somme d'informations, qui, plus qu'il ne démontre, montre ce que le pape Jean-Paul II appelait la "culture de mort", ce que le regretté Louis Pauwells appelait le "sida mental", et qui explique la hargne inouïe de la camarilla décadente, véritable maçonnerie, qui prétend façonner à sa guise l'âme de la France, et d'ailleurs de tout l'Occident.
Procédons simplement à quelques coups de sonde rapides.
*Sur la pédophilie :Rappel d'une pétition parue dans "Le Monde"(26/01/77) en faveur de trois pédophiles alors jugés Les signataires (parmi lesquels: Aragon, Barthes, S de Beauvoir, Sartre, B.Kouchner, J.Lang, G.Matzneff, PH.Sollers) "déplorent le caractère désuet de la loi et la réalité quotidienne d'une société qui tend à reconnaître chez les enfants et les adolescents l'existence d'une vie sexuelle (si une fille de treize ans a droit à la pilule, c'est pour quoi faire)etc."
*Sur l'inceste :Citons dans le désordre. En 1985,dans un clip video Serge Gainsbourg interprète Lemon Incest, avec sa fille Charlotte, alors âgée de 14 ans. En 1981,dans "Le Monde Dimanche,(20 septembre)Alain Woodrow publie un article "L'inceste dernier tabou."
F.M Algoud évoque aussi le livre d'Elizabeth Badinter(née Bleustein-Blanchet, épouse de Robert, égérie du féminisme):L'un est l'autre". Elle y commente une émission de F.R.3 du 14/09/84.Elle écrit : "Pour la première fois, certains osent revendiquer à visage découvert le droit à l'inceste et d'autres s'emploient à le dédramatiser. Ainsi Warrell Pomeroy, co-auteur du célèbre Rapport Kinsey, affirme tranquillement "qu'il est temps de reconnaître que l'inceste n'est pas nécessairement une perversion ou une forme de maladie mentale, mais qu'il peut être parfois bénéfique".
*Sur la famille:François-Marie Algoud évoque (entre autres) la politique anti-familiale, prônée par de nombreux intellectuels de gauche, la famille leur paraissant un obstacle à la prise en main des enfants pour réaliser la Révolution mondiale. Il cite le psychiatre David Cooper 3 :"La révolution passe à travers la destruction de la famille qui a une fonction de médiation sociale et constitue le pilier principal de la société ;la société bourgeoise survivra avec ses structures aliénantes, jusqu'au moment de la mort de la famille."
*Sur le satanisme: Après avoir sur une longue durée rappelé l'extraordinaire résurgence du satanisme dans la société contemporaine, dans l'art, notamment la musique (une certaine musique rock et ses messages subliminaux) l'auteur rappelle la publication en 1970 de "The Satanic Bible"(la Bible de Satan) par Anton Szandor La Rey, fondateur de l'Eglise de Satan. Il cite :"L'objectif majeur d'un sataniste est de détruire...En fait, c'est un adversaire de la chrétienté .Il doit s'employer à l'anéantir .Voilà pourquoi les membres de mon groupe et moi-même, nous avions pour mission d'infiltrer les églises, de corrompre, de compromettre, de discréditer .Par tous les moyens."
La lecture de l'ouvrage de F.M Algoud, est donc particulièrement utile contre la décadence, et pour l'instauration d'une société plus saine, plus chrétienne.
A sa lecture les yeux s'ouvrent sur bien des évènements du quotidien.
On se souvient de l'acharnement rageur de l'obédience maçonnique du Grand Orient de France, contre la venue en France du pape, ( Jean-Paul II ) durant l'été 1996.Sans faire ,évidemment de ces Francs-maçons des sectateurs du diable, il est vrai que leur philosophie est aux antipodes du christianisme.
Tous les francs-maçons ne sont pas comme Paul Gourdot, Grand-Maître du G.O.F,en 1981,qui déclarait à l'un de ses amis venu plaider la cause d'une église menacée de ruine : "pour moi les églises sont tout juste bonnes à accueillir des porcheries".4
Mais leur philosophie est bien résumée dans ces propos du Grand Maître François Viaud : "Si l'individu se soumet à une autorité, quelle que soit son nom :Dieu, Humanité, Société, loi écrite, loi morale, il est infidèle à son "moi", à son "ego"."
Ce refus orgueilleux de toute transcendance, de toute loi supérieure à la volonté de l'homme (refus partagé par la franc-maçonnerie avec le nazime et le communisme) montre bien l'enjeu réel du débat intellectuel, moral, politique en France et dans "le monde occidental "tout entier. Quel recul depuis Antigone!
Il importe de bien le comprendre si pour lutter contre le désarroi actuel on ne veut que soigner les symptômes au lieu de s'attaquer aux causes.
Pour l'instant la résistance s'exerce encore dans des milieux simples, comme cette femme de ménage dont nous étions parti, ces femmes de ménage dont Molière, qui n'était pourtant pas le prototype du conformiste, faisait ses portes- paroles privilégiés contre le snobisme des snobs de son temps.
Entendons-nous bien, il ne s'agit pas de s'élever contre toute nouveauté en art ( ou en d'autres domaines ), de refuser toute peinture figurative, mais d'apprendre à discerner l'esprit de création, et l'esprit nihiliste de destruction sous prétexte d'art.
Apprenons à réfléchir au fond des problèmes que soulève l'actualité. Apprenons à faire l'effort de penser, intelligemment.
Sinon, allons nous coucher.
Edouard Boulogne.
( I ) Bienheureuse femme de ménage. ( II ) Jeune fille au chapeau rouge, de Jan Vermer. XVII ème siècle. Art classique. ( III ) Intitulé Fontaine, cet urinoir renversé est considéré comme un symbole de 'art contemporain! ( IV ) Merda d'artista, de Piero Manzoni. Autre "chef d'oeuvre d'AC . ( V ) Auto portrait à l'oeil blessé, de Francis Bacon. Peint en 1972, ce tableau montre qu'on peut aujourd'hui peindre sans étre de l'école d'AC. Les couleurs les lignes décrivant la souffrance morale et les infirmités, suggère en même temps la capacité à vaincre par une démarche toute intérieure de concentration .